C’est elle qui porte la voix de l’Europe sur la scène internationale. Un rôle d’équilibriste tant les positions des 27 peuvent parfois être antagonistes sur certains sujets, à commencer par la guerre menée contre le Hamas actuellement en cours à Gaza.
Bruxelles ne doit parler que d’une seule voix
Questionnée sur la nécessité d’accentuer la pression sur Israël, Kaja Kallas tempère : « Nous avons proposé plusieurs mesures durant la guerre afin de faire pression sur le gouvernement israélien afin qu’il change de cap. A présent, avec le cessez-le-feu et la libération des otages, tout le monde autour de la table estime que nous ne devrions pas retirer ces mesures mais pas non plus continuer sur nos objectifs étape par étape. Nous devons plutôt concentrer toute notre énergie, tous nos efforts pour que la paix actuelle se transforme en paix durable », estime-t-elle.
Avant d’ajouter que l’Europe doit jouer un rôle dans « la force internationale de stabilisation afin de garantir une paix durable ».
Augmenter l’effort d’armement
Sur l’autre conflit en cours, en Ukraine, la cheffe de la diplomatie européenne, souhaite que l’Europe coordonne ses efforts : « Bien entendu les Etats nationaux ont la primauté en matière de défense, la seule chose que l’on essaie de faire c’est de coordonner et de les organiser par groupe de pays car certains projets sont trop gros pour un seul mais ils sont faisables à plusieurs qu’il s’agisse de défense aérienne, de mur de drones ou autre projets ambitieux. »
Et la haute-représentante d’appeler à augmenter l’effort d’armement : « J’ai visité l’Ukraine récemment et leur usine à drones. Elles sont impressionnantes pour ce qui est de leur innovation et leur rapidité à produire des drones d’interception. Nous pouvons apprendre de leur expérience […] En France par exemple vous avez une industrie de défense très développée, je suis sûre que vous pouvez augmenter les cadences de production ».
L’opportunité du traité de libre-échange avec les pays du Mercosur
Interrogée enfin sur la validation par la commission européenne du traité de libre-échange entre l’Europe et les pays du Mercosur, Kaja Kallas défend qu’elle profitera au continent tout entier : « Si on regarde l’économie de l’Europe et de ses états membres, c’est aussi ce dont nos compagnies ont besoin : de nouveaux marchés (…) l’accord entre l’union européenne et le Mercosur peut mener au plus grand marché libre de 700 millions de consommateurs. Je sais qu’il y a des inquiétudes sur cet accord en France, mais la Commission a aussi mis en place des garde-fous répondant à ces inquiétudes pour les agriculteurs par exemple. »
Un accord qui doit encore être ratifié pays par pays, mais pas sûr que la signature française soit la plus simple à obtenir. En janvier 2024 déjà, le monde agricole s’était opposé à une telle ratification, mais pour la Haute représentante, il faut prendre garde à ces divisions qui peuvent nous affaiblir : « Nous vivons aujourd’hui dans cette époque-là où les grandes progressions sont souvent freinées, nous vivons dans des démocraties donc tout le monde a le droit et est prêt à manifester, mais nous devons toujours garder à l’esprit que d’autres puissances en dehors de l’Europe souhaitent vraiment que nous nous entre-déchirons. Ils cherchent les petits feux qui consument notre société et jettent de l’huile sur le feu de toute part, car si nous nous entre-tuons, nous serons plus faibles envers nos ennemis. » avertit-elle.
L’intégralité de l’émission est à retrouver ici.