Les sénateurs qui ont interrogé Olivier Véran devant la commission des Affaires sociales sont partagés voire perplexes quant à la prestation du ministre des Solidarités et de la Santé. S’ils reconnaissent globalement que « l’orientation du gouvernement semble plus claire qu’il y a 15 jours », pour le sénateur Bernard Jomier (apparenté socialiste), « les interrogations demeurent encore très importantes quant au calendrier de vaccination ».
« Je reconnais qu’il y a clairement une prise de conscience du gouvernement, et cela veut donc bien dire que nos critiques étaient fondées contrairement à ce qu’a pu dire le Premier ministre en parlant de polémique infondée », lance le sénateur de Paris.
Mais pour ce dernier qui est également médecin, le retard pris par le gouvernement ne sera pas rattrapable. « Il faut bien comprendre que le jour où nous aurons protégé les personnes les plus vulnérables, le pays pourra progressivement reprendre une vie normale. Le problème, c’est que la totalité de ces publics cibles ne sera donc pas vaccinée avant avril au mieux, et nous ne sommes donc pas sortis des mesures de restriction avant encore donc un bon moment. Plus la vaccination traîne, plus la situation sera difficile », râle Bernard Jomier, qui s’étonne également des chiffres de doses de vaccins avancés par le ministre durant son audition.
« Olivier Véran parle de 77 millions de doses d’ici fin juin et de 21 millions pour mars, ce qui me paraît faramineux. Il faudrait vraiment recevoir beaucoup de doses du vaccin AstraZeneca pour cela… », critique le sénateur.
Audition demain du spécialiste Covid en Israël
Même son de cloche du côté de Catherine Deroche, la présidente de la commission des Affaires sociales concernant l’échéancier que le ministre va devoir « davantage préciser » selon elle. « Le calendrier n’est pas clair, car pour les 75 ans et plus, le temps de vaccination d’ici Pâques est beaucoup trop long. Nous allons de toute façon envoyer au ministre un questionnaire complémentaire pour qu’il nous donne un calendrier plus précis ».
La sénatrice LR du Maine-et-Loire qui regrette « l’absence d’autocritique » du ministre, n’a également pas vraiment été convaincue par la réponse d’Olivier Véran sur les cabinets de conseils américains mandatés par le gouvernement pour travailler sur la stratégie vaccinale. « On n’a pas bien compris quels types conseils un cabinet comme Mc Kinsey leur a donné. J’aimerais là aussi de nouvelles précisions », annonce Catherine Deroche.
Les sénateurs qui comptent donc continuer à « mettre la pression sur le gouvernement pour que les délais de vaccination des publics prioritaires soient accélérés », auditionneront demain par visioconférence « le conseiller Covid » d’Israël pour tenter de comprendre comment ce pays est parvenu à vacciner aussi massivement et rapidement sa population. « Ça m’intéresse vraiment de savoir comment ils s’y sont pris eux », confie Catherine Deroche.