La gauche dénonçait mardi le "silence coupable" de la France face à la situation de l'Aquarius, bloqué en Méditerranée avec 629 migrants à bord, quand l'Espagne a proposé de les accueillir.
"C'est à Naples, en Espagne, en Corse mais pas à l'Elysée et à Matignon ni à Bruxelles que les réactions et décisions de simple humanité #Aquarius se disent et se prennent. Triste leçon pour la France et l'Union européenne", a réagi la député La France insoumise Clémentine Autain dans un tweet.
Le secrétaire d'État auprès du ministre de l'Europe et des Affaires étrangères Jean-Baptiste Lemoyne a défendu mardi l'action de Paris qui, selon lui, "agit" et n'est "pas inerte" sur la question migratoire.
"Nous n'avons pas été saisis d'une demande de la part de l'ONG SOS Méditerranée, pour une raison simple, c'est que pour se rendre jusqu'en France, c'est aussi plusieurs jours de mer, dans une mer qui n'est pas bonne, avec des passagers qui ne sont pas en bonne santé", a de son côté justifié la ministre des Affaires européennes Nathalie Loiseau.
Au Parti socialiste, le premier secrétaire Olivier Faure a vu dans "l’Espagne de Sanchez (l')honneur de l’Europe", tandis que Rachid Temal soulignait à l'attention de Mme Loiseau que le Premier ministre espagnol "lui n’a pas attendu une demande, il a fait le choix de l’humanité".
"Sauf modification de la géographie en Méditerranée entre la Sicile et l’Espagne, il y a les côtes françaises... Votre réponse est juste scandaleuse et à vomir !", a-t-il ajouté dans un tweet.
Pour le député PS Luc Carvounas, "le silence de la France, lui, est coupable", a-t-il tweeté.
A l'Assemblée, les députés communistes ont aussi dénoncé le "silence extrêmement coupable du gouvernement et du président Macron". Une de leur porte-parole, Elsa Faucillon, a dit lors d'une conférence de presse "l'indignation, la colère" de son groupe et son "envie de hurler face à ce qui se passe". Le gouvernement "essaie de nous expliquer sa compassion", mais "ça tourne au ridicule quand la communication est si éloignée des actes", a-t-elle fustigé.
"L'Union européenne laisse le soin à une ONG de faire ce travail", a déploré cette élue des Hauts-de-Seine, qui s'est aussi élevée contre la "haine déversée par la droite et l'extrême droite en France, en Italie, et en d'autres endroits d'Europe", alors que "les gauches espagnoles permettent de sauver l'honneur et font preuve d'humanité".
Ian Brossat, adjoint à la mairie de Paris et tête de liste PCF pour les élections européennes, a ironisé, demandant dans un tweet si, si l'ONG avait fait sa demande à la France, Mme Loiseau "aurait dénoncé le +shopping de l'asile+?"
La ministre avait été épinglée en mai pour l'emploi au Sénat de cette expression, "malheureuse", avait-elle reconnu, mais "communément utilisée par les institutions et les spécialistes européens du droit d'asile", avait-elle défendu.
Le dénouement se rapprochait mardi pour les 629 migrants ballotés en Méditerranée depuis dimanche, que l'Italie a refusé dans ses ports, et qui seront finalement transportés vers l'Espagne à bord de navires italiens et du bateau humanitaire Aquarius.
En France, les dirigeants nationalistes corses ont proposé mardi matin de les accueillir sur l'île.