Consternation et stupeur au Sénat après le début de l’opération militaire la Russie sur plusieurs fronts en l’Ukraine. Le président Gérard Larcher a pris la parole dès l’ouverture de la séance pour condamner l’invasion, au nom du Sénat « tout entier ». Il a dénoncé un « acte de guerre intolérable ». D’un banc à l’autre, les messages de soutien au peuple ukrainien, tout comme les messages de grande fermeté à l’égard de Moscou, se multiplient. Plusieurs sénateurs ont pris la parole, lors de rappels au règlement, pour dénoncer l’escalade militaire. Le socialiste Patrick Kanner a parlé d’ « actes inqualifiables de guerre, perpétrés par M. Poutine ».
« Le tragique est de retour sur le sol même de l’Europe et l’ordre international établi en 1945 est à terre. Tout est à reconstruire. Le nouvel équilibre passe par une réaction de grande fermeté et d’unité face à l’agression », considère ainsi Bruno Retailleau, le président du groupe LR. Même message de condamnation à l’égard de l’intervention russe et de soutien vis-à-vis de l’Ukraine. « L’Europe doit être unie et montrer sa capacité à fédérer son action. Des sanctions fortes doivent être prises à l’égard de la Russie », réclame Hervé Marseille, au nom du groupe Union centriste qu’il préside.
Comme lui, nombreux sont les parlementaires à appeler à des sanctions plus importantes. « Nous ne pouvons faire mieux que de prendre les sanctions les plus sévères sans espérer d’efficacité immédiate », a demandé Philippe Bas (LR), l’ancien président de la commission des lois. « J’appelle à une escalade de sanctions qui pénalisent durement le régime russe, car le problème c’est le régime », a insisté le sénateur LREM Julien Bargeton. Le sénateur de Paris appelle également à « contenir l’expansionnisme » et fait du « lieutenant-colonel Poutine » le « seul responsable ». « La réponse de la France et de l’Europe doit être vigoureuse, coordonnée et sévère », plaide le rapporteur général du budget, Jean-François Husson.
« Nous n’en mesurons pas encore pleinement les conséquences »
Vice-président de la commission des affaires étrangères, le sénateur (Les Indépendants) Joël Guerriau doute de l’efficacité des sanctions. « Brandir les sanctions ne suffit pas pour faire reculer une nation dans ses intentions surtout quand elle est gouvernée par un homme plus qu’autoritaire », a-t-il expliqué dans notre matinale.
Chez les socialistes, la solution est à rechercher avec l’Union européenne et l’ONU, insiste le groupe dans un communiqué. « Sanctions économiques maximales pour forcer Poutine à arrêter son agression militaire, désescalade nécessaire qui passe par l’UE et l’ONU et non l’OTAN », souligne sans détour Hélène Conway-Mouret, sénatrice des Français de l’étranger. Le centriste Philippe Folliot, membre du bureau de l’Assemblée parlementaire de l’Otan, a adressé un courrier à la présidence de cette institution afin de « réunir en urgence les membres de l’organisation pour réaliser un point de situation et définir des mesures de soutien à l’Ukraine ».
Chez les écologistes, un message d’unité également. « Face à la barbarie de l’attaque russe : solidarité avec le peuple ukrainien. La France et l’Europe doivent se montrer unies pour soutenir l’Ukraine, au moment où les bombes tombent à leurs portes », écrit le sénateur Thomas Dossus. « L’entrée en guerre de Poutine contre l’Ukraine est irresponsable. Mobilisons-nous pour un cessez-le-feu immédiat et, plus que jamais, pour des solutions de paix durables. Assez de guerre ! » réagit pour sa part le communiste Pierre Laurent.
Les commissions du Sénat s'activent également. Dans un courrier envoyé au président de l’Arcom et à la ministre de la Culture Roselyne Bachelot, Laurent Lafon, le président de la commission de la culture demande la suspension d’autorisation d’émettre en France de la chaîne pro russe « Russia Today » (lire notre article). L’impact socio-économique d’un conflit à l’Est de l’Europe se manifeste déjà dans les cours de l’énergie ou encore du blé. « Nous n’en mesurons pas encore pleinement les conséquences : humaines, politiques, énergétiques, géopolitiques, notamment au Moyen Orient et au Sahel », s’inquiète la présidente de la commission des affaires économiques du Sénat, Sophie Primas (LR)