Au RN, tante et nièce à la manoeuvre pour faire émerger des alliances avec LR
Au Rassemblement national, Marine Le Pen et sa nièce Marion Maréchal sont à la manoeuvre pour faire émerger des alliances avec le parti Les...
Par Anne RENAUT
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Au Rassemblement national, Marine Le Pen et sa nièce Marion Maréchal sont à la manoeuvre pour faire émerger des alliances avec le parti Les Républicains en déshérence, tout en s'efforçant de ne pas se marcher sur les pieds.
L'ancienne députée Marion Maréchal a fait dimanche son retour télévisé pour proposer d'oeuvrer à une "grande coalition" entre le RN et la droite de LR, en défendant un "couloir (politique) différent" de celui de sa tante, chantre du "ni droite ni gauche", tout en refusant d'entrer en conflit avec elle.
Son interview de près d'une heure sur LCI a coïncidé avec l'annonce du départ de Laurent Wauquiez de la tête de LR, qui a subi une débâcle aux élections européennes avec 8,48% des voix.
La présidente du RN Marine Le Pen a aussitôt jugé, dans un tweet, "inévitable" cette démission et tendu "la main à tous les cadres et électeurs LR patriotes" à la rejoindre.
"Peut-être les digues vont-elles céder" entre LR et le RN aux municipales de 2020 ou aux régionales de 2021, s'est prise à espérer Marion Maréchal, peu avant l'annonce de M. Wauquiez.
L'ancienne élue du Vaucluse, 29 ans, considère que le RN "ne peut pas capter à lui seul l'ensemble des personnalités politiques, des élus ou même des électeurs" et souhaite voir émerger "un courant de droite qui se structure, qui puisse demain accepter le principe d'une grande coalition avec le RN, en gardant ses spécificités".
- "Accords à la base" -
C'est presque pour elle une condition pour 2022. "Si le RN demain réussit à constituer des alliances qui permettent de gagner cette élection (présidentielle), je n'aurai aucun scrupule à le suivre", explique la nièce de Marine Le Pen, qui a fondé une école de sciences politiques à Lyon et a toujours sa carte au RN.
Des alliances entre appareils partisans sont cependant peu probables. LR s'y refuse et prévoit l'exclusion de ceux qui franchissent la ligne rouge.
La cheffe du RN Marine Le Pen, le 26 mai 2019
AFP/Archives
Pour le député RN Louis Aliot, compagnon de Marine Le Pen et candidat à la mairie de Perpignan, "ce n'est pas au niveau des états majors que tout cela doit se jouer (...) Ce que veulent les citoyens, c'est des accords à la base, des majorités de gestion". Lui-même ne se présentera pas sous l'étiquette RN afin de faciliter le "dialogue" avec d'autres mouvements.
Marion Maréchal n'envisage pas de fonder un autre mouvement "pour l'instant".
Sans qu'elle y participe - "c'est une initiative autonome", dit-elle à l'AFP -, son père Samuel Maréchal, ex dirigeant des jeunes au FN (devenu RN), est en passe de fonder avec son ancien conseiller Arnaud Stephan, une association nommée Alliance pour la France. Elle veut faire "se rencontrer des personnalités de droite" sans qu'elles soient "bloquées par les partis", a expliqué M. Stephan, confirmant une information de L'Obs. "Les municipales seront à cet égard un bon test".
- "S'allier ou périr" -
L'ancienne députée "prend date pour l'après 2022", analyse le politologue Jean-Yves Camus. "Elle a compris qu'on aura sans doute un duel en 2022 à l'avantage d'Emmanuel Macron et se projette dans le cul-de-sac qui attend RN, une force qui progresse mais ne gagne pas".
Plus attachée que sa tante aux valeurs sociétales et au libéralisme économique, son créneau risque d'être "un peu étroit", mais certains LR pourraient "vouloir s'y accrocher par instinct de survie", selon le chercheur.
Environ 15% des électeurs de François Fillon à la présidentielle ont voté RN aux européennes, selon l'Ifop. Marine Le Pen leur a lancé un appel - ainsi qu'aux électeurs de gauche - dès le soir des résultats, pour qu'ils imitent l'ancien ministre sarkozyste Thierry Mariani, élu sur la liste RN.
"Aujourd'hui qu'est-ce qui justifie qu'il y ait un ostracisme ou un rejet du (RN) qui représente un Français sur quatre? Plus rien", a estimé lundi sur BFMTV M. Mariani, pour qui les Républicains "sont condamnés à s'allier (...) ou à périr".
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