Au Sénat, prudence chez les juppéistes et les centristes après la victoire de Wauquiez
L’attentisme est de mise chez les sénateurs LR proches d’Alain Juppé et de Maël de Calan après la large victoire de Laurent Wauquiez chez les Républicains. Beaucoup veulent éviter les « procès d’intention » mais demeurent vigilants sur la ligne qui sera conduite.

Au Sénat, prudence chez les juppéistes et les centristes après la victoire de Wauquiez

L’attentisme est de mise chez les sénateurs LR proches d’Alain Juppé et de Maël de Calan après la large victoire de Laurent Wauquiez chez les Républicains. Beaucoup veulent éviter les « procès d’intention » mais demeurent vigilants sur la ligne qui sera conduite.
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À défaut d’une confiance, il y a une part de méfiance chez une partie de la droite humaniste à l’égard de Laurent Wauquiez, après son élection à la tête des Républicains. L’ancien Premier ministre et sénateur Jean-Pierre Raffarin l’a ainsi placé « en observation vigilante ».

Certains élus, à l’image de la sénatrice Agnès Canayer, restent aussi dans l’expectative. « Je suis attentive. J’attends des signes tangibles de la part du nouveau président, de percevoir sa volonté de rassemblement et de construction d’un parti qui regroupent toutes les sensibilités de droite autour de valeurs communes, sur lesquelles ont attend des clarifications sur certaines positions », nous confie la sénatrice de la Seine-Maritime.

« Je pense que nous ne pourrons avancer que si véritablement nous réussissons à reconstruire un parti ouvert », estime la sénatrice qui avait porté la candidature de Maël de Calan. L’élue normande compte sur des majorités de projets, à l’image de ce qui se passe dans son groupe parlementaire, et non une « position idéologique basique ». « J’espère qu’il n’y aura pas un trop gros écart entre ce qu’on a réussit à construire au Sénat, autour de Gérard Larcher et Bruno Retailleau, et ce que proposera Laurent Wauquiez. »

« Défense de l’intérêt général » contre « l’esprit de revanche »

Le sénateur des Deux-Sèvres, Philippe Mouiller, doit lui aussi observer la suite avec attention. Ce président de la fédération départementale des Républicains, qui avait soutenu Alain Juppé durant la primaire de 2016, avant de parrainer Maël de Calan cet automne, avait exprimé son inquiétude dans les colonnes de la Nouvelle République fin septembre :

« Soit Laurent Wauquiez reste sur une position qui est la sienne, c'est-à-dire assez droitière, et le risque de fracture est réel. Soit il y a une démarche de rassemblement et les choses peuvent évoluer différemment. »

D’autres insistent également sur la nécessité de continuer à peser de l’intérieur. Dans une tribune publiée dans la foulée de la proclamation des résultats, la sénatrice juppéiste Marie Mercier, qui a soutenu Maël de Calan, affirme qu’elle continuera à « œuvrer pour le rassemblement le plus large possible » et qu’elle participera à la refondation de sa famille politique, avec « sa sensibilité ».

« Notre famille politique dispose de plusieurs sensibilités, et sa richesse est de savoir les faire vivre ensemble, dans le cadre de nos convictions profondes et humanistes », insiste-t-elle. Pour la sénatrice de Saône-et-Loire, les Républicains ne doivent pas être animés par un esprit de revanche mais pas la « défense de l’intérêt général ».

La membre fondatrice du parti « Agir, la droite constructive », Fabienne Keller, s’est saisie de l’occasion pour promouvoir son nouveau mouvement. « Pour une ligne clairement opposée aux idées du Front National, un mouvement humaniste et pro européen, rejoignez Agir ». La sénatrice du Bas-Rhin réagissait à la déclaration ambigüe de Virginie Calmels, probable numéro deux de Laurent Wauquiez, qui rejette « pour le moment » une alliance LR-FN.

Quant au sénateur de Moselle, François Grosdidier, lui aussi parrain de Maël de Calan, il entend bien sûr « saisir la main tendue » par le nouveau président de LR. « Il n’est pas question de faire des procès d’intention » à Laurent Wauquiez, met-il au point sur le plateau de Sénat 360.

