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Invitée de la matinale de Public Sénat, Sophie Primas a annoncé que le débat sur l’identité nationale, voulu par François Bayrou, sera lancé « début avril ».
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Par Stéphanie LEROUGE
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Certains parlent de "clarification", d'autres "d'explosion": la perspective d'une scission du PS, souvent annoncée, a en tout cas pris de l'épaisseur mercredi avec la décision de Manuel Valls de soutenir Emmanuel Macron.
"Que Manuel Valls ne respecte pas les engagements pris devant des millions de Français pendant la primaire à gauche, je l'avais déjà intégré. Mais en annonçant qu'il votera Macron, il donne le signe qu'il n'y a plus de Parti socialiste", a déploré auprès du Monde le député des Bouches-du-Rhône Patrick Mennucci.
Du côté du Parti de gauche, on se réjouit par avance de la dislocation en cours. "Le ralliement de Valls à Macron, c'est l'explosion du PS. Une situation nouvelle s'ouvre", a twitté le porte-parole de Jean-Luc Mélenchon Alexis Corbière. Tandis que le secrétaire national d'Europe Ecologie-Les Verts David Cormand a salué une "clarification".
La mort du parti créé en 1971 a déjà été annoncée à plusieurs reprises, notamment après le congrès de Reims en 2008, marqué par des accusations de fraudes entre les camps de Ségolène Royal et Martine Aubry.
L'ancien Premier ministre devrait entraîner d'autres socialistes dans son sillage. Dans la foulée de M. Valls, le député Gilles Savary a lui aussi annoncé qu'il "voterai(t) Emmanuel Macron", levant un secret de polichinelle. Le député Dominique Lefebvre, vice-président de la commission des Finances et président de l'agglomération de Cergy-Pontoise, devrait officialiser son ralliement à M. Macron vendredi, selon son entourage.
Ces élus vont-ils sauter le pas et rejoindre En marche! ? Emmanuel Macron s'active en tout cas en coulisses pour les y inciter, selon un député "macroniste". "Il voit pas mal de députés du groupe des Réformateurs (l'aile droite du PS, NDLR), et d'autres. Il leur dit: +je suis prêt à vous labelliser à condition que vous fassiez le choix+", affirme cette source, qui rappelle que M. Macron a réaffirmé mardi qu'il ne souhaitait pas d'accord d'appareil en vue des législatives.
- "Fragmentation française" -
Le député "Réformateur" François Loncle ne l'entend pas de cette oreille. "On peut rester au PS et voter Macron", explique à l'AFP le député, qui a appelé il y a une semaine à voter pour l'ancien ministre de l'Economie. "Je reste au PS tant qu'on m'y laisse. Je pense qu'ils n'auront pas l'imprudence de nous exclure (...) Manuel Valls va rester au parti", poursuit-il.
De fait, pour l'heure, le premier secrétaire Jean-Christophe Cambadélis ne semble guère décidé à hausser le ton. Dans un communiqué, mercredi, il s'est dit "triste" de la position de Manuel Valls, qu'il "combat", tout en appelant les socialistes "au calme". "Devant la fragmentation française, source d’une crise sans précédent de la Ve République, nous restons socialistes", a-t-il écrit, semblant dire par là que Manuel Valls appartient toujours à la famille socialiste.
En l'absence d'exclusion des "macronistes" du parti, ce sont donc deux lignes qui semblent devoir coexister au sein du PS, jusqu'à la clarification inévitable des législatives et du congrès du parti.
M. Loncle prévoit ainsi de se présenter sous l'étiquette "majorité présidentielle", sans préciser s'il sera rattaché au PS ou à En Marche!. "On verra comment se constituent les groupes (...) Nous allons faire la Maison des progressistes, on verra si c'est à l'intérieur du PS ou pas", explique-t-il.
Manuel Valls "joue la mort du PS pour prendre la tête d'une formation politique nouvelle", croit savoir un député engagé auprès de Benoît Hamon, qui souhaite l'organisation dès le mois de septembre d'un Congrès pour clarifier la situation.
Dans l'entourage du candidat socialiste, certains attendent désormais du premier secrétaire du PS une réaction. Sur LCI, sa porte-parole Laura Slimani a estimé que Manuel Valls devait être exclu du PS. Un des ses proches, Mehdi Ouraoui, a posté sur Twitter "l'article des statuts du PS qui permet d'exclure Manuel Valls dès le prochain bureau national".
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