Mardi, jour de conseil municipal à Gasny, dans l'Eure. Le secret a été bien gardé. Seul le maire sait qu'Emmanuel Macron viendra assister au...
Au conseil municipal de Gasny, Macron lance le grand débat avant l’heure
Mardi, jour de conseil municipal à Gasny, dans l'Eure. Le secret a été bien gardé. Seul le maire sait qu'Emmanuel Macron viendra assister au...
Par Laurence BENHAMOU
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Mardi, jour de conseil municipal à Gasny, dans l'Eure. Le secret a été bien gardé. Seul le maire sait qu'Emmanuel Macron viendra assister au conseil avant sa rencontre avec 600 maires normands à Grand Bourgtheroulde, le coup d'envoi officiel du grand débat.
La vingtaine de conseillers municipaux sont en passe d'entrer dans la belle mairie de briques rouges quand l'invité surprise arrive, avec ses conseillers et le ministre des Collectivités Sébastien Lecornu. Tous s'installent autour d'une longue table rectangulaire. Emmanuel Macron à la droite du maire, Pascal Jolly, qui préside l'assemblée, Sébastien Lecornu à sa gauche. Et le conseil commence.
"Je suis un peu troublé", hésite le maire, au milieu des caméras qui se bousculent et des conseillers qui filment avec leur smartphone.
"Nous allons parler de la salle des fêtes, pour son bilan énergétique", démarre-t-il bravement. Mais il n'a pas commencé à évoquer le sujet du jour depuis deux minutes qu'il parle au président de ce qui lui tient à coeur.
Ce n'est pas tous les jours qu'on peut présenter ses doléances au chef de l'Etat. "Il faut améliorer le statut de l'élu, lui dit-il. Moi après mon travail, quand je viens en mairie, j'ai énormément de documents à lire, etc."
Le maire a donné le ton. Après lui, les conseillers municipaux exposent un à un leurs soucis. Et surprise, c'est un véritable condensé des problèmes des Français, ceux-là mêmes qu'Emmanuel Macron va entendre pendant les deux mois du grand débat. Car il y a dans la salle un véritable panel de mécontents.
Tour à tour, le chef de l'Etat écoute un employé de la SNCF opposé à la réforme du rail et qui a posé son gilet jaune sur la table. Puis un infirmier hospitalier qui se plaint du gel du point d'indice des fonctionnaires et prévient du "ras-le-bol de l'hôpital".
Un conseiller fustige la taxe "punitive" sur les carburants. Un retraité raconte la baisse de son pouvoir d'achat, sur un ton de tribun: "moi je voudrais parler au nom de tous les retraités de France, moi j'ai perdu 15% de pouvoir achat en novembre."
- Les gilets jaunes ? "Une chance" -
Un autre, mine de rien, défend les "gilets jaunes": "on dit que les Français se désintéressent de la vie politique, c'est une bonne chose pour la démocratie."
Emmanuel Macron, lors du conseil municipal de Gasny, le 15 janvier 2019
POOL/AFP
Le président écoute attentivement. "Tout le monde s'est exprimé" ? demande-t-il. Et là, offensif, il répond sur tous les thèmes et défend à nouveau ses réformes.
Pour la première fois, il prononce publiquement le mot "gilets jaunes" et ose un mea culpa sur un manque d'écoute de sa part.
Le niveau des retraites ? "J'entends votre message, qui a été porté par les gilets jaunes" promet-il.
Sur la SNCF, "la réforme était bonne et il fallait la faire, l'entreprise était en train de tomber". Mais, ajoute-t-il, "peut-être qu'on peut mieux faire si on continue la consultation pendant la réforme".
Quant au mouvement des "gilets jaunes", il est en fin de compte "une chance pour qu'on puisse réagir plus fort et plus profondément", assure le chef de l'Etat.
Avant de partir de déjeuner dans une pizzeria de Vernon en compagnie de commerçants et de retraités, Emmanuel Macron aborde le thème de la pauvreté.
"Une partie du traitement de la pauvreté est dans les personnes qui vivent en situation de pauvreté. Pas dans le face-à-face entre ceux qui profiteraient d'un côté et ceux qui seraient les vaches à lait de l'autre. Elle est dans un travail collectif très fin. Les gens en situation de difficulté, on va davantage les responsabiliser car il y en a qui font bien et il y en a qui +déconnent+."
Une phrase qui n'a pas manqué de faire réagir dans l'opposition. "Le président n'a rien compris. Sa façon de jeter en pâture les plus faibles est insupportable", a dénoncé aussitôt le patron du Parti socialiste Olivier Faure.
Le paysage audiovisuel français est en train de se fracturer en deux blocs. L’animateur vedette, Pascal Praud a accusé la patronne de France Télévision, Delphine Ernotte de mettre « une cible » sur les journalistes sa chaîne, après que cette dernière a qualifié CNews de « chaîne d’extrême droite ». A moins de deux ans de l’élection présidentielle, l’Arcom, le gendarme de l’audiovisuel, subit une pression inédite. Son président, Martin Ajdari sera, auditionné dans quelques jours au Sénat.
Dans une lettre adressée aux maires de France, le premier ministre répète qu’« un grand acte de décentralisation sera bientôt présenté devant le Parlement pour définir précisément la compétence de chacun ».
A l’appel de l’intersyndicale, des centaines de milliers de personnes sont descendues dans la rue partout en France pour protester contre le projet de budget pour 2026. Dans le cortège parisien, les manifestants, pas convaincus par la nomination de Sébastien Lecornu à Matignon, sont déterminés à maintenir la pression sur l’exécutif. Reportage.
Alors que le ton se durcit entre les dirigeants de l’audiovisuel public et la chaîne CNews de Vincent Bolloré, qualifiée « d’extrême droite » par Delphine Ernotte, une délégation de sénateurs LR sera reçue par la patronne de Radio France Sibyle Veil le 30 septembre. Le 1er octobre, le président de l’Arcom, Martin Ajdari sera, lui, auditionné par la commission de la culture et de la communication de la chambre haute.