Au Liban, Emmanuel Macron promet un nouveau pacte politique

Au Liban, Emmanuel Macron promet un nouveau pacte politique

Lors d'une longue visite dans Beyrouth, 48 heures après la double explosion qui a détruit le port et une partie de la ville, le président français est sorti du cadre diplomatique habituel. Interpellé par des Libanais, il a accusé la classe politique de porter « une responsabilité historique » dans ce drame, tout en l'appelant à lutter contre la corruption.
Public Sénat

Par Michael Pauron

Temps de lecture :

3 min

Publié le

En visite au Liban depuis ce matin, le président français Emmanuel Macron s’est posé en chef de la coordination internationale, quarante-huit heures après la double explosion au port de Beyrouth qui a fait au moins 136 morts, 5 000 blessés, et 300 000 sans-abri. À peine le pied posé sur le sol libanais, ses premiers mots n’ont pas ménagé la classe politique.

Il a affirmé apporter le « soutien et la solidarité fraternelle de la France », et souhaité « organiser l’aide internationale », notamment avec un « soutien supplémentaire européen ». Il a également évoqué la nécessité d’un « dialogue de vérité », assurant que « la crise politique, économique, sociale et morale » portait « la responsabilité historique des dirigeants en place » et imposait « des réactions extrêmement rapides. »

« On ne peut pas faire l’économie de cette vérité, a-t-il continué, promettant notamment que l’aide immédiate irait « sur le terrain pour toucher les Libanais », qu’elle serait « garantie pour qu’elle n’aille pas dans la main de la corruption ».

Il promet un nouveau pacte et de revenir

« On ne vous lâchera pas », a-t-il promis. Durant la visite de l’épicentre du drame, puis d'un quartier chrétien et francophile, dans une chorégraphie bien préparée, il a été interpellé par des Libanais lui demandant de l’aide pour « virer » la classe politique et « une tutelle internationale ».

Le président français a expliqué vouloir proposer aux dirigeants libanais « un nouveau pacte politique, et je reviendrai le 1er septembre, si le pacte n’a pas été respecté, je prendrai mes responsabilités ».

Lutter contre la corruption et contre l’opacité du système bancaire

Continuant de sortir du cadre diplomatique, ce qui lui vaut déjà quelques accusations d'ingérence, il est revenu sur cette « crise politique, morale, économique et financière dans laquelle la classe politique porte une responsabilité historique », souhaitant « des enquêtes qui puissent se dérouler dans un cadre transparent ».

« Il faut des initiatives fortes pour lutter contre la corruption » et « contre l’opacité du système bancaire ». Il a également appelé à « l’enclenchement d’un programme FMI » et la poursuite « du plan CEDRE ».

Un plan qui a du mal à se mettre en place

La Conférence économique pour le développement du Liban par les réformes et avec les entreprises (CEDRE), qui s’est déroulée le 6 avril 2018 à Paris, visait à soutenir le développement et le renforcement de l’économie libanaise, via un plan global de réformes et d’investissements d’infrastructures préparé par les autorités libanaises.

La conférence avait servi à lever des fonds. Mais très rapidement, des donateurs, dont les promesses avaient atteint 11,6 milliards de dollars, avaient émis des doutes quant à la crédibilité du programme, dont la mise en œuvre a été retardée par l’instabilité politique.

Lire aussi :

Explosion à Beyrouth : « On craint une famine », selon la sénatrice Christine Lavarde

Explosions au Liban : « Le pays ne peut pas vivre sans le port de Beyrouth », selon Christophe-André Frassa

Dans la même thématique

Photo illustration police nationale en service
5min

Politique

Les Jeux olympiques ont entraîné un « surcoût » d’un milliard d’euros pour la police et la gendarmerie

Le rapport du sénateur LR Bruno Belin, en vue de l’examen de la mission sécurité du budget 2025, pointe l’impact financier des JO de Paris 2024 et de la crise en Nouvelle-Calédonie sur les finances de la gendarmerie et de la police. Conséquence : la police a renoncé à remplacer plus de 2.000 voitures et la gendarmerie n’a pas payé ses loyers à de nombreuses communes. Les budgets de la police et de la gendarmerie sont en revanche en hausse en 2025.

Le

Paris: Seance questions au gouvernement Assemblee nationale
6min

Politique

Lutte contre le narcotrafic : quelles sont les annonces du gouvernement ?

C’était attendu. A Marseille, le ministre de l’Intérieur et le garde des Sceaux ont annoncé reprendre la proposition de loi du Sénat visant à lutter contre le narcotrafic. Inscrit en procédure d’urgence, le texte démarrera son examen en janvier à la Haute assemblée. Il prévoit la création d’un parquet national, de nouvelles incriminations, de nouvelles techniques d’enquête ou encore la refonte du statut du repenti.

Le

Au Liban, Emmanuel Macron promet un nouveau pacte politique
6min

Politique

« Si tout le monde en France était animé par l’esprit de l’Assemblée Consultative provisoire, il serait plus facile de gouverner la France », lance Michel Barnier 

Ce 7 novembre, le Sénat s’est réuni, en présence du Premier ministre, pour commémorer les 80 ans de l’installation de l’Assemblée Commémorative provisoire du 9 novembre 1944. Sans pouvoir législatif ni majorité, les travaux de l’Assemblée ont permis de poser les bases de la reconstruction de la France après la libération. Un exemple dont le Premier ministre voudrait s’inspirer.

Le

Au Liban, Emmanuel Macron promet un nouveau pacte politique
3min

Politique

« On ne laisse pas filer un budget sur la base de choses totalement fausses », réagit Claude Raynal après l’audition de Bruno Le Maire

Pour le président (PS) de la commission des finances, en faisant preuve de solidarité avec l’exécutif, l’ancien ministre de l’Économie et des Finances endosse sa responsabilité sur la dégradation des finances publiques. Le sénateur considère également qu’il est « extrêmement grave » d’avoir repoussé les décisions dures, « pour des raisons de nature purement politicienne », dues aux élections européennes.

Le