Combatif face à la droite, mutique sur la primaire de la gauche, hyper-actif sur la scène internationale, avocat de son propre bilan: François...
Après son renoncement, Hollande relève petit à petit la tête
Combatif face à la droite, mutique sur la primaire de la gauche, hyper-actif sur la scène internationale, avocat de son propre bilan: François...
Par Hervé ASQUIN
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Combatif face à la droite, mutique sur la primaire de la gauche, hyper-actif sur la scène internationale, avocat de son propre bilan: François Hollande esquisse jour après jour la physionomie des cinq derniers mois de sa présidence.
Le chef de l'Etat, visiblement groggy après le choc de son renoncement à un second mandat -décision inédite sous la Ve République-, relève petit à petit la tête.
"C'est un homme politique, une fois la décision prise et digérée, il continue", observe l'un de ses proches.
A Bruxelles jeudi pour un sommet européen, François Hollande a occupé ostensiblement le devant de la scène, décochant ses coups contre la Russie de Vladimir Poutine et croisant le fer à distance avec François Fillon.
Accusé d'avoir voulu "écraser" l'opposition syrienne modérée, Moscou s'est vue sommé de ne pas opposer son veto à une "résolution humanitaire" soumise ce week-end par la France au vote du Conseil de sécurité des Nations Unis. "Je n'imagine même pas qu'il soit possible de le faire", a-t-il tempêté.
François Hollande a rendu aussi coup pour coup au candidat de la droite à l'élection présidentielle qui venait d'appeler l'Union européenne à réunir autour du tapis vert tous les protagonistes de la crise syrienne, "y compris ceux qui commettent des crimes".
"Ce n'est pas un manque de dialogue qui est responsable de la situation, le fait qu'on aurait voulu écarter une partie prenante", la Russie, a-t-il répliqué, "non, il ne suffit pas de parler à Vladimir Poutine".
Selon les proches du chef de l'Etat, ces coups de griffe présidentiels dessinent, sinon une stratégie, du moins une ligne de conduite pour les cinq mois à venir.
François Hollande et le président du Parlement européen, Martin Schulz (G), le 15 décembre 2016, lors d'un conseil européen à Bruxelles
AFP/Archives
Elle s'articulerait autour de "points cardinaux". Le premier est une "consigne" passée à l'ensemble de ses collaborateurs de l'Elysée: "on ne s'engage derrière personne" pour la primaire de la gauche. "Le président n'a pas renoncé à se représenter pour retomber dans un combat politique qui s'apparente à un congrès du PS", tranche l'un de ses proches.
Sur la droite et l'extrême droite en revanche, François Hollande, explique un autre, "interviendra dans le débat quand il considèrera que les lignes rouges sont franchies".
- Volonté farouche d'exister -
Et pour le reste, il assurera "la défense du bilan" et tentera de cerner les principaux "enjeux" des années à venir même si cette dernière dimension est devenue secondaire depuis son renoncement.
Signe d'une volonté farouche d'exister envers et contre tout, le chef de l'Etat avait saisi la toute première occasion, une visite au Emirats arabes unis le 3 décembre, pour s'ériger en protecteur des "plus fragiles", garant de la sécurité de ses compatriotes et gardien du modèle social français.
Dans sa ligne de mire déjà : François Fillon et sa promesse de supprimer 500.000 emplois publics s'il est élu.
Par la suite cependant, le président avait multiplié les déplacements boudés par la presse, inaugurant ici une bretelle d'autoroute, là un salon de "l'industrie du futur" ou discourant devant un obscur "Sommet pour un gouvernement ouvert", au risque de devenir inaudible.
Comme attendu, son renoncement s'est cependant traduit par un regain de popularité. Le baromètre Ipsos lui accordait mercredi 21% de bonnes opinions (+5 points). Sa cote de popularité a même fait un bon de 14 points, à 35%, selon une enquête Ifop-Fiducial publiée mardi.
"Depuis qu'il n'est plus candidat et qu'il a pris sa décision, il est un peu plus libre mais la question à présent, c'est ce qu'il va faire de sa liberté", observe un proche.
François Hollande, répond un conseiller, entend "faire bouger les lignes sur les crises syriennes et irakiennes et l'Europe" avec un agenda international bien rempli.
Il sera à Bamako pour un sommet Afrique-France à Bamako les 13 et 14 janvier, avant une série de déplacements en Colombie, au Chili, à Lisbonne, Malte, Rome et sans doute encore en Asie dans la deuxième quinzaine de mars, avant que le rideau ne tombe définitivement sur son quinquennat.
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