Assistants parlementaires européens: perquisition au siège du MoDem à Paris
Une perquisition était menée mercredi au siège du MoDem à Paris dans l'enquête sur les soupçons d'emplois fictifs des assistants parlementaires...

Assistants parlementaires européens: perquisition au siège du MoDem à Paris

Une perquisition était menée mercredi au siège du MoDem à Paris dans l'enquête sur les soupçons d'emplois fictifs des assistants parlementaires...
Public Sénat

Par Pauline TALAGRAND, Sophie DEVILLER

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Une perquisition était menée mercredi au siège du MoDem à Paris dans l'enquête sur les soupçons d'emplois fictifs des assistants parlementaires européens du parti centriste, affaire qui avait coûté son poste de garde des Sceaux à François Bayrou.

Les investigations sont menées par les policiers anticorruption de l'Oclciff depuis le début de matinée, selon des sources proches de l'enquête, confirmant une information de RTL.

"Plusieurs milliers de documents (contrats de travail, bulletins de salaires, courriels attestant de la réalité du travail des assistants...) ont été transmis aux enquêteurs", a indiqué à l'AFP une source dans l'entourage du MoDem. "Nous avions proposé de leur fournir d'autres éléments et nous ne voyons donc aucune objection à ce qu'ils viennent les saisir eux-mêmes", a-t-on ajouté.

"Si on veut (...) prouver notre bonne foi et notre honnêteté (...) il fallait en passer par là", a réagi sur BFMTV le député MoDem Patrick Mignola.

La justice cherche à savoir si des collaborateurs parlementaires ont été en partie rémunérés par les fonds publics du Parlement européen alors qu'ils étaient en réalité affectés à d'autres tâches pour le MoDem.

Cette enquête a entraîné la démission de trois ministres centristes: François Bayrou (Justice), Marielle de Sarnez (Affaires européennes) et Sylvie Goulard (Armées).

L'affaire débute en mars par une dénonciation d'une élue du FN. Le parquet de Paris ouvre alors une enquête préliminaire pour "abus de confiance", visant une vingtaine d'eurodéputés de tous bords, dont deux du MoDem.

En juin, la polémique rebondit: un ex-employé du parti centriste, Matthieu Lamarre, affirme avoir été en partie rémunéré comme assistant local de l'eurodéputé Jean-Luc Bennahmias, alors qu'il travaillait "uniquement pour le siège" à Paris. Le parquet ouvre alors une enquête spécifique au MoDem, confiée fin juillet à des juges d'instruction.

Le cas de Matthieu Lamarre pourrait ne pas être isolé. L'ex-députée européenne Corinne Lepage, en rupture avec le MoDem, a ainsi affirmé dans un livre avoir été sollicitée pour embaucher un permanent du parti comme collaborateur et avoir refusé. "Je n'ai pas porté plainte dans cette affaire, mais cette perquisition montre que la justice suit son cours", s'est-elle félicitée mercredi.

- Pratiques anciennes? -

Plusieurs cas sont au cœur des investigations, notamment celui de l'ex-eurodéputée Marielle de Sarnez. Isabelle Sicart et Karine Aouadj, deux de ses assistantes parlementaires locales, cumulaient des fonctions pour le parti: la première, à mi-temps, comme cheffe de cabinet de François Bayrou, et la seconde comme secrétaire particulière de ce dernier.

Le président du MoDem François Bayrou au siège de son parti à Paris, le 3 avril 2013
Le président du MoDem François Bayrou au siège de son parti à Paris, le 3 avril 2013
AFP/Archives

Jean-Luc Bennahmias, Matthieu Lamarre, Isabelle Sicart, Karine Aouadj et Corinne Lepage ont été entendus à l'Oclciff et d'autres assistants "ont été auditionnés depuis la fin de l'été par les enquêteurs", selon une source proche de l'enquête.

Les pratiques dénoncées pourraient être anciennes. "On a proposé en 2004 à Jean-Marie Cavada d'embaucher un permanent comme collaborateur, il a refusé", d'après Corinne Lepage. Selon elle, "ce système pourrait avoir perduré en 2014".

François Bayrou, patron de l'UDF à partir de 1998, puis du MoDem depuis 2007, pouvait-il ignorer ces pratiques si elles sont avérées? "Nous n’avons jamais eu d'emplois fictifs", a-t-il assuré au moment de sa démission, le 21 juin, dénonçant une manœuvre politique.

Les députés européens disposent d'une enveloppe mensuelle d'environ 24.000 euros pour rémunérer leurs assistants. Les "accrédités" consacrent tout leur temps à Bruxelles, Strasbourg ou au Luxembourg. Les "locaux" doivent épauler le parlementaire dans leur pays d’origine.

Rien n'interdit donc le cumul d'emploi d'un assistant local au Parlement européen avec celui de salarié dans un parti national, mais les magistrats vont tenter de déterminer si la distinction a bien été respectée quand les deux missions s'exerçaient au siège à Paris.

Le MoDem n'est pas la seule formation politique dans le viseur de la justice.

Le FN fait l'objet d'une instruction dans laquelle six personnes sont mises en examen, dont sa présidente Marine Le Pen. Des élus de droite, comme Brice Hortefeux, et de gauche, comme Yannick Jadot, sont aussi visés par l'enquête ouverte en mars, élargie cet été à Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise).

Partager cet article

Dans la même thématique

SIPA_01221444_000001
4min

Politique

Otages français en Iran : Cécile Kohler et Jacques Paris sont sortis de prison, mais « ils ne sont pas libres », précise l'avocate des familles

Cécile Kohler et Jacques Paris, détenus depuis mai 2022 en Iran suite à des accusations d’espionnage, « sont sortis de la prison d'Evin et sont en route pour l'ambassade de France à Téhéran », a annoncé Emmanuel Macron sur X. Les avocats des familles précisent qu'ils ne sont pas libres et toujours empêchés de regagner la France

Le

Paris : session of questions to the government at the Senate
10min

Politique

« Vexations », échanges « pas fluides », négos avec le PS : pourquoi la relation entre le Sénat et le gouvernement Lecornu s’est détériorée

Depuis « un mauvais départ », le courant passe mal entre la majorité LR-centriste du Sénat et le gouvernement. Discussions avec le PS au détriment des LR, députés invités à Matignon sans les sénateurs, qui aimeraient « être dans la boucle »… Les causes de fâcheries se multiplient. Pour tenter de retisser des liens dégradés, Sébastien Lecornu invite les présidents de groupe du Sénat à Matignon ce mercredi, avant de se rendre en conférence des présidents.

Le

Assistants parlementaires européens: perquisition au siège du MoDem à Paris
5min

Politique

« C’est à la fin de la partie qu’on comptera les choses » : sur le budget, les socialistes veulent encore laisser du temps au gouvernement

Les députés mettent en pause l’examen du projet de loi de finances pour étudier le budget de la Sécurité sociale. S’ils ne sont pas allés au bout de la partie recettes, ils ont néanmoins pu adopter un certain nombre de mesures absentes du projet initial. Certaines sont vues par le gouvernement comme des gains concédés aux socialistes, bien que ces derniers se montrent toujours insatisfaits. Pas suffisamment, pourtant, pour interrompre les négociations et l’examen budgétaire.

Le