Après l’effort, le réconfort. C’est avec une heure de retard que le Premier ministre a débuté sa traditionnelle déambulation dans les allées du Salon de l’agriculture, ce 24 février, enchainant poignées de mains avec les exploitants et dégustations de spécialités régionales. Avant cela, François Bayrou a échangé près de deux heures avec les syndicats de la profession, à huis clos.
« Les promesses qui avaient été faites il y a un an par le ministre de l’époque ont été intégralement tenues par le gouvernement aujourd’hui, toutes les organisations syndicales le disent », souligne le chef du gouvernement, à la suite de la rencontre. La loi d’orientation agricole, définitivement adoptée deux jours avant l’ouverture du salon, a en effet été pensée comme une première réponse à la colère des agriculteurs. Un an après les manifestations qui ont embrasé la France, « ça va un peu mieux », estime François Bayrou au micro de Public Sénat, « les agriculteurs expriment tous l’espoir que, grâce aux nouvelles lois, cela va encore s’améliorer. »
« Il y a un sentiment de confiance retrouvée, parce qu’on vient d’adopter une loi d’orientation agricole qui vient apporter des réponses précises aux questions que les agriculteurs se posent », estime François Bayrou. « Tous les problèmes ne sont pas résolus », reconnaît-il tout de même, il reste encore « à résoudre les problèmes des prix, du revenu, c’est le problème le plus important ».
« Le Premier ministre n’avait rien à mettre sur la table », déplore la Confédération paysanne
Face à la satisfaction affichée par le Premier ministre, plusieurs syndicats considèrent de leur côté que de nombreux sujets restent à traiter. La Confédération paysanne, dernier syndicat à avoir rencontré François Bayrou ce matin, ne cache pas sa déception. « La problématique des revenus agricoles est toujours là, c’est le premier sujet que nous avons abordé avec le Premier ministre, mais il n’avait aucune proposition à formuler, rien à mettre sur la table », déplore Véronique Marchesseau, secrétaire générale du syndicat, auprès de Public Sénat. « Si le salon est beaucoup plus calme cette année, ce n’est pas grâce à l’adoption de la loi d’orientation agricole, c’est en partie lié au calendrier agricole : les élections des chambres d’agriculture sont passées, les syndicats sont moins actifs », observe-t-elle.
Pour la Coordination rurale, figure de proue de la mobilisation du secteur depuis un an, le bilan est également très décevant. « Parler de souveraineté, c’est bien, mais reste à voir concrètement comment on la rétablit », souligne la vice-présidente du syndicat Amélie Rebière, auprès de l’AFP. Du côté du syndicat majoritaire de la profession, la FNSEA, la rencontre avec François Bayrou a plutôt rassuré. Le Premier ministre a « redit sa volonté de simplifier la vie des agriculteurs » et même promis « quelque chose de révolutionnaire », laisse entendre le président du syndicat Arnaud Rousseau auprès de l’AFP, refusant de donner plus de détails.
Réautorisation des néonicotinoïdes : la proposition de loi du Sénat « peut être améliorée », souligne François Bayrou
La FNSEA ne se contentera toutefois pas de l’adoption de la loi d’orientation agricole. Après le vote final du texte, le syndicat a souligné dans un communiqué « le besoin de changement de logiciel » encore attendu par les agriculteurs. D’autres initiatives législatives devraient répondre à cette préoccupation dans les semaines à venir, notamment la proposition de loi visant à « lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur ».
Porté par les sénateurs Laurent Duplomb (Les Républicains) et Franck Menonville (Union centriste), le texte a été adopté au Sénat fin janvier et doit être examiné prochainement à l’Assemblée. Il est toutefois critiqué pour ses reculs environnementaux, car il acte notamment la réautorisation de l’usage des néonicotinoïdes – des pesticides nocifs pour les abeilles – dans certaines cultures en difficulté. Pour François Bayrou, la proposition de loi « peut être améliorée à l’Assemblée », pour trouver « un équilibre ».