Le 10 septembre dernier, lors d’une conférence de presse, Pierre Hurmic, le nouveau maire de Bordeaux annonce trente mesures dont une qui fait beaucoup parler : supprimer « l’arbre mort » de Noël de la place Pey Berland pour le remplacer par des spectacles vivants. Si le terme « d’arbre mort » pour qualifier un sapin a amusé certains internautes, pour Erwan Lecoeur, si les gens « on fait des blagues c’est parce qu’ils sont mal à l’aise. On est tous mal à l’aise face à cet arbre de Noël qui vient de l’autre bout de la France sur un camion. On est tous mal à l’aise et c’est pour ça, je pense, qu’on a fait autant de blagues ».
Pour le sociologue, il y a donc derrière les « moqueries » sur la formule de Pierre Hurmic, une prise de conscience écologique de la part des internautes et donc une forme d’adhésion à cette mesure.
Véronique Reille-Soult de Dentsu Consulting nuance tout de même les propos du sociologue. « Dans le fond, les Français et les internautes sont toujours concernés par l’écologie. Ils ont toujours envie que ça change. Mais ils se disent : Non là on s’y prend à l’envers, ce n’est pas comme ça que ça va bouger ».
La formule choc est-elle un bon outil pour lancer un débat ?
« Je fais un raccourci légèrement provocateur. Mais grosso modo la 5G c’est pour nous permettre de regarder des films pornos en HD même si vous êtes dans l’ascenseur ». C’est ce qu’a déclaré Éric Piolle au micro de LCI le 5 juillet 2020. Pour Erwan Lecoeur qui a déjà travaillé avec le maire de Grenoble, cette formule « qui peut être éventuellement considérée comme malheureuse par certains » a permis de lancer un débat utile sur l’utilité du prochain standard de téléphonie mobile. Mais mettre un sujet sur le devant de la scène, comme il le fait, permet-il de faire avancer un débat ?
Pour Jean-Luc Mano « Cela fait partie du secret des Verts à lancer de vrais débats et à les tuer immédiatement. Chacun sait que c’est caricatural, c’est aussi stupide de dire la télévision ça ne sert qu’à regarder le foot ou le train ça ne permet que d’aller plus vite au bordel. Ça n’a pas de sens ».
En effet deux jours plus tard Emmanuel Macron quand il évoque la 5G lors d’une conférence, ne répond pas aux écologistes sur le fond, mais avec une formule choc en les traitant « d’amish ». Le débat se résume donc à progressiste contre passéiste.
« Chez les écolos, il y a cette accusation sous-jacente de vouloir nous faire faire pénitence »
Les idées écologistes sous le feu des critiques
« Machiste et polluant », c’est ainsi que Grégory Doucet, le nouveau maire de Lyon a qualifié le Tour de France en septembre dernier. Une phrase qui a suscité de vives réactions de la part des politiques et de particuliers sur les réseaux sociaux. Mais pour Jean-Luc Mano : « Ce n’est pas le commentaire sur le tour de France qui pose problème, on peut tous avoir un avis, c’est la formule ». Le communicant développe : « Chez les écolos, il y a cette accusation sous-jacente de vouloir nous faire faire pénitence » en privant les Français de loisirs « agréables » : le Tour de France ou un sapin de Noël en fin d’année.
Culpabiliser les Français pour faire changer les choses, une analyse que ne partage pas Erwan Lecoeur. « Les écologistes sont en train d’apporter une vision du monde relativement radicale, certes, car elle va à la racine des problèmes. Donc évidemment ils dérangent l’ordre établi notamment politique, mais aussi médiatique ».
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