Audition de Bernard Arnault et Vincent Bolloré : « Ils sont vêtus de probité candide et de lin blanc », raille Patrick Mignola

Audition de Bernard Arnault et Vincent Bolloré : « Ils sont vêtus de probité candide et de lin blanc », raille Patrick Mignola

Invité vendredi de Public Sénat et LCP, le député du MoDem Patrick Mignola invite à engager une réflexion sur le financement des médias, arguant que la pluralité des sources est un gage d’indépendance. Le Sénat, qui a ouvert une commission d’enquête sur la concentration des médias, a entamé une série d’auditions des grands propriétaires de titres de presse, chaînes TV et autres stations de radio.
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Défilé de milliardaires au Sénat. Non pas pour la fashion week parisienne, mais pour répondre aux questions de la commission d’enquête sur la concentration des médias. Après l’audition mercredi de Vincent Bolloré, propriétaire du groupe Canal, mais qui a aussi la mainmise sur Europe 1, Paris Match et le JDD via ses investissements chez Lagardère, c’était au tour, jeudi, de Bernard Arnault, propriétaire notamment des Echos, du Parisien et de Radio classique, de passer sur le gril des sénateurs. À chaque fois, les hommes d’affaires ont botté en touche lorsqu’il leur a été demandé les raisons de ces différents rachats. Au choix : faire de l’argent ou sauver des grands titres de la presse française au nom de « l’intérêt général ». Dans les deux cas, ils se sont défendus de toute ingérence dans les rédactions ou d’une volonté d’influencer l’opinion publique. « Ils sont vêtus de probité candide et de lin blanc », a commenté vendredi, non sans ironie, au micro de « Parlement Hebdo » sur Public Sénat et LCP, le député MoDem Patrick Mignola, en référence à un poème de Victor Hugo.

« Si personne n’a observé le virage politique qui a été pris par CNews ou Europe 1, c’est que personne ne s’est intéressé aux médias depuis une année », relève l’élu. « La démocratie, c’est le pluralisme. Il faut que les médias soient pluralistes, et pour être pluralistes, il faut qu’ils soient indépendants », résume Patrick Mignola. « Il faut précisément que ce ne soit pas que des mécènes ou de grands capitaux, français ou internationaux, qui les détiennent », argue ce membre de la majorité présidentielle. « L’indépendance tient à la pluralité des sources de financement », martèle le député. « La liberté de la presse ne peut pas être garantie si elle est détenue par une ou deux personnes ».

Aller chercher l’argent du côté des Gafa

À ses yeux, le système de financement des médias pose de nombreux problèmes, il invoque notamment le cas de la presse quotidienne régionale, largement soutenue par des fonds publics. « Si elle n’est pas financée par les conseils départementaux, régionaux et les grandes mairies, elle ne vit pas. C’est 40 à 60 % de leurs budgets. Comment ne pas douter, parfois, dans des élections locales, d’une éventuelle partialité ? », pointe Patrick Mignola. « Il ne faut pas que l’on se retrouve dans cette situation-là au niveau national ».

Il estime que la taxation des géants américains de l’Internet, notamment les réseaux sociaux qui génèrent du trafic grâce aux publications des médias, peut apporter une solution en contrebalançant l’apport financier des grandes fortunes. « On a évalué à 400-600 millions d’euros ce que les Gafa doivent aux médias en France. Il faut qu’on réussisse à leur faire payer. Dans ce cas-là, Monsieur Bolloré et Monsieur Arnault pourront participer comme ils le souhaitent à la vie médiatique, mais les journalistes seront indépendants car ils auront une autre source de financement. »

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