Après un an de débats, la loi logement passe sa dernière barrière
La loi logement a probablement sa forme définitive. L'accord entre députés et sénateurs, ce mercredi, marque l'aboutissement d'un...

Après un an de débats, la loi logement passe sa dernière barrière

La loi logement a probablement sa forme définitive. L'accord entre députés et sénateurs, ce mercredi, marque l'aboutissement d'un...
Public Sénat

Par Julien DURY

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

La loi logement a probablement sa forme définitive. L'accord entre députés et sénateurs, ce mercredi, marque l'aboutissement d'un an de débats lors desquels le texte, initialement présenté comme un "choc d'offre", a concentré l'attention sur une vaste réforme du logement social.

"Ce succès traduit la volonté conjointe du gouvernement et du parlement de répondre aux attentes des Français pour améliorer leur cadre de vie au quotidien par le logement et le développement des territoires", se sont félicités dans un communiqué commun Jacques Mézard, ministre de la Cohésion des Territoires, et Julien Denormandie son secrétaire d'Etat.

Si l'accord est, selon les termes du député républicain Thibault Bazin, "très loin du consensus revendiqué" par la majorité présidentielle, il donne enfin des certitudes à un secteur immobilier dont nombre d'acteurs s'impatientaient de voir finalisée la loi "Évolution du logement, de l'aménagement et du numérique" (Elan), de son nom complet.

Cela fait un an que le cadre est mouvant. Le président de la République, Emmanuel Macron, avait lancé le sujet fin août 2017 en annonçant un "choc d'offre" sur le logement et le gouvernement a suivi le mois suivant avec un premier exposé de ses intentions.

Objectif réitéré au printemps dernier lors de sa présentation en Conseil des ministres: "construire plus, mieux et moins cher". En ce sens, le texte prend plusieurs mesures, dont certaines ont contribué à séduire les promoteurs - à l'exception notable du géant Nexity qui en a profité pour quitter la fédération de la profession.

Le texte vise à limiter les recours contre les permis de construire et à accélérer les démarches en matière d'urbanisme. Il crée aussi des incitations à la transformation de bureaux en logements.

- Regroupements de HLM -

Certaines de ces mesures de simplification ont créé des polémiques. Les associations de handicapés se sont indignées d'une réduction drastique de la part des logements neufs qui doivent être accessibles: auparavant, ils étaient concernés dans leur ensemble et le gouvernement prévoyait d'abaisser la part à 10%, le reste étant évolutif.

Ce sujet fait partie des désaccords entre députés, dominés par la majorité présidentielle, et sénateurs, chez qui elle est très minoritaire. Après son passage à l'Assemblée en juin, le texte a été beaucoup retouché en juillet à la chambre haute.

Ainsi, le Sénat a remonté à 30% la part des logements accessibles aux handicapés dans le neuf. Sur ce sujet, la commission mixte - repoussée ce mercredi alors qu'elle devait avoir lieu fin juillet - a tranché au milieu: 20%.

Reste qu'entre parlementaires et au-delà, les débats ont largement tourné autour du logement social, dont la loi prévoit une vaste réforme.

Celle-ci s'inscrit parallèlement aux économies que le gouvernement impose au monde HLM via les budgets annuels de l'Etat, le prochain étant attendu dans quelques jours. Il demande aux bailleurs sociaux de réaliser 1,5 milliard d'euros d'économie chaque année d'ici à 2020, en premier lieu via une réduction organisée de leurs loyers.

Pour financer ces économies, le gouvernement compte encourager la vente de logements HLM, même s'il a mis en sourdine son objectif de 40.000 par an contre 8.000 actuellement. La loi prévoit de simplifier le processus.

Elle impose aussi aux organismes de se regrouper au-delà d'un certain seuil, dans l'idée de les rendre plus performants. Là encore, les députés et les sénateurs se sont différenciés. Les premiers l'ont fixé à 10.000, les seconds l'ont relevés à 15.000. Ce sera 12.000.

Les sénateurs ont obtenu moins de concessions sur les obligations des municipalités en matière de construction de logements sociaux. Ils souhaitaient repousser à 2031 l'objectif d'un quart de logements, fixé par la loi dite SRU aux communes les plus importantes, mais à l'issue de la commission, celui-ci est ramené à 2025 comme prévu initialement.

Des concessions "pragmatiques", selon les termes du ministère, sont tout de même faites. Les communes qui sont récemment devenues concernées - après 2015 - auront 15 ans de plus. La loi prévoit aussi d'expérimenter des mutualisations entre communes: l'objectif d'un quart serait au niveau de l'intercommunalité.

Députés et sénateurs se sont aussi accordés pour créer "un dispositif d’occupation temporaire des bâtiments vacants", à titre expérimental pour quatre ans, notamment pour héberger les sans-abris et les plus démunis.

Quelque 200 personnes avaient manifesté dans l'après-midi devant le Sénat, où se tenait la réunion, contre le projet de loi, dénoncé comme un texte "anti-pauvres".

Partager cet article

Dans la même thématique

Après un an de débats, la loi logement passe sa dernière barrière
5min

Politique

Mercosur : le Sénat appelle l'exécutif à saisir la Cour de justice de l’Union européenne

Alors que le traité de libre échange pourrait être ratifié samedi par la présidente de la Commission européenne, la France a réaffirmé ce week-end son rejet du texte en l’état. Après l’Assemblée nationale fin novembre, c’est au tour du Sénat de se prononcer à l’unanimité sur une proposition de résolution visant à demander au gouvernement de saisir la Cour de justice de l’Union européenne pour vérifier la conformité de l’accord.

Le

French President Emmanuel Macron Meets Readers in Marseille to Discuss Democracy and Social Media
5min

Politique

Narcotrafic et plan « Marseille en grand » : ce qu’il faut retenir de la visite d’Emmanuel Macron dans la cité phocéenne

Nouvelle visite du chef de l’Etat dans sa ville de cœur. Après s’être rendu ce matin sur la tombe de Mehdi Kessaci, assassiné par des narcotrafiquants, Emmanuel Macron a annoncé une salve de mesures pour lutter contre le narcotrafic qui gangrène Marseille. Entre une rencontre avec les lecteurs de la Provence, l’inauguration d’un commissariat et la visite du chantier de la gare, Emmanuel Macron a aussi défendu le bilan de son plan « Marseille en grand ».

Le

Déclaration de politique générale et avenir de la Nouvelle Calédonie en séance au Sénat ce 15 octobre
2min

Politique

Budget : qui sont les sénateurs qui participeront à la commission mixte paritaire ?

Outre le président PS et rapporteur général LR de la commission des finances, Claude Raynal et Jean-François Husson, seront présents en CMP les sénateurs LR Christine Lavarde et Stéphane Sautarel, qui suit les collectivités, ainsi que le centriste Michel Canévet et le sénateur Horizons Emmanuel Capus, qui ont défendu plus d’économies durant les débats. Pour le PS, on retrouve le chef de file du groupe, Thierry Cozic.

Le