Après Manchester, Macron veut prolonger l’état d’urgence
Après l'attentat de Manchester, le président Emmanuel Macron a annoncé mercredi vouloir prolonger jusqu'au 1er novembre l'état d'urgence...

Après Manchester, Macron veut prolonger l’état d’urgence

Après l'attentat de Manchester, le président Emmanuel Macron a annoncé mercredi vouloir prolonger jusqu'au 1er novembre l'état d'urgence...
Public Sénat

Par Katell PRIGENT

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Après l'attentat de Manchester, le président Emmanuel Macron a annoncé mercredi vouloir prolonger jusqu'au 1er novembre l'état d'urgence instauré depuis les attentats de novembre 2015, et souhaite une nouvelle loi contre "la menace terroriste", qui n'a jamais été aussi élevée.

Lors d'une réunion du Conseil de défense, la deuxième depuis son élection, Emmanuel Macron a annoncé qu'il demanderait au Parlement de prolonger l'état d'urgence qui devait arriver à échéance le 15 juillet, jusqu'au 1er novembre. L'état d'urgence, décrété fin 2015 après les attaques jihadistes du Bataclan et du Stade de France, les plus meurtrières jamais commises sur le sol français (130 morts), a déjà été prolongé à cinq reprises. Si la mesure est votée et va à son terme, la France aura connu 23 mois d'état d'urgence ininterrompu, un record.

L'annonce intervient deux jours après un attentat à Manchester, en Grande-Bretagne, qui a fait 22 morts dont des enfants, à la sortie d'un concert. L'attaque a été revendiquée par le groupe État islamique.

Le chef de l'Etat a également demandé au gouvernement de "proposer des mesures de renforcement de la sécurité face à la menace terroriste hors état d'urgence afin qu’un texte législatif soit préparé dans les prochaines semaines", selon un communiqué de l'Elysée.

Un peu plus tard à l'issue du Conseil des ministres, le Premier ministre Edouard Philippe a lié la sortie de l'état d'urgence à l'adoption de ce nouveau texte antiterroriste, qui comprendra des mesures se rapportant aux spectacles et aux stades sportifs après l'attentat de Manchester.

Le président Emmanuel Macron (c), le secrétaire général de l'Elysée Alexis Kohler (g) et l'amiral Bernard Rogel lors d'un Conseil de Défense, le 24 mai 2017 à l'Elysée, à Paris
Le président Emmanuel Macron (c), le secrétaire général de l'Elysée Alexis Kohler (g) et l'amiral Bernard Rogel lors d'un Conseil de Défense, le 24 mai 2017 à l'Elysée, à Paris
POOL/AFP

"Cette prorogation (de l'Etat d'urgence) sera limitée au temps nécessaire à l'examen d'un projet de loi qui inscrira dans le droit commun les dernières mesures de renforcement de l'arsenal existant, notamment pour assurer de manière durable, par des mesures administratives appropriées, la sécurisation des grands évènements culturels, récréatifs ou sportifs", a affirmé M. Philippe.

L'état d'urgence permet notamment aux forces de l'ordre d'effectuer des perquisitions administratives, l'assignation à résidence de personnes "dont l'activité est dangereuse pour la sécurité et l'ordre publics", l'interdiction de réunions de toute nature, la fermeture provisoire de salles de spectacle ou de réunion. En mars on comptait encore une soixantaine de personnes assignées à résidence.

- Nouvelle loi antiterroriste -

Depuis les attentats de janvier 2015, plusieurs lois contre le terrorisme ont été votées. La dernière, en juin 2016, renforce notamment les dispositifs de fouille des bagages, de retenues de personnes suspectes le temps d'un contrôle, de contrôle de jihadiste rentrant en France, et elle élargit le droit d'usage des armes des forces de l'ordre. Elle augmente les moyens de surveillance, renforce la protection des témoins et permet d'allonger la période de sûreté des condamnés.

L'incrimination de la consultation habituelle de sites internet jihadistes, a été jugée contraire à la liberté de communication par le Conseil constitutionnel.

Emmanuel Macron a également "donné des instructions pour la mise en place du centre de coordination des services engagés dans la lutte contre le terrorisme, dont l'organisation sera arrêtée, sous son autorité, par le Conseil de défense et de sécurité d'ici au 7 juin", selon le communiqué de la présidence.

Lors de la campagne présidentielle, Emmanuel Macron a régulièrement mis en avant la création d'une état-major permanent des opérations de sécurité intérieure, de renseignement et de lutte contre le terrorisme ainsi que d'une "task force anti-Daesh". "Ce n'est pas une force spéciale, c'est une coordination qui permet d'agir mieux sur le terrain", avait indiqué mercredi matin le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb sur BFMTV.

"Le président de la République veut être informé en temps réel donc pouvoir avoir communication toutes les semaines de l'état du danger, de l'organisation des services de manière à ce qu'il n'y ait pas de bug comme on a pu en avoir par le passé mais en même temps chaque ministre est responsable", a-t-il ajouté.

L'ancien Premier ministre Manuel Valls a jugé que la "task force" allait "dans le bon sens". "Tout ce qui renforce la centralité, la coordination des services de renseignement intérieurs et extérieurs, va évidemment dans le bon sens", a-t-il dit.

Partager cet article

Dans la même thématique

Après Manchester, Macron veut prolonger l’état d’urgence
3min

Politique

Airbnb permet « payer les études de mes enfants », se défend cette propriétaire de Cagnes-sur-Mer

La France fait la part belle à Airbnb. La plateforme d’hébergement est désormais présente dans 80% des communes de l’hexagone. Une inflation des locations de courte durée qui a un impact direct sur la crise du logement. Dans certaines villes, le marché est saturé et le prix des loyers n’a jamais été aussi élevé. Mais pour certains propriétaires qui mettent leur bien en location, c’est aussi un revenu d’appoint utile pour entretenir leur patrimoine comme en témoigne Elodie Fakhfakh, face à trois sénatrices dans l’émission Dialogue Citoyen, présentée par Quentin Calmet.

Le

Documentaire Churchill chef de guerre de Peter Bardelhe
3min

Politique

Et si Winston Churchill était le grand perdant de la victoire des alliés en 1945 ?

L’Histoire a retenu de Winston Churchill un héros triomphant au balcon de Buckingham Palace après la capitulation des nazis. Mais proclamer le signe de la victoire avec la main ne suffit pas, encore faut-il en récupérer les bénéfices. A l’issue de la Seconde Guerre mondiale, la Grande-Bretagne a vu son influence dégringoler. Malgré les efforts du Vieux lion, les deux superpuissances, américaine et soviétique, ont imposé un agenda politique au détriment des intérêts britanniques. Le réalisateur Peter Bardelhe a fait le pari d’expliquer cette partie de poker diplomatique entre les vainqueurs de 1945 dans un documentaire Churchill, chef de guerre diffusé sur Public Sénat.

Le

Paris: Gerard Larcher elu President du Senat
3min

Politique

Échec de la CMP sur le budget : Gérard Larcher dénonce le « manque de considération » de Sébastien Lecornu à l’égard du Sénat

Le gouvernement et la majorité sénatoriale se renvoient la responsabilité de l’échec de la commission mixte paritaire (CMP) sur le projet de loi de finances 2026. Gérard Larcher répond à Sébastien Lecornu en défendant la position du Sénat pendant l’examen du budget et en dénonçant « le manque de considération » et « les mots excessifs » du Premier ministre.

Le