Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a condamné lundi la posture "insupportable" du dirigeant tchétchène Ramzan Kadyrov qui a imputé à la France la "responsabilité" de l'attaque commise à Paris par un Français originaire de Tchétchénie.
Ramzan Kadyrov avait également suggéré que les Occidentaux formaient eux-mêmes des jihadistes qui pouvaient commettre "de tels actes".
"Nous n'avons pas de leçons à recevoir d'un dictateur qui ne respecte pas le début du commencement de l'Etat de droit dans son propre pays et qui par ailleurs sait très bien qu'il y a des milliers de Tchétchènes qui combattent du côté des rangs de Daech", a déclaré le chef de la diplomatie française interrogé par l'AFP à l'issue d'une rencontre avec son homologue britannique, Boris Johnson, à Londres.
"Cette posture nous est franchement insupportable, a ajouté Jean-Yves Le Drian.
Les autorités françaises ont désigné l'auteur présumé de l'attaque comme étant Khamzat Azimov, un Français de 20 ans originaire de Tchétchénie qui figurait depuis 2016 sur le fichier "S" (risque d'atteinte à la "Sûreté de l'Etat") des services de renseignement.
Dimanche, Ramzan Kadyrov, le dirigeant de la Tchétchénie, une république russe du Caucase a confirmé que l'auteur présumé de cette attaque, revendiquée par le groupe jihadiste Etat islamique (EI) était originaire de Tchétchénie, mais a souligné qu'il avait grandi en France.
"Sachant cela, je considère important de faire remarquer que toute la responsabilité pour le fait que Khamzat Azimov a décidé d'emprunter la voie de la criminalité revient entièrement aux autorités françaises", a déclaré dimanche M. Kadyrov sur la messagerie Telegram.
"Il n'a fait que naître en Tchétchénie mais il a grandi et a formé sa personnalité, ses opinions et ses convictions au sein de la société française", a poursuivi M. Kadyrov.
Le dirigeant tchétchène s'était également interrogé sur le fait que "les informations qui nous parviennent donnent des raisons de penser que Khamzat Azimov était en contact avec les forces de l'ordre et les services spéciaux français".
Il avait accusé "les pays occidentaux (d'avoir) créé des conditions favorables pour ceux qui sont hostiles à la Russie dans son ensemble et à la Tchétchénie en particulier".
"Les services spéciaux les préparent à agir dans les zones de conflits armés au Proche-Orient (...) Il est possible que certains échappent à leur contrôle et commettent de tels actes", avait-il affirmé.
Plusieurs attaques terroristes ont été commises ces dernières années par des Tchétchènes, principalement en Russie où une rébellion islamiste est active dans tout le Caucase du Nord. Cette rébellion a prêté allégeance à l'EI en 2015 et a été une source importante de combattants dans les rangs des groupes jihadistes en Syrie et en Irak.