Attentats de l’Aude: émotion et recueillement pour les adieux aux victimes

Attentats de l’Aude: émotion et recueillement pour les adieux aux victimes

"Quelle tristesse inouïe". La dernière journée d'hommage aux quatre personnes tuées le 23 mars lors des attentats islamistes de l'Aude s'est...
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Par Hugues JEANNEAUD et Hervé GAVARD

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"Quelle tristesse inouïe". La dernière journée d'hommage aux quatre personnes tuées le 23 mars lors des attentats islamistes de l'Aude s'est déroulée jeudi dans l'émotion et le recueillement à Trèbes et Carcassonne.

Devant Edouard Philippe, les ministres de l'Intérieur Gérard Collomb et de la Justice Nicole Belloubet, le maire de Villedubert, dont la première victime était originaire, a débuté, étranglé par le chagrin, l'hommage solennel sur la place des armes de Trèbes, où avaient été alignés les cercueils des trois Audois tombés sous les balles du jihadiste Radouane Ladkim.

"Ce n'était pas l'heure de partir pour aucun d'entre eux", a déclaré Marc Rofes, évoquant le "déchirement" des familles réunies devant lui, le visage grave, souvent en sanglots.

"Vous êtes tombés sous les balles du terrorisme et avez emporté avec vous l'insouciance d'une petite ville d'Occitanie que rien ni personne ne prédisposait à vivre de tels événements", a poursuivi le maire de Trèbes Eric Menassi, en présence de plusieurs centaines de personnes réunies sous un soleil froid.

"Quelle tristesse inouïe", a-t-il lancé, "qui aurait pu croire que nous nous retrouverions un jour (ici) pour honorer la mémoire de quatre personnes assassinées sur l'autel du fanatisme le plus insensé?"

"Trèbes, au sein de la République, restera debout et fière de ses valeurs", a conclu la voix soudainement cassée par l'émotion, l'édile de Trèbes, dont le supermarché a été la cible de l'islamiste.

Edouard Philippe, Gérard Collomb et Nicole Belloubet se tiennent derrière des membres de la famille d'une des victimes des attentats de l'Aude lors d'un hommage solennel à Trèbes, le 29 mars 2018
Edouard Philippe, Gérard Collomb et Nicole Belloubet se tiennent derrière des membres de la famille d'une des victimes des attentats de l'Aude lors d'un hommage solennel à Trèbes, le 29 mars 2018
AFP

Au lendemain de l'hommage national rendu au colonel Arnaud Beltrame, qui a donné sa vie pour sauver une otage, les proches de Jean Mazières, 61 ans, de Christian Medves, 50 ans, et de Hervé Sosna, 65 ans, ont déposé des roses blanches sur les trois cercueils, avant que ne résonne la Marseillaise.

"Il faut que ça s’arrête", a lancé Thierry Lefranc. "On habite dans un département rural. C'est inimaginable pour nous", a déclaré Julie, une habitante trentenaire.

Premier à être tombé sous les balles de Lakdim, Jean Mazières, viticulteur à la retraite. Le petit délinquant radicalisé l'a abattu dans une voiture stationnée sur un terrain boisé de Carcassonne peu avant 10h00.

Le conducteur, 26 ans, de nationalité portugaise, a été atteint d'une balle dans la tête. Il est toujours dans un état grave.

Le tueur de 25 ans, qui s'est revendiqué du groupe Etat islamique, s'est ensuite rendu au Super U de Trèbes et a tué immédiatement un employé, Christian Medves, chef boucher, ainsi qu'un client, Hervé Sosna, maçon à la retraite. "Deux Trébéens qui étaient l'exacte antithèse de la haine et de l'obscurantisme", selon le maire. Leurs obsèques ont lieu séparément jeudi à Trèbes et Villedubert.

- "fléau du terrorisme" -

MM. Collomb et Belloubet se sont ensuite rendus à Carcassonne pour visiter l'espace d'accompagnement des victimes puis assister à la messe des obsèques du colonel Arnaud Beltrame à la cathédrale Saint-Michel, à laquelle participaient de nombreux gendarmes et militaires de toutes les forces armées.

Les cercueils de Jean Mazières, Christian Medves et Hervé Sosna, victimes des attentats dans l'Aude,  sont portés lors d'une cérémonie d'hommage à Trèbes, le 29 mars 2018
Les cercueils de Jean Mazières, Christian Medves et Hervé Sosna, victimes des attentats dans l'Aude, sont portés lors d'une cérémonie d'hommage à Trèbes, le 29 mars 2018
AFP

Le colonel Beltrame, 44 ans, s'était substitué à une otage dans le supermarché. Il a été mortellement blessé au cou par Lakdim, abattu lors de l'assaut du GIGN.

Autour de la cathédrale de Carcassonne, au coeur des remparts de la citadelle, où un périmètre de sécurité a été mis en place, le cercueil d'Arnaud Beltrame, arrivé sous escorte policière avait été accueilli en fin de matinée sur le parvis par l'évêque Mgr Alain Planet qui a présidé une messe d'une heure et demie.

Après avoir entendu "la prière du gendarme", les proches du colonel Beltrame ont prié pour les trois autres victimes, "pour les civils et les militaires blessés, pour ceux qui ont vécu cette épreuve".

Dans la prière universelle, ils ont demandé à ce que "le monde entier" soit "délivré du fléau de la guerre et du terrorisme", selon le livret de messe, publié par l'hebdomadaire La Vie.

Dans son homélie, le frère Jean-Baptiste, qui devait célébrer en juin le mariage religieux du gendarme, "a rappelé en quoi le dernier sacrement qu'il a donné à Arnaud Beltrame au moment où il est mort à l'hôpital, donnant la main à sa femme, était de même nature que ce mariage", a rapporté à l'AFP, Nicolas, ami de la famille.

A Trédion (Morbihan), le village de la mère d'Arnaud Beltrame, une cérémonie en l'honneur du gendarme s'est tenue devant plus de 150 personnes. "C'est un hommage à tous les corps d'arme qui risquent leur vie pour nous protéger"", a témoigné sa cousine Pascale Nicolic.

Le maire de la commune, Jean-Pierre Rivoal, a salué le courage d'un homme qui "porte haut les valeurs de la France". Arnaud Beltrame devait être inhumé dans l'après-midi à Ferrals, dans les Corbières, où il résidait.

Un hommage à Arnaud Beltrame se tiendra par ailleurs ce week-end en finale de la Coupe de la Ligue et sur les pelouses de L1 et L2.

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