Au Congrès des Régions, « sans grandes annonces », Elisabeth Borne tente de regagner la confiance les élus

Lors d’un discours devant les présidents de région, la Première ministre a défendu la nécessité d’un « dialogue » permanent entre les territoires et l’Etat, régulièrement taxé de verticalité. Elle a annoncé le lancement des « COP territoriales », sorte de relais locaux de la planification écologique.
Romain David

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« Je ne viens pas faire de grandes annonces, ni vous expliquer comment gérer vos politiques publiques ». Exercice difficile pour la Première ministre ce jeudi 28 septembre, qui s’exprimait devant les présidents de régions, réunis pour leur congrès annuel à Saint-Malo. La cheffe du gouvernement s’est livrée à une séance de câlinothérapie, réaffirmant sa volonté de « coconstruire » avec les collectivités, dans un contexte de tensions entre les élus et le président de la République.

Dimanche, lors de l’entretien qu’il a accordé à TF1 et à France 2, le chef de l’Etat a multiplié les piques, fustigeant notamment la hausse de la taxe foncière dans certaines communes alors que le gouvernement s’est engagé à faire baisser les impôts. Il a également balayé l’hypothèse d’une réduction des taxes sur les carburants tant que les présidents de région ne seront pas en mesure de présenter un plan d’économie sur leurs budgets.

« Il y a un an, je prenais devant vous un engagement. Toujours dialoguer, toujours construire des politiques communes. C’est ensemble, en confiance que nous répondrons aux attentes de nos concitoyens. Ce dialogue et cette volonté de construire ensemble sont le fil rouge de notre action », a déclaré Élisabeth Borne. Elle a réaffirmé une ligne de conduite bâtie autour de trois axes : « Concertation, confiance, différenciation », estimant que la collaboration avec les territoires était essentielle pour atteindre l’objectif du plein-emploi, accélérer sur la réindustrialisation et la transition écologique.

La planification écologique déclinée dans les territoires

Ce congrès des régions a été l’occasion pour la Première ministre de prolonger la séquence ouverte la semaine dernière sur la planification écologique, en annonçant le lancement des « COP territoriales », instances de dialogue copilotées par les présidents de régions et les préfets afin d’articuler la transition aux enjeux locaux. « Nous démarrons une seconde phase : la mise en œuvre et le déploiement concret de nos mesures avec la territorialisation de la planification écologique. Je tiens à ce que cette planification soit le fruit d’un travail partagé entre l’Etat et les territoires », a-t-elle expliqué.

« Les actions venues d’en haut, imposées depuis Paris, nous savons que cela ne marche pas. Pour être efficace, nous devons faire converger travaux nationaux et remontées des territoires », a reconnu cette ancienne préfète.

« Nous devons vous donner des marges de manœuvre »

Un peu plus tôt, Carole Delga, la présidente de la région Occitanie, et Gérard Larcher, le président du Sénat, avaient pris la parole pour dénoncer la verticalité de l’Etat, l’absence réelle de décentralisation et une possibilité d’action souvent étouffée par « l’inflation normative ». Le sénateur a également pointé du doigt un système de financement à bout de souffle, appelant à sa refonte sur la base d’un rapport présenté par la Chambre Haute cet été.

« Nous devons vous donner des marges de manœuvre pour vous permettre d’innover », a reconnu Élisabeth Borne. « La confiance passe par le respect des engagements réciproques. Nous devons soutenir davantage l’investissement local. Nous devons réfléchir à certains sujets, comme le financement des transports », a encore admis la Première ministre. Ces déclarations interviennent alors qu’Emmanuel Macron vient de proposer « une autonomie à la Corse dans la République ».

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