Les attaques contre les journalistes de la part de responsables de la droite sont "irresponsables", a estimé mardi la ministre de la Culture Audrey Azoulay, s'interrogeant sur la viabilité de la candidature de François Fillon.
"Il y a un discours (contre les journalistes) qui est tout a fait irresponsable, porté par ceux qui veulent être - pour combien de temps? je ne sais pas - candidat à l'élection présidentielle", a dit sur RTL Mme Azoulay en visant clairement le candidat LR à l'élection présidentielle, François Fillon.
"On peut critiquer les positions de tel ou tel (journaliste), c'est normal et légitime. Mais jeter l’opprobre sur l'ensemble de cette profession c'est irresponsable dans une démocratie. On joue avec le feu et il peut y avoir des conséquences", a-t-elle mis en garde.
"Quand la défiance est alimentée par des gens qui prétendent être candidat à la présidence de la République c'est très grave", a-t-elle insisté. "C'est dangereux en démocratie de tenir ce discours", a ajouté la ministre qui a défendu le journalisme d'investigation qui "doit être indépendant". "C'est aux journalistes de décider sur quoi ils enquêtent".
Lors d'une conférence de presse le 6 février, François Fillon a accusé les médias d'en avoir "trop fait" pour le "lyncher" et l'"assassiner politiquement" à la suite des révélations du Canard enchaîné sur de présumés emplois fictifs de sa femme.
Jeudi dernier, lors d'une réunion publique du candidat LR à Poitiers, la foule du Palais des congrès a conspué les journalistes présents, emmenée par un autre ex-premier ministre, Jean-Pierre Raffarin.
Le Syndicat national des journalistes (SNJ), première organisation de la profession, avait appelé dimanche François Fillon et ses soutiens à "se ressaisir" et "cesser ce +spectacle+ indigne d'une démocratie", à la suite des attaques du candidat LR contre les médias.
Reporters sans frontières s'est inquiété pour sa part lundi des "attaques ciblées" contre les journalistes de la part de responsables politiques français et a déploré dans un communiqué un "climat nauséabond".