Ce mardi, Marc Ferracci, ministre délégué de l’Industrie, était l’invité de la matinale de Public Sénat. Alors que le projet de loi de finances sera présenté jeudi, le ministre est revenu sur la proposition de Michel Barnier d’augmenter les impôts des grandes entreprises. Il a par ailleurs admis que la suggestion de Gérald Darmanin de mettre fin aux 35 heures « n’était pas une priorité ».
« Attention à ne pas glisser vers un régime trop dirigiste ! » : ambiance au Sénat après le boycott
Par Public Sénat
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Un après-midi singulier au Sénat. Il est 17 h 24, les écrans de la salle des séances affichent une infographie de l’hémicycle presque vide : seulement 45 sénateurs, sur les 348 que compte la chambre, ont pris part au vote qui a suivi la déclaration du gouvernement sur les nouvelles mesures sanitaires. La majorité des groupes ont choisi de ne pas cautionner le scrutin, mécontent d’être placés devant le fait accompli, le cadre sanitaire du mois d’avril ayant été exposé par Emmanuel Macron la veille au soir. Salle des conférences, cinq groupes politiques – de la droite aux communistes – donnent une conférence de presse commune. L’image est inédite.
A notre micro, les sénateurs reviennent sur cette séance particulière. La centriste Françoise Gatel estime que l’absence de la quasi-totalité du Sénat sur le vote ne signifie pas une opposition aux mesures, mais bien une réaction au sentiment d’un Parlement qui « n’est pas associé » à la gestion de crise. « On ne peut pas dire que le Parlement ralentirait la course contre le covid-19. A chaque fois que le gouvernement nous a demandé de voter des lois d’urgence, nous l’avons fait. Nous n’avons rien ralenti », a rappelé la présidente de la délégation aux collectivités territoriales. Annoncer des mesures à la télévision avant un vote symbolique qui ne peut changer le contenu de ce troisième confinement : « Il y a danger », estime-t-elle. « Attention à ne pas glisser vers un régime trop dirigiste ». « Ce sera plus facile d’avoir un Parlement qui porte avec vous les mesures sanitaires pour qu’on retrouve la confiance de nos concitoyens », a-t-elle conseillé.
« Nous sommes en quelque sorte informés, priés de bien vouloir voter et approuver »
Le socialiste Jean-Pierre Sueur juge lui aussi que l’état de la relation entre l’exécutif et les parlementaires a atteint un seuil qui n’est plus tolérable. « Ce n’est pas comme ça que je vois le dialogue constructif entre un exécutif et un Parlement très divers et respectueux de la pluralité des opinions françaises », s’est-il exclamé. L’ancien président de la commission des lois affichage sa déception, après le discours du Premier ministre, traduisant des mesures déjà arrêtées. « Cela aurait été plus naturel que l’on puisse être sollicité pour demander notre avis, qu’on puisse quand même participer à ce nouveau dispositif, mais nous ne participons pas. Nous sommes en quelque sorte informés, priés de bien vouloir voter et approuver. »
Sénateur non-inscrit à un groupe, Stéphane Ravier (Rassemblement nationale) a, lui, dénoncé le « coup de force permanent » et le « pouvoir solitaire » du président de la République. Il est l’un des deux seuls sénateurs à avoir voté contre la déclaration. Interrogé sur cette photo « œcuménique » des différentes tendances du Sénat, qui a refusé de participer au vote d’un seul bloc, le sénateur marseillais raille : « Tout cela pourrait ressembler à une opposition, mais c’est une opposition de façade, de salive. » A quelques mètres du trône de Napoléon, dans ce palais marqué par l’histoire du Premier empire, le sénateur RN estime que ses collègues auraient dû aller au bout de leur logique et voter contre. « Les sénateurs sont un peu comme les grognards [les soldats de Napoléon Bonaparte, ndlr]. Ils grognent mais ils avancent […] Mon vote a été cohérent. »