Emmanuel Macron a dénoncé mardi en Conseil des ministres la "part de cynisme et d'irresponsabilité du gouvernement italien" qui a refusé d'accueillir l'Aquarius et ses plus de 600 migrants, dérogeant au droit international, a déclaré le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux.
Le chef de l'État "a tenu à rappeler le droit maritime" qui indique "qu'en cas de détresse, ce soit la côte la plus proche qui assume la responsabilité de l'accueil". "Si un bateau avait la France pour rive la plus proche, il pourrait accoster" en France car "c'est le respect du droit international", a ajouté le président qui a salué le courage de l'Espagne qui va accueillir le bateau, selon le porte-parole.
"La France prend sa part, mais ce qui est inacceptable, c'est le comportement et l'instrumentalisation politique qui en a été faite par le gouvernement italien", a dénoncé M. Griveaux face à la presse.
"La France n'est pas restée inactive au cours des 24 dernières heures", a-t-il ajouté, en précisant que M. Macron allait s'entretenir mardi avec "les autorités maltaises, espagnoles et italiennes".
Pour lui, "c'est la même ligne de fermeté et d'humanité que nous défendons depuis le début". "C'est une ligne de crête, qui suscite à gauche et à droite des réactions quasi-épidermiques, mais c'est cette ligne-là que nous avons fixée et que nous entendons tenir jusqu'à son terme".
La gauche a dénoncé mardi le "silence coupable" de la France face à la situation de l'Aquarius, et certains députés LREM ont également regretté l'absence de réaction de l'exécutif.
A droite, le député LR des Alpes-Maritimes Éric Ciotti s'est élevé contre l'idée que l'Aquarius, avec 629 migrants à bord, puisse être accueilli en Corse, comme l'ont proposé les deux principaux responsables politiques de l'île.
"Il faut une réponse européenne" sur ce sujet qui sera au menu du Conseil européen des 28 et 29 juin, où la France et l'Allemagne devaient présenter ensemble une proposition ambitieuse", notamment sur le financement de la police des frontières Frontex, a dit M. Griveaux.
"Il n'est pas question de créer un précédent qui permettrait demain à un pays européen de se défausser sur ses partenaires. Nous devons faire preuve de solidarité, ce que n'a pas fait l'Italie", a-t-il ajouté.
"Quand on laisse (l'Aquarius) s'approcher" pour ensuite refuser l'accueil, "j'y vois une forme de cynisme", a fustigé le porte-parole.
Le président de la République a souhaité que "la solidarité joue" en faveur de l'Espagne et indiqué que la France allait envoyer des moyens au gouvernement espagnol pour gérer cet accueil.
"La question qui est centrale est de savoir si les personnes qui sont présentes sur l'Aquarius sont éligibles à l'asile", a-t-il indiqué, en précisant que les autres "seront reconduites vers les pays de départ".