Pas encore officiellement lancée, la candidature de Gabriel Attal pour prendre la tête de Renaissance ne fait plus beaucoup de doute en interne. Une bataille d’ex-premiers ministres, face à Elisabeth Borne, déjà candidate, va s’engager, au risque de tomber dans la guerre des chefs. Mais certains, à commencer par Emmanuel Macron, prônent un accord pour avoir un seul candidat.
Au PS, l’heure de l’inventaire va bientôt sonner
Par Stéphanie LEROUGE
Publié le
Le PS, qui s'est efforcé de mettre le couvercle sur ses divisions jusqu'à dimanche, devrait s'offrir dès la semaine prochaine une grande séance d'"explications" collectives, via un bureau national mardi, puis un conseil national samedi.
Objectif de ce conseil national: "débriefer" la séquence électorale qui vient de s'écouler, et fixer le calendrier des prochains mois.
En l'organisant aussi rapidement, il s'agit de "donner un signal qu'on travaille immédiatement à reconstruire le parti", souligne un responsable.
Après le double désastre de la présidentielle et des législatives, nul ne devrait échapper à la critique.
"On va nécessairement ouvrir la boîte à gifles. Il faut que tout soit extrêmement clair, faire un examen critique collectif", dit un député légitimiste. "Il y a la responsabilité de François Hollande, coupable de surdité par rapport à certains sujets; des ministres qui ne se sont pas montrés à la hauteur de leur mission; un groupe parlementaire qui n'a pas su réguler les conflits", énumère-t-il.
"Je pense qu'il faut faire l'inventaire du quinquennat", abonde un vieil ami de l'ancien chef de l'Etat.
Les frondeurs, accusés ces dernières années d'avoir torpillé le quinquennat, devraient à nouveau se trouver sous le feu des critiques.
"Ce moment d'explications, qu'on a évité parce que Benoît Hamon a gagné la primaire, et parce qu'il fallait organiser les législatives, cette discussion va arriver. Ca risque d'être brutal", affirme un membre de la direction du PS.
Les frondeurs devront notamment convaincre de leur envie de participer de manière constructive à la refondation du PS, alors que certains, comme Benoît Hamon ou Guillaume Balas, semblent hésiter à y rester.
"Je recommanderai qu'on se mette au travail collectivement. Est-ce que ceux qui sont autour des tables ont envie de travailler ensemble?" demande le conseiller régional Julien Dray.
- Des députés 'ligotés' -
Pas question de trouver des "victimes expiatoires" à ce qui est un échec "collectif". Mais la question du remaniement de la direction du PS devrait être posée "dès la semaine prochaine", selon un responsable.
"Je crois que (le premier secrétaire) Jean-Christophe Cambadélis a réalisé qu'il doit montrer qu'il accompagne la suite; que c'est à d'autres de prendre la main", entend-on. Il doit s'exprimer dès 20H00 dimanche soir, rue de Solférino.
Même s'il ne s'agit pas de se focaliser sur les questions de personnes, "changer tout sauf le premier secrétaire, ça ne serait pas compris", souligne un Hollandais. "Je pense que lui le sait. Il cherche à sortir le plus élégamment possible", croit-il savoir.
Alors qu'aucun nom ne s'impose pour remplacer M. Cambadélis, beaucoup évoquent un "collectif".
Faut-il changer de génération comme le préconise l'ancien secrétaire d'Etat Thierry Mandon ?
L'ancien ministre de l'Intérieur Matthias Fekl, battu dès le premier tour dans le Lot-et-Garonne, pousse en ce sens. "Je pense que toute une génération qui est là depuis trente ou quarante ans va maintenant être amenée à faire autre chose, et que si ce n'est pas le cas, la nouvelle génération créera d'autres lieux, d'autres endroits pour s'engager", a-t-il affirmé cette semaine.
D'autres quadras sont plus nuancés. "On est trop faibles pour mener ce combat entre les jeunes et les anciens. Je suis plutôt pour une alliance des générations", dit un député, sèchement battu le 11 juin.
Pour d'autres, la question est moins générationnelle que politique: "pas question de reconstruire le Parti socialiste avec ceux qui ont négocié leur tranquillité électorale au premier tour", a tweeté cette semaine l'ancien ministre Philippe Martin, visant à l'évidence Stéphane Le Foll, Marisol Touraine ou Myriam El Khomri.
Au final juste une dizaine ou une vingtaine de socialistes devraient survivre à ces législatives, et parmi eux beaucoup, à l'instar de ces anciens ministres, ne devront leur survie qu'à l'absence d'un candidat de la République en marche contre eux.
"Macron a choisi les socialistes qu'il voulait avoir à l'Assemblée nationale. Il ne leur a pas mis de candidat en face. Il les a choisis, et en les choisissant il les ligote", a commenté Benoît Hamon cette semaine.