Au PS, « Olivier Faure écarte toutes celles et tous ceux qui ne pensent pas comme lui », tacle Carole Delga

Au micro de Public Sénat, la présidente socialiste du conseil régional d’Occitanie estime qu’Olivier Faure, le Premier secrétaire du PS, a mis en place à la tête du parti un système « clanique ». Carole Delga appelle au rassemblement des différents courants pour « travailler à un vrai projet de société ».
Romain David

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Cinq mois après le congrès de Marseille, et malgré un accord de conciliation, le Parti socialiste reste fracturé entre deux courants. D’un côté les partisans de la Nouvelle union populaire, écologique et sociale (Nupes) et de l’alliance avec La France insoumise, rassemblés autour du Premier secrétaire Olivier Faure, de l’autre une frange très critique vis-à-vis du rapprochement avec l’extrême gauche, et qui réunit d’anciens hollandistes. Parmi ces voix, l’ancienne secrétaire d’Etat Carole Delga, actuelle présidente du conseil régional d’Occitanie, qui a soutenu la candidature malheureuse de Nicolas Mayer-Rossignol, le maire de Rouen, à la tête du parti en début d’année, mais aussi organisé en juin dernier une fronde de candidatures dissidentes pour les législatives.

« Je suis en fidélité aux valeurs socialistes, à l’héritage de Jean Jaurès, originaire d’Occitanie, mais pour parler franchement je n’ai pas de relations avec Olivier Faure depuis janvier », a admis Carole Delga ce jeudi 11 mai au micro de « Bonjour chez vous », la matinale de Public Sénat. « Il écarte toutes celles et tous ceux qui ne pensent pas comme lui au sein du secrétariat national. Il ne me contacte pas, ni moi ni bien d’autres. Il est dommageable qu’Olivier Faure ne veuille parler qu’à 50 % des socialistes », tacle-t-elle. « Mais il faut regarder loin, espérer qu’il soit dans une volonté de rassemblement et pas dans une logique clanique ».

« Aujourd’hui, le peuple de gauche est orphelin d’un projet de société. Aujourd’hui, on ne travaille pas assez au sein du PS. Quand je vois les débats, les petites phrases à gauche, je me dis que c’est incroyable de ne pas se mettre autour d’une table pour travailler à un vrai projet de société », déplore encore notre invitée, qui alerte sur la montée de l’extrême droite.

Au PS, « la question n’est pas de savoir ce que veut faire Pierre, Paul, Jacques ou Carole »

Celle qui assume également la présidence de Région de France, une association qui rassemble les élus des régions et des collectivités régionales de métropole et d’Outre-mer, a lancé deux journées de rencontres des maires de son territoire : ils étaient 800 à avoir répondu à son appel à l’Arena de Montpellier mercredi, ils devraient être plus de 1 000 à Toulouse ce jeudi. Une manière de faire le point sur les priorités d’action de la région et de recueillir les doléances des édiles. Mais ce double évènement est aussi une façon pour l’élue de cultiver son réseau et sa stature nationale. Toujours sur notre antenne, Carole Delga assume ainsi d’avoir déployé en Occitanie une politique qui devrait, selon elle, « inspirer le Parti socialiste pour faire de vraies propositions sur le pouvoir d’achat et la transition écologique ».

Mais interrogée sur ses ambitions politiques, elle balaye : « La question n’est pas de savoir ce que veut faire Pierre, Paul, Jacques ou Carole. J’appelle au rassemblement, et à mettre fin aux attitudes ridicules d’exclusion de la part de la direction du PS. »

« Aujourd’hui, la problématique n’est pas l’ambition d’une personne telle qu’elle soit », souligne encore notre invitée. « La problématique, c’est de répondre au sentiment d’injustice et de despérance des Français qui se dirigent de plus en plus vers l’extrême droite. » Elle assure que « LFI est bienvenue autour de la table », à condition toutefois de clarifier ses positions et de réaffirmer certains « principes intangibles : « avoir foi en le projet européen – l’Europe n’est pas une forfaiture démocratique ! -, toujours travailler au rassemblement et pas à l’exclusion, et n’avoir aucune tolérance à l’égard du communautarisme », énumère-t-elle.

Partager cet article

Pour aller plus loin

Dans la même thématique

Au PS, « Olivier Faure écarte toutes celles et tous ceux qui ne pensent pas comme lui », tacle Carole Delga
4min

Politique

Rencontre entre le PS et Sébastien Lecornu : « Quand on a 39 ans, je crois qu'on n'a pas intérêt à être censuré au bout de 15 jours », lance Patrick Kanner

Le nouveau Premier ministre, Sébastien Lecornu, poursuit ses concertations après sa nomination à Matignon. Il rencontrera mercredi plusieurs partis de gauche, dont le Parti socialiste. « Il aura devant lui une opposition déterminée à obtenir des victoires pour les Français », promet le président du groupe socialiste au Sénat, Patrick Kanner, ce mardi 16 septembre.

Le

Au PS, « Olivier Faure écarte toutes celles et tous ceux qui ne pensent pas comme lui », tacle Carole Delga
9min

Politique

Budget : l’unité entre le PS et Les Ecologistes mise à mal par les discussions avec Sébastien Lecornu ?

Au moment où vont s’engager les discussions avec le premier ministre, Marine Tondelier, patronne des Ecologistes, marque sa différence avec le PS, se prononçant déjà pour le départ de Sébastien Lecornu. « On a notre stratégie et le PS a la sienne », assume le sénateur écolo Thomas Dossus. Elle veut « être au centre de la gauche », entre LFI et le PS, mais « il ne faut pas faire de grand écart qui fasse mal aux adducteurs », met-on en garde au PS…

Le

SIPA_01212671_000009
7min

Politique

Supprimer les avantages des anciens Premiers ministres : la mesure déjà adoptée au Sénat contre l’avis du gouvernement

Pour illustrer « la rupture » promise lors de son entrée en fonction, Sébastien Lecornu a indiqué vouloir supprimer les derniers avantages « à vie » qui sont encore accordés aux anciens membres du gouvernement. Un amendement en ce sens avait été adopté en janvier dernier lors de l’examen du budget 2025. Il allait plus loin et visait aussi les avantages des anciens présidents de la République. François Bayrou n’y était pas favorable et la mesure n’avait pas survécu à la navette parlementaire.

Le