Après son affront à Macron, Cédric Villani écarté de La République en marche

Après son affront à Macron, Cédric Villani écarté de La République en marche

Cédric Villani n'est plus membre de La République en marche: trois jours après avoir maintenu sa candidature à la mairie de Paris et opposé une...
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Par Paul AUBRIAT

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Cédric Villani n'est plus membre de La République en marche: trois jours après avoir maintenu sa candidature à la mairie de Paris et opposé une fin de non-recevoir à Emmanuel Macron, le mathématicien a été, sans surprise, exclu par le mouvement présidentiel.

La République en marche "prend acte que Cédric Villani n'est plus membre" du parti, en a décidé son bureau exécutif mercredi soir, en prenant soin de ne pas employer le mot "exclusion", tant les Marcheurs estiment que c'est le député de l'Essonne qui s'est lui-même séparé de LREM.

En cause, "les propos sans ambiguïté" du mathématicien, qui avait expliqué dimanche soir qu'"entre l'appartenance à un appareil politique et l'engagement pour la ville qui m'a fait, je choisis de rester fidèle aux Parisiennes et aux Parisiens en maintenant ma candidature librement".

Le bureau en a "tiré les conséquences" tout en "regrettant la situation", selon le communiqué du parti, alors que selon plusieurs sources, la décision a été prise "sans débats houleux".

"Le mouvement a tendu la main à Cédric Villani jusqu'au bout et continuera à œuvrer au rassemblement de tous ses adhérents et adhérentes", a encore indiqué La République en marche.

L'un des porte-parole de Cédric Villani, Ryan Nezzar, a dans la foulée publié sur Twitter le message "Libre.".

L'épisode met au clair une situation devenue intenable pour LREM, qui avait investi Benjamin Griveaux à la mairie de Paris dès juillet, mais qui devait faire face à la candidature dissidente du mathématicien, réputé populaire dans de nombreux rangs de la majorité.

Le parti s'était jusqu'alors refusé à prendre quelque sanction à l'endroit du médaillé Fields, alors qu'Emmanuel Macron s'était gardé de tout soutien public pour l'un ou l'autre candidat.

- Toboggan -

Benjamin Griveaux (LREM) (c), candidat aux municipales, lors d'un meeting, le 27 janvier 2020 à Paris
Benjamin Griveaux (LREM) (c), candidat aux municipales, lors d'un meeting, le 27 janvier 2020 à Paris
AFP

Mais, à l'aune de mauvais sondages pour le candidat officiel, devancé par la sortante PS Anne Hidalgo et Rachida Dati (LR), plusieurs pontes de LREM et proches du chef de l'État avaient pressé ce dernier d'intervenir.

Cédric Villani avait ainsi été reçu dimanche par le président de la République, qui lui avait alors demandé de se rapprocher de Benjamin Griveaux.

Las: le député de l'Essonne y avait opposé une fin de non-recevoir, en faisant état d'une "divergence majeure" avec le chef de l'État.

"Les propos sont clairs", avait réagi dès le lendemain le patron du parti, Stanislas Guerini, alors que plusieurs macronistes ont considéré que M. Villani avait "franchi la ligne rouge" en "faisant un bras d'honneur" à Emmanuel Macron.

Depuis, Benjamin Griveaux a indiqué à l'AFP avoir appelé lundi Cédric Villani, mais celui-ci "n'a pas décroché". Le directeur de campagne du mathématicien, Baptiste Fournier, a confirmé: "Après avoir écouté à la radio de la part de Stanislas Guerini les motifs de son exclusion, ça ne paraissait pas nécessaire".

Pour les Marcheurs, le député de l'Essonne est désormais "isolé". "Il a commis une grave erreur", juge un responsable de LREM, "parce qu'il a dit merde à Macron: or, chez nous, s'il y a bien une chose qui tient, c'est la fidélité au président".

Alors que certains députés de la majorité voyaient dans le mathématicien un chef de file potentiel pour incarner une aile gauche du mouvement, "maintenant, pour eux, ça ne va plus être possible de le suivre", estime le même.

Les plus optimistes espèrent que la décision du bureau exécutif va permettre de décanter la situation parisienne, alors que MM. Griveaux et Villani se tiennent jusqu'alors en respect dans les intentions de vote. "Pour Villani, maintenant, ça va être le toboggan", prophétise un responsable de la majorité. Et qui espère, en parallèle, un rebond de la courbe du candidat officiel.

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