Au groupe PS du Sénat, l’idée d’une participation à la majorité fait son chemin
Pour faire barrage à Marine Le Pen, les sénateurs socialistes voteront Emmanuel Macron. Beaucoup veulent également que le Parti socialiste soit l’une des composantes de la future majorité parlementaire.

Au groupe PS du Sénat, l’idée d’une participation à la majorité fait son chemin

Pour faire barrage à Marine Le Pen, les sénateurs socialistes voteront Emmanuel Macron. Beaucoup veulent également que le Parti socialiste soit l’une des composantes de la future majorité parlementaire.
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Séance débriefing au groupe socialiste du Sénat, la première depuis la proclamation des résultats du premier tour de la présidentielle. Durant plus d’une heure, les participants n’ont pas seulement insisté sur le vote-barrage contre le Front national. La réunion qui s’est tenue à huis-clos, sans les assistants parlementaires, a aussi été un moment d’introspection du groupe mais aussi l’occasion d’échanger sur les législatives, dont les stratégies se décideront aussi dans les jours à venir. Bonne ambiance, des échanges « très francs » et « sereins », à en juger par les sénateurs présents à la réunion, pour la plupart sur une ligne sociale-démocrate ou vallsiste, à l’image du groupe.

« Ils sont unanimes pour soutenir Emmanuel Macron au deuxième tour de la présidentielle. Et pour être dans une majorité présidentielle et parlementaire, sauf un », déclare à la sortie le président du groupe Didier Guillaume. « Il y a une nette majorité qui se voit dans la majorité présidentielle », appuie le sénateur René Vandierendonck, sénateur du Nord, qui avait soutenu Manuel Valls durant la primaire.

François Patriat, qui est membre de la commission chargée des investitures à En Marche, martèle à notre micro les règles, sans cesse répétées : « pas d’accord d’appareil global » et, surtout, pas de double appartenance En Marche-Parti socialiste. « Au moment, où je parle, elle n’est pas prévue », prévient-il. « Les élus doivent démontrer leur capacité à demain être des soutiens sans faille du président de la République. Il ne s’agit pas de reconstruire des groupes qui seront les frondeurs de demain » :

François Patriat : "Il ne s’agit pas de reconstruire des groupes qui seront les frondeurs de demain"
01:01

Des accords « au cas par cas » entre le PS et En Marche ?

Beaucoup estiment que le Parti socialiste aura un rôle à jouer dans le futur parlement. Partisan depuis plusieurs semaines d’une « majorité pluraliste » qui inclurait le Parti socialiste, Jean-Pierre Sueur croit à l’importance des « points de convergences » :

« Je souhaite qu’il y ait une majorité pour le nouveau président de la République et que, dans cette majorité, le Parti socialiste puisse jouer son rôle, peser de son poids, être lui-même, et qu’il puisse y avoir un contrat avec En Marche et avec les autres composantes de la majorité. »

La configuration du premier tour, avec un électorat de gauche très éclaté entre Emmanuel Macron, Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon, doit déboucher sur des « accords » entre les socialistes et En Marche, espère Jean-Pierre Sueur. « Il n’est pas trop tard pour discuter […] Je voudrais bien qu’il y ait des candidats qui soient à la fois soutenus par le Parti socialiste et En Marche de manière à éviter une dispersion qui peut être complètement délétère. »

Jean-Pierre Sueur : "Nous sommes beaucoup à penser qu'il faut une majorité"
01:45

C’est également l’avis de Bernard Cazeau, sénateur de la Dordogne et soutien d’Emmanuel Macron, qui a bien étudié la carte électorale de son département et les risques qui pèsent sur l’accession au second tour d’une législative. « J’ai dit à François Patriat qu’il fallait des accords au cas par cas […] Cela va se débattre. »

« La parenthèse Hamon est finie »

Au même moment, Manuel Valls réunissait ses troupes dans un restaurant proche de l’Assemblée nationale. Peu s’arrêtent devant les caméras pour commenter le choix de l’ancien Premier ministre, « prêt à participer » à la majorité d’Emmanuel Macron. Le député de l’Essonne Malek Boutih affirme qu’il « faut être clairement dans la majorité présidentielle » et rappelle qu’Emmanuel Macron était l’un des ministres du quinquennat. « Il faut un peu se ressaisir. La parenthèse Hamon est finie. »

Malek Boutih : "la parenthèse Hamon est finie"
00:28

Au groupe socialiste, les primaires et le résultat qu’elles ont engendré n’ont pas non plus bonne presse. Catherine Tasca, vallsiste en janvier, observe une « coupure très forte entre les composantes du PS » et espère que la ligne sera « clarifiée » :

« Je pense que la campagne a été menée sur une ligne politique représentée par Benoît Hamon qui ne traduit absolument pas la position politique de la majorité de ce parti. Il va falloir se donner les moyens d’éclaircir ce sujet. »

Catherine Tasca : "C'est très grave de se retrouver à ce niveau de rejet"
00:58

Celles-ci viendront, mais pas maintenant. « L'introspection viendra [...] Mais pas maintenant. Car le temps de l'explication n'est pas venu », annonçait hier le premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis.

Une tribune des hollandais pour peser

Si les grandes manœuvres ont débuté chez les vallsistes, les hollandais ne sont pas en reste. Réunis autour du porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll, ces défenseurs du quinquennat ont publié lundi soir une tribune dans Le Monde, intitulée « Emmanuel Macron peut réserver les chances de la France ». Le texte appelle au « rassemblement » et à « l’unité » dans le combat contre le Front national », mais aussi entre les lignes, dans l’optique des législatives. Dans les signatures, on compte six sénateurs socialistes, dont Alain Anziani ou Roger Madec.

L’opération n’a pas été du goût de Luc Carvounas, qui l’a fait savoir sur son compte Twitter. Absent à la réunion de groupe au Sénat, le sénateur du Val-de-Marne, engagé dans la campagne de Benoît Hamon après avoir été vallsiste, considère que « 160 signataires à peine » n’est pas « au niveau du rendez-vous historique ».

Pendant qu’ils évoquent les échéances de juin et spéculent sur la majorité d’un président encore loin d’être élu, beaucoup de sénateurs rappellent que l’enjeu immédiat reste la présence de Marine Le Pen au second tour. « Il ne faut pas négliger le fait de repasser devant les électeurs », met en garde Michèle André.

« Le danger que représente le Front national est réel. Dans cette réunion, beaucoup l’ont dit : ne faisons pas si le second tour était acquis », tempère Jean-Pierre Sueur.

Jean-Pierre Sueur : "Ne faisons pas comme si le second tour était acquis"
00:41

Le chef de l’État, en marge d’un déplacement à Laval, avertit lui aussi que « la victoire contre l'extrême-droite n’est pas acquise ».

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