Politique
Auditionné par la commission d’enquête du Sénat sur les agences publiques, Sylvain Waserman, président d’Ademe a défendu le budget et l’existence de son agence, faisant écho aux critiques faites par plusieurs politiques de droite.
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Par Public Sénat
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Tour à tour, les candidats de la primaire de la Belle alliance populaire accélèrent leur campagne, détaillant leurs programmes. Moins de trois semaines les séparent du premier tour. Après Manuel Valls et Vincent Peillon lundi, c'était au tour d'Arnaud Montebourg de préciser ses mesures économiques et sa politique de l'emploi, ce mardi à Paris.
L'ancien ministre du Redressement productif, qui s'est lancé dans la course dès le mois d'août 2016, a détaillé le coût et les effets attendus de ses grandes mesures. Son scénario de « redécollage économique », que le candidat juge « robuste » et « crédible », se chiffre à 24,4 milliards d'euros de dépenses supplémentaires par an. Un plan « ciblé sur l'investissement » : dans les infrastructures, la transition écologique ou encore le développement des territoires ruraux. L'investissement, « c'est ce qui rapporte de l'argent », explique le candidat qui veut en finir avec l'austérité européenne.
« L'ensemble est financé par la remise en marche de l'économie française. »
Du côté des recettes fiscales, une seule création, en raison de « la décrue fiscale » promise « sur la totalité des acteurs économiques », ménages et petites entreprises en tête. La nouvelle surtaxe concernerait un secteur « ultra-profitable » : les grandes banques françaises, « qui ont renoué avec les mêmes profits d'avant-crise », selon Arnaud Montebourg. Gain attendu : cinq milliards d'euros par an.
Sa politique de relance trouverait sa place dans un contexte mondial favorable, en témoignent les « orientations mondiales des organisations internationales et des pays hors zone euro », souvent citées en exemple. Énumérant les relances britannique, brésilienne, japonaise ou encore canadienne, Arnaud Montebourg va même jusqu'à qualifier son programme de « mainstream » par rapport au reste du monde.
S'il répète à plusieurs reprises que sa stratégie est « compatible avec les contraintes européennes », l'ancien ministre doute que la règle de la limitation du déficit à 3% dans la zone euro constitue « l'horizon politique » des Français et des Européens. À l'issue de son mandat, s'il est élu, il prévoit toutefois un déficit public de 2,5% du PIB (contre 3,4 actuellement).
Le candidat, qui rappelle avoir noué des contacts au plus niveau en Europe, entend placer la France à la tête d'un « bloc réformateur », formé de pays réclamant l'arrêt de l'austérité au sein de la zone euro. Et qui pourrait organiser une hausse des salaires, « concertée et progressive », à l'échelle européenne. Quitte à affronter le bloc des États favorables à une rigueur économique. « La France n'a jamais eu peur », s'écrit-il, en tapant du poing sur le pupitre.
C'est entouré d'économistes et d'architectes de son programme qu'Arnaud Montebourg détaille sa trajectoire rêvée pour le quinquennat 2017-2022.
« Plus on est nombreux à travailler, plus cela rapporte aux caisses de l’État. »
Sur les cinq prochaines années, le projet est conçu avec l'hypothèse d'une croissance annuelle moyenne d'1,9%. Une prévision « plutôt raisonnable » contrairement à 2012, où la « politique budgétaire d'austérité n'était pas intégrée dans le programme », juge l'économiste Mathieu Plane de l'OFCE, membre de l'équipe de campagne.
Couplée à cette politique de relance budgétaire, Arnaud Montebourg a en ligne de mire l'emploi. Dans ce qu'il nomme sa « société du travail », « l'état normal d'une économie, c'est le plein emploi », déclare-t-il. L'objectif du taux de chômage à l'horizon 2022 est ambitieux : 6,2% (au sens du Bureau international du Travail). Le programme d'Arnaud Montebourg prévoit d'investir massivement dans la formation professionnelle afin de permettre aux chômeurs de longue durée de retrouver un chemin vers l'emploi. Quatre milliards d'euros seraient alloués à la création d'un régime d'assurance-formation.
Arnaud Montebourg imagine également la création de « contrats d'activité », dans le secteur de l'économie sociale, ou encore de l'économie solidaire, des activités souvent difficilement rentables, et dont l'État assurerait l'équilibre. Généraliser ce type de contrats coûterait à l'État 600 millions d'euros par an.
« L'état normal d'une économie, c'est le plein emploi. »
« Une société qui se remobilise autour du travail, c'est une société qui fait des projets », considère Arnaud Montebourg, qui se proclame « candidat du travail et de la fiche de paie ». Fier de sa formule, il la déclinera sous d'autres formes.
La mesure la plus symbolique : la diminution progressive de la CSG sur les bas salaires, qui se traduirait par un gain de pouvoir d'achat de l'ordre de 1200 euros nets pour un salarié payé au Smic. Le coût de la mesure est estimé à huit milliards d'euros.
Un recentrement du CICE (Crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi) sur les petites et moyennes entreprises devrait financer ce point, selon les calculs du programme. Cette refonte pourrait également dégager des économies capables de réformer le RSI, le régime social des indépendants qu'Arnaud Montebourg accuse de « détruire » les petites entreprises.
C'est sur ce terrain de la rémunération du travail, que le chantre du made in France tient à afficher sa différence avec ses opposants.
Sur la question du revenu universel, il se démarque de Benoît Hamon, qui a imposé ce thème dans la campagne. Partisan d'un « salaire juste », l'ancien ministre de l'Économie considère que ce dispositif « irréalisable » et qui « nous exonère de bien rémunérer le travail ».
« On a du mal à suivre », a-t-il réagi, alors qu'il était interrogé sur la proposition de Manuel Valls de réintroduire la défiscalisation des heures supplémentaires. « L'ancien Premier ministre ne propose pas d'abroger la loi El-Khomri qui organise la baisse du pouvoir d'achat sur toutes les heures supplémentaires », ironise Arnaud Montebourg, qui met en avant au contraire sa « cohérence et sa constance ». Passe d'armes en perspective.
L'intégrale du 25 mars 2025