Après le grand débat, Macron « plante le décor » des Européennes
Le grand débat national n'est pas encore terminé qu'Emmanuel Macron se lance dans celui des élections européennes, ce qui lui permet de garder l...
Par Jérôme RIVET
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Le grand débat national n'est pas encore terminé qu'Emmanuel Macron se lance dans celui des élections européennes, ce qui lui permet de garder l'initiative face à des oppositions peinant à donner de l'élan à la campagne.
"Emmanuel Macron aurait fait une excellente tête de liste mais, comme vous le savez, il n'est pas disponible": par une boutade, Richard Ferrand, le président LREM de l'Assemblée nationale, a résumé mardi sur Europe 1 l'état d'esprit de la majorité.
La République en Marche et ses alliés n'ont certes pas encore désigné la personnalité qui conduira la liste, mais la publication de la tribune "aux citoyens européens" marque le début de leur offensive pour le scrutin du 26 mai. Ministres et députés se sont ainsi démultipliés mardi dans les médias pour en promouvoir le message.
La campagne est "lancée avec ce texte", "il fallait que le président de la République ait un message clair, un message fort", la France étant "un des leaders de l'UE", juge Hervé Berville, le porte-parole des députés LREM.
Sébastien Chenu à Paris le 23 juillet 2018
AFP/Archives
Mais pour Sébastien Chenu, député du Rassemblement national, "Emmanuel Macron montre, avec cette tribune qu'il est lui-même candidat LREM aux européennes. Tout autre candidat sera donc un supplétif". (Lire les réactions politiques à la Tribune de Macron).
Avec ce texte publié dans la presse, Emmanuel Macron duplique la méthode qu'il avait choisie pour le grand débat national censé répondre à la crise des "gilets jaunes", lancé le 15 janvier par une longue "lettre aux Français".
Son objectif est de donner une "impulsion" et de "planter le décor", explique l’Élysée. Et ainsi de cadrer le débat autour de ses propositions, comme il l'avait fait en posant 34 questions aux Français avant le grand débat.
Emmanuel Macron a ainsi retrouvé sa place au centre du jeu politique après plusieurs mois durant lesquels il avait paru subir les évènements, de l'affaire Benalla à la crise des "gilets jaunes" en passant par la démission de ministres de premier plan.
- Raffarin s'engage -
Pour bien mettre sur les rails l'acte II de son quinquennat, il s'est fixé deux objectifs pour ce printemps: réussir la sortie du grand débat et gagner les Européennes.
Emmanuel Macron lors du débat à Étang-sur-Arroux en Saône-et-Loire, le 7 février 2019
AFP/Archives
Pour le premier, il va continuer à sillonner la France jusqu'à la mi-mars avant d'annoncer des mesures "fortes" en avril. Son 10e rendez-vous est fixé jeudi en Provence-Alpes-Côte d'Azur où il débattra, notamment d'environnement, avec 400 élus et jeunes rassemblés à Gréoux-les-Bains, une station thermale des Alpes de Haute-Provence.
Ce grand débat a permis à Emmanuel Macron de remonter dans les sondages, mais cette embellie reste fragile car deux Français sur trois (65%) estiment qu'il "ne semble toujours pas comprendre la gravité de la crise politique et sociale", selon un sondage Viavoice diffusé lundi.
Les sondages sont aussi plutôt encourageants pour les Européennes, LREM arrivant en tête ou au coude-au-coude avec le RN dans les intentions de vote.
La liste du parti majoritaire, qui devrait être connue fin mars, ambitionne de rassembler le camp europhile, en s'élargissant au Modem ou au mouvement Agir, qui regroupe des anciens LR ayant rejoint la majorité.
Jean-Pierre Raffarin en mai 2017
POOL/AFP/Archives
La démarche d'Emmanuel Macron a reçu un ralliement de poids, celui de Jean-Pierre Raffarin, ancien Premier ministre de Jacques Chirac entre 2002 et 2005. Il a déclaré lundi au Figaro soutenir "sans aucune hésitation" le "projet européen" du chef de l'Etat, qui "est le plus abouti".
François-Xavier Bellamy, la tête de liste LR, a acté mardi cette décision, y voyant une "clarification nécessaire" et invitant M. Raffarin à "aller au bout de sa démarche" en rejoignant LREM.
L'eurodéputé LR Geoffroy Didier a par ailleurs dénoncé la "très grande banalité" de la tribune d'Emmanuel Macron, dans laquelle "les postures sont fortes mais la pratique est faible".
Manon Aubry, tête de liste LFI aux élections européennes, en meeting à Saint-Juliens-les-Villas le 28 février 2019
AFP
"Le projet européen d'Emmanuel Macron est pavé de bonnes intentions, en contradiction avec son action", a également jugé Olivier Faure, le patron du PS.
La tête de liste de la France insoumise, Manon Aubry, y a vu pour sa part la preuve que le chef de l’État restait "le garant dévoué d’une Union européenne libérale".
Le président du groupe Les Républicains à l’Assemblée nationale a annoncé sa candidature pour la tête du parti, ce 13 février. L’officialisation intervient dès le lendemain de celle de son rival Bruno Retailleau.
Les responsables du parti de droite se sont réunis ce jeudi matin. Ils ont décidé que les adhérents LR éliront leur nouveau président d’ici trois mois, alors que Bruno Retailleau défendait un calendrier plus serré, sur fond de guerre de chefs avec Laurent Wauquiez.
Invitée de la matinale de Public Sénat, la porte-parole du gouvernement Sophie Primas se déclare en faveur de la candidature du ministre de l’Intérieur à la présidence du parti Les Républicains. Bruno Retailleau « veut porter une espérance pour la droite », et aujourd’hui au gouvernement, il en a « la légitimité », estime-t-elle.
Le ministre de l’Intérieur est officiellement candidat à la présidence des LR. Il peut compter sur « une très large adhésion majoritaire du groupe LR », selon le sénateur Marc-Philippe Daubresse. Mais les soutiens de Laurent Wauquiez, comme le sénateur Laurent Duplomb, l’accusent de relancer une « dramatique guerre des chefs ». L’enjeu pour Bruno Retailleau est maintenant d’obtenir un congrès au plus vite, car « les sondages, ça va, ça vient »…