Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT a expliqué selon lui les deux sous-jacents de la réforme de l’assurance chômage, lundi 24 juin sur le plateau de Public Sénat et LCP lors « d’Audition publique » « On a aujourd’hui deux sous-jacents à cette réforme. Le premier, c’est un besoin de faire de très fortes économies. C’est une réforme budgétaire, mais à outrance parce que ce sont 3,5 milliards d’économies et sans doute plus », explique Laurent Berger.
Le responsable syndical voit également dans cette réforme une sorte de mépris vis-à-vis des chômeurs : « On a l’impression que l’idée est de dire « ces chômeurs, il faut les remettre au travail parce que finalement, ils n’ont pas vraiment envie de travailler. » »
Pourtant, du travail, « il y en a », affirme Laurent Berger, « à condition d’accompagner, de former, de permettre d’acquérir des compétences et à condition que les emplois disponibles ne soient pas précaires en permanence ».
« Cette réforme va toucher un million de personnes ».
Laurent Berger dénonce les annonces sur la réforme de l’assurance chômage faites par Édouard Philippe devant l’Assemblée nationale le lendemain du discours d’Emmanuel Macron au siège de l’OIT. « Ce n’est pas du tout cohérent avec le discours du président de la République à Genève, et ce n’est pas cohérent du tout avec le discours de justice sociale. C’est une réforme profondément injuste », affirme-t-il.
« Ça va toucher un million de personnes, ça va toucher les plus précaires, ça va toucher particulièrement les jeunes, les personnes qui sont en temps partiels imposés qui sont majoritairement des femmes et ça va toucher les cadres parce qu’il faut donner à cette réforme un semblant de justice sociale parce qu’il faudrait taper ceux qui ont des plus hauts revenus. »
« Ce qui me met en colère, c’est une forme de cynisme », poursuit le responsable syndical. D’abord parce que selon Laurent Berger, les Français vont plutôt être favorables à cette réforme, et surtout parce que le secrétaire général de la CFDT accuse l’exécutif de mentir dans son argumentaire.
« On nous fait croire que les règles qui étaient en vigueur, c’était pour répondre à la crise de 2008. Mais relisez ce texte, il n’y a aucun élément qui fait référence à la crise, c’est un mensonge », démontre-t-il. Laurent Berger prend en témoin le calendrier du texte. « L’accord assurance chômage de fin 2008 que nous avons signé tout seul ; il vient d’un accord de janvier 2008 sur la modernisation du marché du travail ou nous avions décidé de mettre ça en place ».
« Il n’y aura pas de mobilisation massive »
Interrogé sur les débouchés politiques et syndicaux de la mise en application du décret gouvernemental, Laurent Berger s’est montré plus que sceptique sur une mise en mouvement de la société contre la politique gouvernementale. « Je pourrais vous promettre des grandes manifestations sur le sujet, je sais très bien que ce n’est pas l’option à cette période ».
Mais le secrétaire général de la centrale syndicale réaffirme son opposition au texte de l’exécutif : « Une des fonctions du syndicalisme, c’est l’indignation. Cette réforme est inacceptable pour la CFDT. Il y a une chose qu’un syndicaliste ne doit jamais oublier, c’est de s’indigner quand c’est profondément injuste ».
« Ensuite, je peux vous assurer que cette réforme elle va coller comme un scotch sur une chaussure au gouvernement et qu’on énoncera les déclinaisons à chaque fois qu’on en aura l’occasion », conclut Laurent Berger. La CFDT et plusieurs autres organisations syndicales ont annoncé manifester demain devant le ministère du Travail.