A deux jours du premier tour de la présidentielle, l’attentat des Champs-Elysées prend une tournure politique. Alors que l’incertitude est toujours aussi forte sur l’issue du scrutin de dimanche, le premier ministre Bernard Cazeneuve a en substance accusé Marine Le Pen et François Fillon de chercher à récupérer l’événement. Il leur reproche d’avoir choisi « l'outrance et la division ».
Le premier ministre accuse la candidate Front national de « chercher, comme après chaque drame, à profiter et à instrumentaliser pour diviser. Elle cherche à exploiter sans vergogne la peur et l'émotion à des fins exclusivement politiciennes ». Bernard Cazeneuve souligne que « rien ne permet de faire le lien entre l’immigration, l’asile et ce qui s’est passé hier soir à Paris ». Il ajoute : « Madame Le Pen cherche à en faire une opportunité, une occasion médiocrement électorale ».
Cazeneuve : "C'est l'obscurantisme et l'intolérance qui doivent être combattus"
Quant à François Fillon, il « préconise la création de 10.000 postes de policiers. Comment croire sur ce sujet un candidat qui lorsqu'il était Premier ministre en avait supprimé 13.000 dans les forces de sécurité intérieure ? », a ajouté le premier ministre, rappelant que le candidat de droite propose de supprimer au total 500.000 postes de fonctionnaires.
Le candidat Les Républicains, qui a décidé d’annuler ses derniers déplacements, a un peu plus tôt mis en cause l’exécutif, tout en appelant à « l’unité ». « Certains n'ont semble-t-il pas encore totalement pris la mesure du mal qui nous agresse et que j'entends combattre d'une main de fer », a-t-il assuré, car il « convient d'être lucide et sans angélisme ». « Ce combat pour la liberté et la sécurité des Français sera le mien ; il doit être la priorité du prochain quinquennat ; il réclamera une détermination inflexible et un sang-froid à toute épreuve », a déclaré l'ex-premier ministre, qui veut que « les fichés S soient placés en détention dans un cadre judiciaire, ou sous surveillance administrative ».
Marine Le Pen a elle d’abord mis en cause le pouvoir socialiste : « A ce président notoirement défaillant, à ce gouvernement éphémère, usé par l'inaction (...), je ne demande que l'ultime sursaut, avant de quitter le pouvoir ». « La guerre qui nous est menée est asymétrique, révolutionnaire, elle a pour objectif notre soumission à une idéologie meurtrière (...). Cette guerre nous est menée sans pitié et sans répit. Chacun comprendra que nous ne pouvons pas la perdre. Or depuis dix ans, sous les gouvernements de droite et de gauche, tout a été fait pour que nous la perdions », a dénoncé Marine Le Pen depuis son QG de campagne parisien. La candidate du FN a estimé qu'il fallait une « présidence qui agisse et qui protège (...). La réponse doit être globale, totale ».
Nicolas Dupont-Aignan, candidat de Debout la France (DLF): "Le temps des hommages est là" mais "cet énième attentat prouve (...) qu'il faut changer de dimension si l'on veut assurer la sécurité des Français".