A sept mois du scrutin, gouvernement et responsables politiques de tous bords tentent de courtiser le patronat. S’ils saluent globalement l’action du chef de l’Etat, les entrepreneurs restent attentifs à l’ensemble des propositions politiques à l’approche de 2022.
Au MEDEF, les entrepreneurs font leur marché à l’approche de la présidentielle
A sept mois du scrutin, gouvernement et responsables politiques de tous bords tentent de courtiser le patronat. S’ils saluent globalement l’action du chef de l’Etat, les entrepreneurs restent attentifs à l’ensemble des propositions politiques à l’approche de 2022.
Par Jonathan Dupriez
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Presque en apesanteur, Bruno Le Maire se laisse porter par les applaudissements nourris de l’assistance. Le parterre d’entrepreneurs rassemblés à l’hippodrome de Longchamp lui tire son chapeau pour les aides apportées aux entreprises lors de la crise sanitaire. A la tribune du MEDEF, le locataire de Bercy déroule : « Nous n’avons pas compté l’argent public, parce que c’était responsable de le faire » a-t-il vanté. « Mais maintenant que l’économie française redémarre, que nous avons des perspectives de croissance à 6 %, le quoiqu’il en coûte, c’est fini » tranche l’ex-ministre de l’Agriculture de Jacques Chirac.
Un « mandat supplémentaire » pour Emmanuel Macron
Outre les secteurs les plus touchés qui continueront d’être aidés, Bruno Le Maire a plaidé pour « que l’Economie soit libre » de créer « des emplois et de la richesse sans le soutien de l’Etat. » Le ministre, n’a pas non plus hésité à multiplier les allusions à de futures réformes que pourraient porter Emmanuel Macron dans un hypothétique « mandat supplémentaire. » La réforme des retraites est notamment revenue sur le tapis « pour septembre 2022 » pronostique-t-il. Ces rencontres avec les acteurs économiques lui ont aussi permis d’envoyer quelques ballons d’essais, comme sur la mise en place d’une taxe carbone aux frontières de l’UE. Un discours qui semble vouloir poser les jalons d’un second mandat pour le chef de l’Etat, dans la droite ligne du précédent, basé sur la liberté d’entreprendre. Le message a été compris : si Emmanuel Macron venait à nouveau à être élu, les entrepreneurs auront les coudées franches.
Entrepreneurs courtisés
Les chefs d’entreprise ne sont pas dupes et se savent courtisés par le gouvernement. « Le discours commence par « merci les entreprises » et se termine par… « merci les entreprises », on se doute qu’on a envie de se faire des amis » ironise Lucien Derhy, cofondateur de Digitevent.com, une plateforme d’organisation d’événements pour les professionnels. Le jeune entrepreneur nuance toutefois : « D’une manière générale, le mandat d’Emmanuel Macron n’est pas hyper critiqué du point de vue économique » explique-t-il, convaincu que le bilan du chef de l’Etat est plutôt bon sur tous les plans. Mais à ses yeux, Emmanuel Macron a surtout su déjouer le piège « des faillites en cascades » pourtant annoncées dès les premiers mois de la crise due au covid-19.
Série de réformes plébiscitées
Si peu de critiques envers l’exécutif émergent au MEDEF, c’est que le chef de l’Etat a su cajoler les entrepreneurs dès le début de son quinquennat. A partir de 2017, l’ancien banquier d’affaires a mené tambour battant une série de réformes plébiscitées par les patrons. Ordonnances réformant le Code du travail, suppression de l’impôt sur la fortune (ISF), mise en place d’une « flat tax » sur les revenus du capital ou encore baisse de l’impôt sur les sociétés. De quoi s’attirer durablement les faveurs du patronat, électorat crucial pour gagner une élection. Mais aussi les critiques du camp adverse, voyant cet éventail de mesures comme la preuve irréfutable qu’Emmanuel Macron est le « président des riches. »
Présence des politiques téléguidée
S’ils n’ont pas officiellement été invités par le MEDEF, certains prétendants à l’Elysée sont, eux aussi, venus draguer les chefs d’entreprise. Anne Hidalgo, donnée candidate des socialistes par certaines sources au PS, Xavier Bertrand, président de la Région Hauts-de-France ou encore Valérie Pécresse, son homologue francilienne. Si leur présence apparaît téléguidée à quelques mois du scrutin, certains n’y trouvent rien à redire. Bien au contraire. Pour certains acteurs du monde économique, ces rencontres sont étroitement liées aux projets portés par les candidats. « Sans être politique » c’est une façon de « permettre au politique de s’exprimer par rapport à l’économie » explique Jean-Marc Séréni, président du MEDEF de Seine-et-Marne (77).
