Marielle de Sarnez a renoncé dimanche à être candidate à la présidence du groupe MoDem à l'Assemblée, qui est revenue à Marc Fesneau, mais l'ex-ministre, dont le parti fait l'objet d'une enquête sur l'emploi de ses assistants parlementaires européens, briguera une présidence de commission.
Quatre jours après son départ du gouvernement dans la foulée du président du MoDem François Bayrou, et peu avant un scrutin interne lors d'un séminaire des députés centristes dimanche, l'élue de Paris avait annoncé qu'elle ne briguerait pas la présidence du groupe MoDem, allié à la République en marche (REM).
Alors qu'après sa démission du gouvernement la vice-présidente du MoDem semblait partie pour piloter le groupe à l'Assemblée, elle a cédé la place à M. Fesneau, élu à l'unanimité des 42 députés présents à cette réunion, près du Palais Bourbon. Seul candidat, ce député du Loir-et-Cher de 46 ans, secrétaire général du MoDem, a été désigné à l'issue d'un vote à bulletins secrets.
Sa mission dorénavant: "animer une équipe, être dans la majorité parlementaire, apporter notre propre identité et être solidaire du gouvernement et du président de la République", a résumé le nouveau patron des députés MoDem sur BFMTV.
Maire de la petite commune de Marchenoir (Loir-et-Cher) et président de la communauté de commune de Beauce-Val de Loire, ce directeur d'un institut de formation d'élus, ex-directeur du développement local dans une chambre d'agriculture, a adhéré au centre en 2002.
Selon le député MoDem Bruno Millienne, "depuis 2010", période "pas facile" pour le parti centriste, M. Fesneau "a maintenu les troupes, a continué à former des cadres, a continué à faire le job de secrétaire général". "Il l'a très bien fait. C'était tout à fait naturel qu'il soit candidat", a dit l'élu des Yvelines sur BFMTV.
- Continuer le "combat" -
Alors que depuis début juin, le MoDem fait l'objet d'une enquête sur l'emploi de ses assistants parlementaires européens, une éventuelle arrivée de Mme de Sarnez à la tête du groupe MoDem avait, comme celle de Richard Ferrand à la tête du groupe REM, suscité des critiques.
Le secrétaire général des Républicains (LR) Bernard Accoyer avait ainsi trouvé jeudi "un peu insultant" pour le Parlement que deux ministres "exfiltrés pour raisons judiciaires" se destinent à présider des groupes. M. Ferrand a été élu président du groupe macroniste à main levée, samedi, à l'unanimité moins deux abstentions.
Pour sa part, Mme de Sarnez "a souhaité mettre en avant la nouvelle génération de députés qu'elle a largement contribué à faire élire avec François Bayrou", a assuré dimanche à l'AFP le député MoDem Patrick Mignola. "Sa décision ne manque ni de dignité ni d'un certain panache", a ajouté cet élu de Savoie.
L'ex-ministre des Affaires européennes avait écrit samedi sur Facebook avoir vécu les semaines "les plus tristes" de sa "vie politique", avec un "déferlement de malveillance", mais avait assuré qu'elle "ne cesserai(t) jamais le combat".
L'ancienne eurodéputée pourrait obtenir, dans le cadre d'un accord avec REM, la présidence de la commission des Affaires étrangères.
Créé après l'élection de Nicolas Sarkozy en 2007, le MoDem va retrouver un groupe parlementaire, mais REM possède la majorité sans lui et l'affaire des assistants d'eurodéputés a atteint la formation centriste.
"L'alliance entre François Bayrou et Emmanuel Macron compte beaucoup dans la recomposition aujourd'hui à l’œuvre", avait plaidé M. Fesneau mercredi, après la formation du gouvernement Philippe II qui compte deux ministres MoDem.
Les députés MoDem voteront la confiance au nouveau gouvernement et sont "comptables d'un programme" qu'ils ont "soutenu", avait-il souligné.
Le groupe est "très soudé", avec "beaucoup de MoDem depuis l'origine", note un élu, qui veut croire que M. Macron appréciera "de pouvoir compter sur François Bayrou et un groupe solide" car "plus on va aller, plus ça va cogner".