Le secrétaire d'État auprès du ministre de l'Europe et des Affaires étrangères Jean-Baptiste Lemoyne a défendu mardi l'action de la France qui, selon lui, "agit" et n'est "pas inerte" sur la question migratoire.
"La France prend plus que sa part, au sens où elle est engagée sur le théâtre libyen pour stabiliser la situation, au sens où nous sommes engagés pour accueillir sur trois ans 10.000 personnes éligibles au droit d'asile (…) pour leur éviter cette traversée de la mort", a souligné M. Lemoyne sur Sud Radio.
Il était interrogé sur la situation du navire Aquarius affrété par une ONG et bloqué en Méditerranée avec 629 migrants à bord, et notamment sur la proposition faite mardi matin par les dirigeants nationalistes corses de les accueillir dans un port de l'île.
"Oui enfin, il (le président de l'exécutif corse Gilles Simeoni, ndlr) prend une position, n'étant pas aux responsabilités, qui est facile", a affirmé M. Lemoyne, alors que le gouvernement était resté muet sur le sujet jusque-là. "Que dit le droit international ? Il faut aller vers le port le plus sûr et le plus proche. Et on voit bien que la Corse n'est pas le port le plus sûr et le plus proche. Vu la situation du bateau, c'est entre l'Italie et Malte", a développé le secrétaire d'Etat.
Selon lui, "dans le cas précis de l'Aquarius, il y a une proposition qui a été faite par l'Espagne, elle est en cours d’expertise d'un point de vue météorologique et de la capacité du bateau à se rendre dans le port de Valence, donc affaire à suivre", a-t-il ajouté. Peu après ces propos, les autorités italiennes ont dévoilé un nouveau plan et annoncé que le navire allait finalement rejoindre l'Espagne à l'aide de deux bateaux italiens.
"Là tout le monde réagit à chaud, c'est le concours Lépine (...) il y a une situation naturellement qui interpelle, mais il faut des réponses rationnelles", a-t-il affirmé, insistant sur le "besoin urgent de mettre de l'efficacité dans cette gestion de la politique migratoire au niveau européen".
La directrice générale de SOS Méditerranée Sophie Beau, a confirmé à l'AFP avoir eu "un contact avec les autorités corses, mais tout doit passer aprèes les autorités maritimes compétentes". Elle espère que cette proposition corse "peut faire bouger le débat en France".
Interrogée par l'AFP, la préfète de Corse Josiane Chevalier a rappelé quant à elle que la décision sur l'éventuel accueil du navire dans un port de l'île "appartenait au gouvernement". "C'est une décision qui appartient à l'Etat français", et non aux dirigeants de la collectivité territoriale de l'île, a-t-elle ajouté.
"Ce que j'ai simplement dit au président (de l'Assemblée de Corse Jean-Guy) Talamoni qui m'a appelée ce matin, c'est que quand on accueille des migrants, il y a un certain nombre d'obligations qui sont prévues et notamment d'accueillir le temps de l'instruction des dossiers des migrants, c'est-à-dire qu'on les amène dans un lieu, on s'en occupe, on n'accueille pas temporairement, on accueille et on héberge et on instruit les dossiers notamment la demande d'asile", a ajouté Mme Chevalier.