Le juppéiste François Grosdidier veut saisir la main tendue par Laurent Wauquiez
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« Pas question de faire des procès d’intention » à Laurent Wauquiez, pour François Grosdidier

Jean-Christophe Lagarde va devoir « préciser ses positions »

Dans la famille centriste, les lectures après la victoire de Laurent Wauquiez  sont également loin d’être uniformes. L’annonce faite vendredi par le patron de l’UDI, Jean-Christophe Lagarde, de mettre un terme à l’alliance avec LR en cas de victoire de Laurent Wauquiez, a été accueillie par un tweet acide de la sénatrice Sylvie Goy-Chavent (Union centriste). Sur cette question, « il n’y a pas eu de votre interne à l’UDI », répond ce lundi à PublicSenat.fr la sénatrice de l’Ain.

Pour le sénateur Pierre Médevielle (UDI), l’élection de Laurent Wauquiez à la tête des Républicains risque d’avoir des conséquences sur le centre. « C’est vrai que c’est un souci par rapport aux futures alliances », considère le secrétaire de la commission des Affaires européennes. Le chef de file de l’UDI, Jean-Christophe Lagarde, devra « préciser ses positions ».

« Il ne faut pas injurier l’avenir »

« Il faut être prudent aujourd’hui et ne pas injurier l’avenir », considère Sylvie Goy-Chavent, qui préside par ailleurs le groupe UDI au conseil régional Auvergne-Rhône-Alpes, dirigé par Laurent Wauquiez. Ici, centristes et LR « travaillent en bonne intelligence » dans cette majorité, selon elle.

Au niveau national, il faut « laisser s’installer » la nouvelle direction et « laisser les choses se décanter ». « On ne sait pas comment pas les Républicains seront demain. Il est élu depuis hier soir, on ne va pas non plus lui tirer dessus tout de suite », explique Sylvie Goy-Chavent. Si de bonnes relations de travail ne sont pas possibles, « on avisera », affirme-t-elle.

Lire aussi : Avec l’UDI, ça a toujours été « Je t’aime moi non plus », estime Karoutchi

Élu de Haute-Garonne, dans un Sud-Ouest où les radicaux sont bien implantés depuis très longtemps, Pierre Médevielle pense que d’autres départs chez les Républicains ne sont pas à exclure. « Cela va bouger cher les Républicains, mais ça bouge aussi au centre », constate-t-il. D’autres « répliques » du « tremblement de terre de la présidentielle et des législatives » sont encore possibles. « On est peut-être pas encore au bout de nos surprises ».

Pour l’heure, « les discussions » entre les familles centristes, en plein réorganisation, et LR ne sont « pas fermées », veut croire Pierre Médevielle.

« Quand on s’affirme à droite, le dialogue avec le centre va être plus compliqué »

Au micro de Sénat 360, le sénateur du Val-de-Marne, Laurent Lafon, fait le constat d’un parti LR qui s’affirme avant tout à droite (voir la vidéo de tête). « Je note que depuis hier Laurent Wauquiez n’appelle pas au rassemblement. C’est la droite est de retour. C’est pas les Républicains comme rassemblement de la droite et une partie du centre qui sont de retour […] Quand on s’affirme à droite, le dialogue avec le centre va être plus compliqué. »

Affirmant « prendre acte » du résultat, Laurent Lafon fait savoir que les centristes seront « attentifs » dans les semaines et mois à venir sur les questions européennes ou la position de LR vis-à-vis du Front national.

Laurent Lafon (UC) fait savoir que les centristes seront « attentifs » à la ligne suivie par Laurent Wauquiez
01:09
Laurent Lafon (Union centriste) fait savoir que les centristes seront « attentifs » à la ligne suivie par Laurent Wauquiez

La sénatrice de l’Orne, Nathalie Goulet, toujours très réactive sur Twitter, se félicite avec ironie du résultat de l’élection chez LR, qui fait les affaires du centre. « Au moins, la ligne est claire, il y a un boulevard pour les valeurs du centre de l’UDI », écrit-elle au-dessus d’un panneau directionnel indiquant « sortie par le centre ».

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