François Hollande a déploré jeudi que les pays européens, dont la France, aient fait preuve d'"incohérence" face à la situation de l'Aquarius et affichent leur "division", estimant que les migrations posent la question de "l'avenir de l'Europe".
Evoquant en outre sur Europe 1 l'"axe" que les ministres italien, autrichien et allemand sont en train de constituer pour s'attaquer à l'immigration clandestine, il a souligné que ces "nouvelles règles ne sont pas compatibles avec les accords de Schengen et de Dublin", et qu'"il n'y a pas d'initiative à prendre sans que l'Europe elle-même en ait débattu et ait tranché".
Au-delà de l'Aquarius, "c'est l'avenir de l'Europe qui est posé", a-t-il ainsi estimé: "gardons-nous des règles avec un système d'asile européen - ce qui est préconisé par Mme Merkel, et elle a raison - ou revenons-nous à des frontières nationales ?", a-t-il alerté.
Il a par ailleurs salué "l'expression d'une valeur, l'humanité", par l'Espagne qui va accueillir les 629 migrants de l'Aquarius, et estimé que "ce sont les pays européens qui ont montré hélas dans cette affaire incohérence et division, et la France a été dans le lot".
Il a rappelé que lorsqu'un bateau affrété par une ONG humanitaire est proche d'un port, "la première règle c'est que le port doit s'ouvrir". L'Italie, "pays d'accueil", doit aussi "appliquer l'accord de Dublin" qui veut que les demandeurs d'asile doivent être enregistrés dans le pays d'arrivée. Puis, une fois les personnes enregistrées comme demandeurs d'asile, "il doit y avoir une répartition". "Or là, l'Italie n'a pas tort de dire que la répartition ne se fait pas", a-t-il estimé.
Il a reconnu un "retard" de la France dans ses engagements d'accueil dans le cadre de cette répartition, mais a souligné qu'elle enregistrait aujourd'hui 100.000 demandeurs d'asile chaque année, contre "40 à 50.000 avant 2015". Donc "ne laissons pas penser que la France n'a pas fait son devoir".
Pour lui, "l'accueil des demandeurs d'asile, c'est notre devoir". "Il y a trop d'immigration illégale en France", et lorsqu'on raccompagne les personnes, "on le fait dignement et sans stigmatisation, sans laisser penser qu'on est submergé", a-t-il plaidé.