« C’est le seul endroit où l’on est en capacité de rencontrer ces politiques »
Pour beaucoup d’entrepreneurs, la présence de candidats à portée de cartes de visite dans les travées de l’hippodrome, est une bonne occasion de faire son marché. « C’est le seul endroit où l’on est en capacité de rencontrer ces politiques, on peut discuter directement avec eux et voir dans quelle direction ils vont », observe Christopher Sullivan, directeur général d’une entreprise de certifications de compétences, qui a vu déambuler plusieurs têtes d’affiche devant son stand. Ecouter, analyser, et pourquoi pas choisir son champion. « Avec la situation inédite dans laquelle on s’est retrouvés, on attend énormément de choses, des directives et tendances qui seront données dans ce salon » abonde Julie Boucon, cofondatrice d’une start-up dans le domaine de l’éducation.
Même si à ce stade, il est encore trop tôt pour lire clairement les projets économiques des uns et des autres. Il faut dire que les prétendants pullulent à l’heure où les partis s’apprêtent à désigner leurs figures de proue. « Sept candidats à droite, quatre chez les verts, quatre ou cinq vraisemblablement chez les socialistes » énumère Jean-Marc Séréni. Une offre politique qui, selon lui, complique la tâche du syndicat patronal dans l’élaboration d’un projet à destination du futur gouvernement. « Notre rôle, c’est de leur dire « voilà ce dont on a besoin, voilà vers quoi on va, parce que sans les entreprises on serait morts ! »
2022, année pivot
Après le séisme de la crise sanitaire, l’incertitude des confinements à répétition et de l’activité économique en dents de scie, le monde de l’entreprise attend surtout des gages du politique. « Tout le monde a compris qu’il fallait sauver la culture » tacle François Delporte, cofondateur et directeur général de Rocambole, une plateforme de streaming littéraire. « Maintenant, on attend ce plan d’investissement dont tout le monde parle, des actions concrètes pour soutenir la culture qui a un business model très différent des autres entreprises » remarque-t-il. Mais pour lui, la lecture a beau être « grande cause nationale » , la politique d’Emmanuel Macron lors du quinquennat est encore loin du compte. « La culture, il ne faut pas oublier que c’est de la souveraineté, c’est aussi ça qui fait du soft power, ce que les Chinois et les Américains font très bien. »
Besoin d’une « relance dans la durée »
De leur côté, les entrepreneurs des secteurs les plus touchés par la pandémie ont surtout besoin de garanties, afin de voir se dessiner une issue à leur marasme quotidien. Sandrine Retailleau en sait quelque chose. Cette propriétaire d’une salle de sport réputée à Paris a péniblement traversé l’année et demie de pandémie. Très impactée par la fermeture de son établissement dès mars 2020, elle attend désormais du futur gouvernement une vision à long terme, ce qu’elle nomme « une relance dans la durée » par opposition à un « accompagnement de crise. » Car selon elle, « les secteurs sinistrés » mettront « un an, à dix-huit mois » à se relever, il est donc crucial pour cette entrepreneuse, comme beaucoup d’autres au MEDEF, de s’imprégner dès qu’ils le pourront, des programmes détaillés des candidats et des candidates à la présidence de la République.
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