« Je n’ai pas l’intention de me taire ». Christine Lagarde donne le ton dès le début de son procès, alors que la présidente de la Cour de Justice de la République l’informe qu’elle a le droit de garder le silence.
La présidente du FMI comparaît depuis lundi 14 heures pour « négligences » pour avoir choisi le recours à un arbitrage privé dans le conflit opposant le Crédit Lyonnais et Bernard Tapie dans l’affaire de la vente d’Adidas.
« Christine Lagarde souhaite écarter les griefs qui sont formulés à son encontre. Elle souhaite les discuter. Elle est là personnellement, physiquement, et elle sera là tout au long de l’audience » a expliqué son avocat Patrick Maisonneuve avant le début du procès (voir la vidéo ci-dessus).
Rejet du sursis à statuer
Ce dernier a demandé le report du procès en attendant la fin de l’enquête pénale. Un sursis à statuer rejeté par la CJR. Il a dans le même temps dénoncé la « violence » des termes de l’arrêt de renvoi qu’il juge « invraisemblables ». Dans cet arrêt, les magistrats ont notamment estimé que les explications de Christine Lagarde dans cette affaire étaient « peu convaincantes, sinon affligeantes », et que son attitude face au dossier témoignait « d’une précipitation et d’une légèreté constitutives de graves négligences de la part d’un ministre chargé de la conduite des affaires de l’Etat ».
« Pas de négligence »
De son côté, Christine Lagarde s’est dite également « profondément choquée » par les « raccourcis » et « approximations », et par le ton employé par cet arrêt. « Ai-je été abusée ? Je veux le savoir. Ai-je été négligente ? non » a-t-elle affirmé.
Face à la présidente de la CJR Martine Ract Madoux, qui lui pose des questions très précises sur les détails de l’affaire, elle assure que cet arbitrage « n’était pas une priorité » à l’époque, mais que « ça valait la peine d’explorer cette voie » pour mettre fin au contentieux judiciaire avec Bernard Tapie.
Pour autant, Christine Lagarde, ancienne avocate, assure ne pas être « une spécialiste » de ces procédures privées.
Le procès reprendra mercredi, avec notamment le témoignage de Stéphane Richard, son ancien directeur de cabinet. Jean-François Rocchi et Bernard Scemama, chargés à l'époque de liquider une partie des actifs du Crédit Lyonnais seront également présents.