Après l’impuissance de Hulot au pouvoir, EELV veut se replacer au centre de l’écologie
A la veille de "marches pour le climat" partout en France, les dirigeants d'EELV veulent profiter d'une rentrée qui a consacré l...

Après l’impuissance de Hulot au pouvoir, EELV veut se replacer au centre de l’écologie

A la veille de "marches pour le climat" partout en France, les dirigeants d'EELV veulent profiter d'une rentrée qui a consacré l...
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Par Baptiste BECQUART

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A la veille de "marches pour le climat" partout en France, les dirigeants d'EELV veulent profiter d'une rentrée qui a consacré l'impuissance de Nicolas Hulot au gouvernement pour remettre leur parti, en difficulté depuis plusieurs années, au centre de l'écologie politique.

Yannick Jadot, tête de liste d'EELV aux élections européennes de mai 2019, s'en dit convaincu auprès de l'AFP, "le seul mouvement politique qui a une totale lucidité sur l'écologie, c'est le nôtre".

D'abord parce que l'ADN du parti demeure dans le collectif et que c'est là, selon lui, où a pêché Nicolas Hulot, qu'il dit respecter: "Il a fonctionné de façon isolée. Quand vous êtes la principale prise de guerre, et numéro 3 du gouvernement, il y avait possibilité de construire des rapports de force plus favorables."

Son remplacement par François de Rugy, un écologiste "réformiste", apporte de l'eau au moulin d'EELV.

La séquence "clarifie les choses, car l'illusion (de Nicolas Hulot au gouvernement) nous portait préjudice", veut croire Julien Bayou, l'un des porte-paroles. Cela rappelle que "sans rapport de force l'écologie ne peut rien, et n'est qu'un sparadrap".

Pour EELV qui reste sur l'échec de l'effacement au profit de Benoît Hamon à la présidentielle, les signes d'encouragement sont là: 7,5% d'intentions de vote, en hausse de 1,5%, pour les élections européennes de mai 2019 selon un sondage Ifop mercredi. Certes en 5e position, mais devant le PS (6%) et Générations de Benoît Hamon (3%).

"Tous les partis sont en difficulté, mais EELV peut constituer une sorte d'exception", analyse le directeur général adjoint de l'Ifop, Frédéric Dabi. "Parce qu'il y a ce scrutin des Européennes qui leur va bien, les thématiques environnementales ont le vent en poupe, et les Français font désormais la part des choses entre l'écologie de la quotidienneté et la +méta-écologie+, ce qui se passe dans le monde" et qu'EELV prend à bras-le-corps.

- "Incarnation" -

EELV veut convaincre les déçus d'Emmanuel Macron et devenir un groupe pivot au Parlement européen pour donner de la crédibilité à la formation.

Car elle en manque: l'histoire des Verts puis d'EELV, qui s'abreuve à des sources militantes diverses et parfois divergentes (nucléaire, féminisme, environnement, cause animale...), est faite de continuelles alliances, motions et revirements, qui ont pu lasser les électeurs.

Ses dirigeants entendent changer, pour de bon. "Comment articuler notre culture libertaire du débat à la nécessité de prendre le pouvoir?", s'interroge Julien Bayou.

"Avant l'objectif de l'écologie était prédictif, de dire +Si nous ne réagissons pas, l'humanité va s'effondrer+", analyse David Cormand, secrétaire national. "On était un contre-pouvoir. Mais aujourd'hui l'effondrement n'est plus à venir, l’extinction massive de la vie sur Terre, le changement climatique, les inégalités croissantes, le chaos géopolitique, on est dedans! Nous avons donc la responsabilité d'apporter des solutions au désordre du monde."

A ce titre, les écologistes sont pressés d'annoncer officiellement la présence dans les premières places de leur liste de Damien Carême, le maire de Grande-Synthe (Nord). Celui-ci est reconnu pour son accueil des migrants, mais aussi pour des mesures d'écologie locale comme le bio intégral à la cantine.

Un premier pas vers l'incarnation de l'écologie, éternel problème d'EELV ? "Il y a peut-être pour eux un espace à trouver entre La France insoumise, dont la violence verbale peut rebuter, et le PS. Mais Yannick Jadot est encore peu connu des Français", note Frédéric Dabi de l'Ifop.

Souci que n'a pas LFI, avec un Jean-Luc Mélenchon bien identifié des électeurs, qui en proposant la "planification écologique" depuis de nombreuses années veut s'inscrire comme le principal concurrent sur le thème environnemental.

Un cadre du parti s'amuserait presque du dilemme: comment régler la "difficulté de l'incarnation quand par le passé on l'a théorisée?"

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