Assistants parlementaires : « Il faut un égal traitement de tous, comme pour François Fillon » selon Buffet
Pour le sénateur LR François-Noël Buffet, si les révélations concernant Marielle de Sarnez paraissent « inacceptables » aux yeux d’Emmanuel Macron, il devra en « tirer les conclusions ».

Assistants parlementaires : « Il faut un égal traitement de tous, comme pour François Fillon » selon Buffet

Pour le sénateur LR François-Noël Buffet, si les révélations concernant Marielle de Sarnez paraissent « inacceptables » aux yeux d’Emmanuel Macron, il devra en « tirer les conclusions ».
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Les révélations sur les 19 eurodéputés français, de gauche, du centre et de droite, jette le trouble. Suite à une dénonciation de l’eurodéputé FN Sophie Montel, ils sont sous le coup d’une enquête préliminaire pour des soupçons d’emplois fictifs de leur collaborateur parlementaire, qui auraient en réalité travaillé pour leurs partis. Citée, Marielle de Sarnez, aujourd’hui ministre des Affaires européennes, dément, tout comme Jean Arthuis, Brice Hortefeux, Yannick Jadot ou Edouard Martin (voir notre article sur le sujet).

Pour certains parlementaires LR, la mise en cause d’un membre du gouvernement semble presque comme une revanche a posteriori, après l’affaire Fillon qui a certainement causé l’élimination du candidat LR. « Il faut un égal traitement de tous les parlementaires, comme a été le traitement de François Fillon à l’occasion de l’élection présidentielle » souligne le sénateur LR François-Noël Buffet, qui avait soutenu François Fillon dès la primaire. Si les faits sont avérés, le sénateur du Rhône, interrogé avant qu’on ait connaissance de la totalité des 19 noms, pousse même Emmanuel Macron à se séparer de Marielle de Sarnez. Il pointe le « décalage, par rapport à la position du gouvernement et la loi (de moralisation) qu’ils préparent sur ce sujet là. Il appartient maintenant au Président et au premier ministre de prendre les dispositions qui s’imposent en la circonstance. Tout le monde doit être logé à la même enseigne. Si les choses leur paraissent comme étant inacceptables,  ils doivent à ce moment là décider que la présence de tel ou tel au sein du gouvernement pose problème et en tirer la conclusion » (voir la première vidéo).

« Très gênant » pour François Bayrou

Cette enquête tombe effectivement mal pour le gouvernement, qui présentera dans une ou deux semaines son projet de loi sur la moralisation de la vie politique. Ce que souligne la sénatrice LR Catherine Procaccia : « C’est effectivement le Modem, quand il a rejoint Emmanuel Macron, qui a fait de la probité, de la transparence, son cheval de bataille. Et découvrir qu’il pourrait être concerné – je ne sais pas s’ils le sont effectivement – c’est très gênant par rapport au ministre, qui est Modem, et qui porte cette loi ». Regardez :

Catherine Procaccia sur les révélations sur Marielle de Sarnez
02:08

« Ça permet au FN de dire qu’il y a eu d’autres élus concernés. Mais c’est pour salir »

Du côté de La République en marche, on défend logiquement la ministre des Affaires européennes. La sénatrice Nicole Bricq, membre du groupe PS, y voit « de la politique de bas étage ». « Ce sont des vengeances. Ça permet au FN de dire qu’il y a eu d’autres élus concernés. Mais c’est pour salir les gens » estime Nicole Bricq.

« Marielle de Sarnez a répondu très clairement. La personne qu’elle employait était dans un cadre tout à fait légal, contrôlé par le Parlement et elle a effectué un travail réel. Si c’est vérifié, il n’y aura  plus d’affaire demain concernant cette ministre, ce que je souhaite » ajoute le sénateur LREM François Patriat. Regardez :

François Patriat : "Marielle de Sarnez a répondu très clairement"
01:26

Autre défenseur de Marielle de Sarnez, plus surprenant au premier abord : Gérard Longuet. Le sénateur LR, soutien de François Fillon jusqu’au terme de la campagne, n’entend pas « jouer l’imprécateur ». « Où passe la ligne de démarcation entre l’activité de parlementaire et de politique ? Bien malin celui qui pourra l’établir » affirme le sénateur de la Meuse. Vouloir séparer les deux activités est « totalement hypocrite » selon Gérard Longuet, qui souligne que « les partis concourent à l’expression de la vie politique ».

« Il est arrivé que certains collaborateurs aient travaillé pour leur parti politique »

Réels ou pas – l’enquête le dira – les faits reprochés dans la lettre de l’eurodéputé FN rappellent qu’il s’agit d’une pratique qui a pu avoir lieu au Parlement. Un assistant parlementaire, interrogé il y a déjà quelques années par publicsenat.fr, évoquait par exemple des collaborateurs en circonscription qui en réalité travaillaient pour « la fédé » locale du parti. Sous couvert d’anonymat, un parlementaire socialiste raconte que des collaborateurs pouvaient faire la campagne de leur parlementaire. Cela semble logique. C’est pourtant interdit durant le temps de travail. Ils ne peuvent le faire que durant leur temps libre, leurs congés, quitte à signer un autre contrat le temps de la campagne.

François-Noël Buffet affirme « avoir entendu parler dans le passé » d’histoires d’assistants travaillant en réalité pour le parti. « Il est arrivé que certains collaborateurs aient travaillé pour leur parti politique. Normalement, ce n’est pas permis. Ça pose sincèrement un problème. Ce n’est pas possible de mettre un collaborateur à disposition du parti. Là, on détourne le système » nous affirme le sénateur du Rhône, qui ne connaît pas d’exemple précis.

« Sur les collaborateurs en département ou région, c’est beaucoup plus difficile à contrôler »

Catherine Procaccia ne connaît pas non plus de cas. « J’ai lu un certain nombre de choses dans la presse » explique-t-elle, « mais en même temps, l’élu est souvent l’élu d’un parti politique. Que son collaborateur travaille pour lui et travaille aussi pour le parti ou en relation avec le parti, ce n’est pas forcément gênant. Car on porte des dispositions qu’on veut défendre mais aussi des positions du parti qu’on représente » estime la sénatrice (voir la fin de la seconde vidéo).

Le sénateur du groupe écologiste, André Gattolin, qui soutient Emmanuel Macron maintenant et « connaît bien le Parlement européen » en tant que proche de Daniel Cohn-Bendit, souligne que « le contrôle du travail effectif y est très sérieux, notamment en période de campagne ». Mais il reste une zone grise : « Sur les collaborateurs en département ou région, c’est beaucoup plus difficile à contrôler » souligne André Gattolin, « est-ce que cette personne travaille réellement pour son parlementaire dans le cadre de son travail ou est-ce qu’il travaille pour un parti ? » C’est ce que devra vérifier le parquet.

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