Attaque à Strasbourg, une nouvelle situation de crise pour Emmanuel Macron
Toujours aux prises avec les "gilets jaunes", Emmanuel Macron voit son agenda bousculé par l'attaque meurtrière de Strasbourg qui a poussé...
Par Jacques KLOPP
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Toujours aux prises avec les "gilets jaunes", Emmanuel Macron voit son agenda bousculé par l'attaque meurtrière de Strasbourg qui a poussé plusieurs responsables à demander une trêve dans la crise qui secoue la France depuis un mois.
Le président de la République a rappelé que "la menace terroriste" était "toujours au coeur de la vie de notre nation", a indiqué le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux à la sortie du Conseil des ministres mercredi. La question d'un déplacement à Strasbourg "ne se pose pas à cette heure", a-t-il ajouté.
Pour l'instant, Emmanuel Macron n'a fait aucune déclaration publique hormis un tweet envoyé mercredi à 01H55 du matin dans lequel il a exprimé la "solidarité de la Nation tout entière pour Strasbourg, nos victimes et leurs familles".
Mais il suit évidemment la situation minute par minute et a tenu mercredi un conseil restreint de défense, après avoir présidé dans la nuit une réunion de crise au sous-sol du ministère de l'Intérieur.
Devant l'Assemblée nationale, qui a observé une minute de silence en hommage aux victimes, le Premier ministre Edouard Philippe a exprimé "l'émotion, la colère et la détermination de l'ensemble du peuple français" face à "cette attaque terroriste".
Si la situation à Strasbourg focalise l'attention de M. Macron, le président, qui se rend jeudi à Bruxelles pour un conseil européen, a maintenu à son agenda une réunion à l'Élysée mercredi après-midi avec une centaine de représentants d'entreprises françaises et étrangères.
"Dans le cadre de la mobilisation générale", il leur a demandé de contribuer à l'effort pour tenter de dénouer la crise des "gilets jaunes". De nombreux grands groupes français ont déjà annoncé le versement d'une prime de fin d'année à tout ou partie de leurs salariés, profitant de la défiscalisation annoncée lundi.
L'impact de l'attaque à Strasbourg sur la suite du mouvement des "gilets jaunes" reste à déterminer.
"Une trêve s'impose, par respect en la mémoire des victimes, et parce que nos forces de l'ordre sont mobilisées", a estimé mercredi le vice-président des Républicains (LR) Damien Abad.
Hommages rendus aux morts à Strasbourg, le 12 décembre 2018
AFP
"Le mouvement doit cesser", a insisté la ministre de la Justice, Nicole Belloubet. S'attirant aussitôt une réplique indignée de la députée insoumise Clémentine Autain, accusant le gouvernement d'"instrumentaliser l'événement dramatique" de Strasbourg.
- "Complot" et "rumeurs" -
De Tours à Marseille en passant par Calais, de nombreux "gilets jaunes" interrogés par l'AFP restent déterminés à faire entendre leur colère, dans la rue ou autour de ronds-points.
Sur les réseaux sociaux, mais aussi sur les points de blocage, plusieurs "gilets jaunes" ont également agité des thèses complotistes en voyant la main de l'État dans cette attaque pour détourner l'attention.
Patrick, un "gilet jaune" de Strasbourg, ne "peut s'empêcher de penser que c'est bizarre, c'est un coup monté".
Des membres de la majorité, à l'image du député Aurélien Taché, ont dénoncé ces "fake news répugnantes". Très ému, le député LREM du Bas-Rhin Bruno Studer a exprimé d'une voix tremblante à l'Assemblée sa "colère" et sa "honte" face à ceux qui "crient au complot" dans le "confort indécent" de l'anonymat sur internet.
Le chef de file de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon a demandé de "ne colporter aucune rumeur" sur l'attaque de Strasbourg.
La présidente du Rassemblement national, Marine Le Pen, pour sa part, "suppose que les manifestations des +gilets jaunes+ ne pourront pas avoir lieu samedi", la France étant placée en "urgence attentat".
Aucune interdiction de manifester au niveau national n'a été prise, a répondu le secrétaire d'État à l'Intérieur Laurent Nuñez qui a cependant ajouté "espérer qu'il y aura moins de manifestations".
L'attaque de Strasbourg a aussi fait ressurgir de vieux débats sur les fichés S (pour "sûreté de l'Etat), droite et extrême droite dénonçant à l'unisson le laxisme du gouvernement.
Mercredi, Benjamin Griveaux a fustigé le "concours de tweets emporté au finish par Laurent Wauquiez contre Marine Le Pen" mardi soir, "alors que des personnes étaient décédées, des personnes blessées et des opérations de police encore en cours".
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