« J'ai acquis la conviction que la refondation de la droite ne pourra pas se faire à l'intérieur, et qu'elle doit se faire à l'extérieur du parti » (…) « Le parti est cadenassé de l'intérieur, dans son organisation mais aussi dans ses idées ». Au 20H de France 2, mercredi soir, la présidente de la région Ile-de-France a annoncé son départ des Républicains. Quelques minutes plusieurs de ses proches, Florence Portelli, Maël de Calan ou encore le député Robin Reda annoncent faire de même sur Twitter.
Si la présidente de « Libres ! » n’a jamais caché ses différences de vue avec Laurent Wauquiez et l’état-major de LR, c’est le timing de sa décision qui interroge. 24 heures après sa participation à la première réunion « de reconstruction » de la droite et du centre, initié par le président du Sénat, Gérard Larcher. « Les sénateurs sont furieux. Ils considèrent que c’est un coup de poignard donné à l’initiative de Gérard Larcher » explique un connaisseur du groupe LR du Sénat.
À la Haute assemblée justement, l’annonce de ce départ inattendu conjuguée à la tenue d’une réunion en urgence du groupe parlementaire à 14H fait bruisser toute sorte de rumeurs. « L’équipe de Pécresse veut créer un nouveau groupe à l’Assemblée nationale et au Sénat » croit savoir une sénatrice. Officiellement pourtant, la réunion devrait porter sur le discours de politique générale qu’Édouard Philippe donnera à l’Assemblée nationale et François de Rugy au Sénat, la semaine prochaine. Gérard Larcher devrait également faire le compte rendu de la réunion organisée entre les hiérarques de la droite et du centre mardi soir dernier. Le cas de Valérie Pécresse sera évidemment évoqué. « J’imagine que Gérard Larcher veut resserrer les boulons » note Jean-Pierre Grand, sénateur de l’Hérault.
Pas de « putsch » en vue au sein du groupe LR
« Ils imaginent peut-être aussi que les sénateurs proches de Valérie veulent organiser un putsch. Cette réunion va avoir pour but de rassurer tout le monde et de resserrer les rangs. Pour ma part, j’ai toujours fait la différence entre le parti qui s’est radicalisé et le Sénat où je suis à 200% derrière Gérard Larcher » commente la sénatrice de l’Essonne, porte-parole de Valérie Pécresse, Laure Darcos qui réfute toute velléité de scission au sein du groupe LR du Sénat. Laure Darcos indique avoir appris la décision de Valérie Pécresse à 18H, mercredi. Selon une source, Valérie Pécresse aurait pris le petit-déjeuner, mercredi, avec plusieurs sénateurs LR sans les informer de sa décision. « Dans la matinée rien n’avait été décidé » confirme Laure Darcos. La raison de ce départ ? « Je subodore qu’elle était opposée au calendrier qui a été décidé. On parle d’une élection pour succéder à Laurent Wauquiez en octobre alors que le cycle des conventions nationales organisées par Gérard Larcher ne sera pas terminé. Valérie a toujours voulu mettre les idées avant les personnalités.
« On ne quitte pas le navire alors qu’on est en pleine reconstruction »
« Mais rien n’est tranché. C’est au bureau politique de décider du calendrier et pour le moment, il est partagé entre les tenants d’une élection avant les municipales et d’autres qui le souhaiteraient après » répond Marc-Philippe Daubresse. Le sénateur LR du Nord concède ne pas comprendre la décision de Valérie Pécresse. « Elle dit que le parti est cadenassé mais Laurent Wauquiez n’est plus là. En période de crise, on ne quitte pas le navire alors qu’on est en pleine reconstruction » regrette-il. Dans la matinée, un communiqué du parti a confirmé la date de l'élection du président de LR, les 13 et 19 octobre prochains.
Pour Michel Raison, Valérie Pécresse se prend pour « un petit général de Gaulle »
Pour Michel Raison, Valérie Pécresse se prend pour "un petit général de Gaulle"
« Avec tout le respect que j’ai pour Valérie Pécresse, je pense que c’est très prétentieux de se prendre pour un petit général de Gaulle en disant : moi, je sors de tout et je vais reconstruire une droite. Je n’y crois pas un instant. Elle n’y arrivera pas. Elle n’a pas la prestance pour reconstruire, à elle toute seule, une droite » lâche, de son côté, le sénateur LR de Haute-Saône, Michel Raison.
« Quand j’écoute le Premier ministre, je vois un compagnon »
« Le problème c’est que le nouveau président ou la nouvelle présidente sera élu par les adhérents du parti. Donc le noyau dur. C’est le serpent qui se mord la queue » analyse Jean-Pierre Grand, sénateur de l’Hérault qui s’interroge lui-même sur un possible départ du parti. « J’ai adhéré au RPR en 1969, c’est peut-être la fin d’un cycle. Nous n’avons plus de place entre le pôle présidentiel et le pôle des populistes. Quand, je suis aux questions au gouvernement et que j’écoute le Premier ministre ou le ministre de l’Économie, je vois des compagnons et j’ai l’impression qu’on a gagné l’élection présidentielle » rapporte-il avant de conclure : « Dans ma circonscription, je suis contacté par des maires LR qui veulent partir du parti et qui me demandent conseil. Que voulez-vous que je leur dise ? Comme dirait ma grand-mère, on ne fait pas boire un âne qui n’a pas soif ».