Avant la commission mixte paritaire sur le budget, les oppositions formulent leurs réserves sur le texte issu du Sénat. Sur le plateau de Parlement Hebdo, l'écologiste Guillaume Gontard dénonce un budget « totalement austéritaire », le député RN, Gaëtan Dussausaye, évoque un « budget de punition sociale ». Néanmoins, le fond des critiques et la position à adopter en cas de recours au 49-3 divergent.
Audiovisuel public : « La réforme ne doit pas passer exclusivement par des réductions budgétaires » selon Catherine Morin Desailly
Par Yann Quercia
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Catherine MORIN-DESAILLY, présidente de la commission de la culture, et Jean-Pierre LELEUX, rapporteurs des crédits de l’audiovisuel, présentaient ce matin les perspectives d'évolution de l'audiovisuel public au regard des travaux du Sénat et du débat sur le projet de loi de finances pour 2018.
La loi de finance 2018 va multiplier les mesures d'économies dans tous les secteurs publics. Ces réductions vont aussi toucher l’audiovisuel public : 50 millions pour France Télévisons, 25 millions pour Radio France, 5 millions pour Arte et l’INA, 1,9 million pour France Médias Monde.
Pour l’instant « le gouvernement demande des efforts budgétaires » mais « nous ne connaissons pas les propositions. Les annonces nous paraissent floues notamment avec la suppression hier d’un amendement qui devait atténuer les coupes de 20 millions chez France Télévisions » affirme Catherine Morin Desailly. « La réforme ne doit pas passer exclusivement par des réductions budgétaires et une vision strictement financière du sujet. Nous mettons en garde contre cette méthode. Il faut une démarche globale stratégique. »
Pour Jean-Pierre Leleux : « l’exécutif doit tracer une ligne. On est pour l’instant sur des propositions budgétaires. Le gouvernement doit mettre en œuvre une stratégie globale. » Néanmoins « à la fois les préconisations du candidat Macron et celles qui tendent à se confirmer dans le PLF 2018 vont dans le sens des préconisations du Sénat. »
Une Réforme de l’audiovisuel public en trois axes
Les deux sénateurs réclament une réforme systémique de l’audiovisuel qui « repose sur 3 piliers. »
Tout d’abord une réforme structurelle qui passe par un rapprochement de l’ensemble des sociétés de l’audiovisuel public. La sénatrice Morin Desailly évoque à nouveau l’idée d’une « BBC à la française ». Cette nouvelle entité disposerait d’un directeur général pour l’entité et nommé par son instance de direction collégiale.
Ensuite, le rapport du Sénat préconise un nouveau mode de gouvernance pour l’audiovisuel public. Il faut «une désignation des Présidents de chaînes par les conseils d’administration et non le CSA car cela connaît ses limites » selon Jean-Pierre Leleux.
Enfin, une réforme financière des ressources au travers d’une contribution des ménages comme cela se fait en Allemagne. « Nous n’échapperons pas à une réforme de la contribution de l’audiovisuel public » selon Catherine Morin-Desailly
« Les syndicats sont trop conservateurs »
Hier, les salariés de France Télévisions, notamment les journalistes, avaient répondu en nombre à un appel à la grève intersyndicale pour protester contre les coupes budgétaires du gouvernement. Pour le sénateur Jean-Pierre Leleux « les syndicats actuels de France télévision, qui étaient auparavant réformistes, sont aujourd’hui trop conservateurs. » « La grève est un droit mais elle est un peu anticipée. Les syndicats de France Télévision et de l’audiovisuel public en général, sont vigilants au maintien de la totalité de l’emploi. Cela mérite une discussion car c’est une vision réduite de l’intérêt général de l’audiovisuel public et il faut inclure l’évolution technologique qui touche à l’emploi. »
La Ministre de la culture, Françoise Nyssen, sera auditionnée les 24 et 25 octobre au Sénat. Elle devrait apporter des réponses quant à l’évolution de l’audiovisuel public.