Attentats de Charlie Hebdo : Bernard Cazeneuve raconte les coulisses du ministère de l’Intérieur

Attentats de Charlie Hebdo : Bernard Cazeneuve raconte les coulisses du ministère de l’Intérieur

Mardi devant les sénateurs, Bernard Cazeneuve, ancien Premier ministre et ministre de l’Intérieur, a décrit les coulisses de la gestion des attentats de Charlie Hebdo et de l’Hyper Casher en janvier 2015, depuis le ministère de l’Intérieur.
Alexandre Poussart

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Auditionné mardi par les sénateurs sur le malaise de la police, Bernard Cazeneuve, ancien Premier ministre et ministre de l’Intérieur, a raconté les coulisses de la gestion des attentats de Charlie Hebdo et de l’Hypercasher, depuis le ministère de l’Intérieur, qu’il occupait alors, place Beauvau.

Bernard Cazeneuve a évoqué la journée du mercredi 7 janvier 2015, date de l’attaque de la rédaction du journal satirique Charlie Hebdo. « Lorsque les frères Kouachi ont commis leur crime abject à la rédaction de Charlie Hebdo, nous avons lancé des opérations de recherche et j’ai réuni tous les directeurs généraux du ministère de l’Intérieur dans la salle du Fumoir, au ministère. » Cette salle rassemble notamment les chefs de la police, de la gendarmerie, du RAID, du GIGN et des renseignements.

« Les journalistes des chaînes d’info étaient à 1 mètre des hommes du RAID »

« Le mercredi soir, une opération est menée dans un immeuble à Reims et nous y assistons depuis la salle du Fumoir. J’observe alors que les journalistes des chaînes d’information en continu se trouvent à 1 mètre des policiers du RAID qui sont en train d’intervenir. Je suis très en colère. Je demande des explications aux directeurs concernés. C’était inconcevable que des journalistes se trouvent dans une opération d’une telle nature. »

« Personne ne sortira de cette salle avant qu’on ait retrouvé les terroristes »

Attentats de Charlie Hebdo : Bernard Cazeneuve dans la salle du Fumoir
Attentats de Charlie Hebdo : Bernard Cazeneuve dans la salle du Fumoir

Bernard Cazeneuve avoue avoir alors perçu « un manque de coordination et de communication au sein du ministère de l’Intérieur, sans doute dicté par l’idée que tel ou tel service attrape les terroristes. J’ai donc indiqué aux différents directeurs que personne ne sortirait de la salle du Fumoir avant qu’on ait retrouvé les terroristes. Et puis il y a eu les attaques de Montrouge, de l’Hyper Casher et la marche du dimanche. Ils sont sortis de cette salle le mardi matin, dans un état d’épuisement. » Au total, les attaques de janvier 2015 ont fait 20 morts, dont 3 terroristes.  

« Faire des choix tactiques »

« Nous avons vécu un épisode poignant et humain », raconte l’ancien Premier ministre. « Des hommes responsables devaient faire des choix tactiques. On se demandait par exemple si on enlevait nos forces de Dammartin-en-Goële pour les redéployer car les frères Kouachi pouvaient se trouver ailleurs en région parisienne. »  

« Une coordination permanente au ministère de l’Intérieur »

« Ce que je retire de cette expérience, c’est qu’on ne peut pas piloter le ministère de l’Intérieur sans une coordination permanente », analyse Bernard Cazeneuve. « Il n’y a pas simplement un problème de moyens et de structure, le management est fondamental pour assurer une bonne coordination. Il faut faire attention à chaque personne. »

Retiré de toute responsabilité politique, Bernard Cazeneuve exerce la profession d’avocat et délivre des cours à Sciences Po et des conférences, notamment sur la lutte anti-terroriste.

 

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