Pilonnage LR et FN, offensive à gauche sur la rétention: les débats "asile-immigration" ont tourné samedi à la guerre de tranchées à l'Assemblée...
Asile-immigration: interminable guerre de tranchées à l’Assemblée
Pilonnage LR et FN, offensive à gauche sur la rétention: les débats "asile-immigration" ont tourné samedi à la guerre de tranchées à l'Assemblée...
Par Fabrice RANDOUX et Charlotte HILL
Temps de lecture :
4 min
Publié le
Mis à jour le
Pilonnage LR et FN, offensive à gauche sur la rétention: les débats "asile-immigration" ont tourné samedi à la guerre de tranchées à l'Assemblée, avant un vote, au mieux dimanche à l'aube, sur lequel la majorité espère limiter les suffrages de sa frange contestataire.
A 20H00, les députés - toujours autour de 150 - avaient encore 450 amendements à étudier et s'apprêtaient à passer, pour certains, une sixième soirée consécutive dans l'hémicycle. Et probablement une septième journée, dimanche, pour tenter d'achever la quarantaine d'articles.
Du jamais vu, hors période budgétaire, depuis la tentaculaire loi Macron de 2014 ou l'homérique bataille du "mariage pour tous" de 2013.
En cause, la très forte mobilisation des différentes oppositions, notamment des LR, mais aussi du FN, et de la gauche (Insoumis, communistes, socialistes), qui défendent pied à pied leurs amendements. L'objectif semble être de tenir le plus longtemps pour tenter d'obtenir un vote solennel après les vacances parlementaires - au 9 mai - et pas "en catimini" en fin de débats.
Jean-Luc Mélenchon à Marseille, le 19 janvier 2018
AFP/Archives
Le chef de file LFI Jean-Luc Mélenchon a pointé l'"impossibilité" d'achever le débat dans les délais, son homologue LR Christian Jacob a demandé de "repousser le vote solennel dans une quinzaine de jours". Une hypothèse exclue par le président des LREM Richard Ferrand: "on ira jusqu'au bout et on votera tôt ou tard", a-t-il assuré à l'AFP.
Certains dans la majorité ne cachaient pas sur Twitter leur exaspération face aux "tentatives d’obstruction", comme Christophe Lejeune, pour lequel "les LR n’ont comme seule stratégie que de faire durer les débats en posant la même question à plus de 200 reprises" sur un +plan caché+ de régularisations du gouvernement.
D'autres "marcheurs", comme Raphaël Gauvin, espéraient encore une "accélération" après le vote en fin d'après-midi du doublement de la durée maximale de rétention des étrangers en attente d'expulsion de 45 à 90 jours, une des mesures les plus contestées du projet de loi.
La rétention toujours possible de mineurs a aussi été condamnée par la gauche comme "barbare".
- "Un peu frustrant" -
Défendu par le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb comme "un ultime moyen" mais qui "reste nécessaire" pour faire respecter les mesures d'éloignement, l'allongement de la rétention possible a été fustigé par toute la gauche, qui a dénoncé par la socialiste Marietta Karamanli "un acharnement contre les étrangers" et rappelé par Danièle Obono (LFI) qu'elle suscite "la réprobation d'un grand nombre d'associations".
Cette disposition s'est aussi heurtée à l'opposition de certains élus de la majorité. Neuf LREM et un Modem ont voté contre, comme déjà sur plusieurs articles, notamment la réduction des délais de recours après un refus de demande d’asile. D'autres se sont abstenus.
Depuis le début des débats, cette frange contestataire marche sur une ligne de crête, tentant de faire entendre sa différence sans donner le sentiment de "fronder" ni rallonger les débats.
"C'est un peu frustrant", admet l'une ses membres, Delphine Bagarry, néanmoins "fière" du travail réalisé et d'avoir fait "s'interroger le groupe".
Leur vote final et leur nombre, a priori une quinzaine maximum, sera scruté. Ils devraient quasiment tous s'abstenir. Jean-Michel Clément, lui, a annoncé son intention de voter contre et pourrait devoir quitter le groupe, selon la règle fixée par Richard Ferrand ("abstention péché véniel, vote contre péché mortel").
Dans l'hémicycle, ces divergences ont occupé moins de temps que l'offensive droitière des LR, dans le sillage des propositions cette semaine de Laurent Wauquiez, désireux de préempter ce thème au FN également très mobilisé sur l'un de ses fondamentaux.
Samedi, les députés LR et FN ont notamment réclamé l'expulsion de "tout étranger qui constitue une menace pour l'ordre public", dont les "fichés S", déclenchant de nouvelles passes d'armes avec la gauche et la majorité.
Eric Ciotti a invoqué "un principe de précaution pour mieux protéger notre nation". La présidente du FN Marine Le Pen a accusé le gouvernement de "jouer à la roulette russe" avec la sécurité.
"J'ai l'impression d'assister à un colloque sur les peurs de l'An Mil", a grincé Brahim Hammouche (MoDem).
La suspension de la réforme des retraites divise au sein de Renaissance. « Il y a deux écoles », entre ceux, plutôt issus de l’aile gauche, prêts à soutenir « le deal » entre Sébastien Lecornu et le PS, et les autres, notamment de l’aile droite, qui ne veulent pas se « dédire » et pour qui cette « concession énorme » reste au travers de la gorge…
La définition des séances de travail sur le budget 2026 a froissé le président du Sénat, mardi, lors d’une réunion avec les présidents de commission et le gouvernement. Il estime que le Sénat ne peut pas prendre le relais des textes budgétaires dans de bonnes conditions. Une nouvelle conférence des présidents doit revenir sur la question la semaine prochaine.
Lundi, le Sénat examinera une proposition de loi de la droite et du centre visant à inscrire dans la Constitution que « nul individu ou nul groupe ne peut se prévaloir de son origine ou de sa religion pour s’exonérer du respect des règles applicables ». Un principe que la majorité sénatoriale remet à l’ordre du jour régulièrement ces dernières années par le dépôt de différents textes. On retrouve aussi la même idée dans un texte de Marine Le Pen.
Au micro de Public Sénat et LCP, le sénateur RN Aymeric Durox annonce que sa famille politique votera en faveur de l’amendement de suppression de la réforme des retraites, qui doit être présenté par le gouvernement lors de l’examen du budget de la Sécu. Il émet toutefois de sérieuses réserves sur les chances d’aboutissement du texte au vu du contexte politique.