Paris : Illustrations Bastille Day Military Parade Champs Elysees
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Augmentation du budget des armées : Une nécessité qui « va être difficile à faire accepter », estiment les sénateurs

Avec la publication des plafonds de crédits pour les ministères, les arbitrages de Matignon sanctuarisent le budget des armées qui bénéficie d’une augmentation de 6,7 milliards d’euros. Une augmentation que les sénateurs jugent nécessaire au vu de l’accroissement des menaces même si ces derniers s’inquiètent de l’acceptabilité de cette hausse.
Henri Clavier

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Sans surprise, alors que le Premier ministre a fixé les plafonds de crédits pour chaque ministère, seul le budget du ministère des Armées connaît une augmentation substantielle. Une hausse des moyens qui, dans le projet actuel de loi de finances, doit permettre aux armées de compter sur 6,7 milliards d’euros supplémentaires et ainsi porter le budget de la défense à 57,1 milliards d’euros. En plus de l’augmentation prévue par la loi de programmation militaire, le chef de l’Etat avait annoncé dans son discours aux armées la veille du 14 juillet vouloir augmenter le budget des armées de 3,5 milliards d’euros supplémentaires. Une volonté politique qui avait mécaniquement augmenté le volume d’économies souhaité par François Bayrou passant ainsi de 40 milliards d’euros à 43,8 milliards.

Au Sénat, et en particulier au sein de la commission des affaires étrangères et de la défense, cette augmentation des crédits est jugée indispensable.

Un effort qui fait consensus

« L’effort de défense se justifie au regard de la situation internationale », rappelle Jean-François Husson, rapporteur général de la commission des finances du Sénat. Alors que la guerre en Ukraine et le retour de Donald Trump au pouvoir aux Etats-Unis ont radicalement transformé le rapport des Européens à leur politique de défense, l’augmentation du budget de la défense fait consensus. Pour justifier la nécessité d’augmenter le budget des armées, Emmanuel Macron avait affirmé que « pour être libre dans ce monde, il faut être craint ». Un constat partagé par Cédric Perrin, président de la commission de la défense et des affaires étrangères, qui rappelle qu’il faut coller aux objectifs fixés dans le cadre de l’Otan. « On considère que l’augmentation des crédits est une nécessité compte tenu de l’état de la menace, ensuite il faut coller aux objectifs de dépenses rapportés au PIB et atteindre 3,5 %, on en est encore loin », explique Cédric Perrin.

Alors qu’un drone de fabrication russe a été retrouvé en Lituanie le 28 juillet, les sénateurs insistent sur le besoin de renforcer les capacités de défense pour se prémunir contre un nouveau conflit. « Au moment de la guerre en Ukraine nous avons eu un réveil collectif illustré par un déficit criant de matériel. Si nous ne sommes pas en capacité de faire la démonstration que nous pouvons nous défendre, nous risquons de le payer cher », explique la sénatrice socialiste Hélène Conway-Mouret.

Un budget de rattrapage 

Malgré ces nouveaux crédits, la commission des finances et la commission des affaires étrangères et de la défense du Sénat ont plusieurs fois rappelé que l’augmentation des crédits prévue par la loi de programmation militaire permettait d’abord de rattraper le retard pris par la France en matière de défense. « On est assez lucides sur le constat, les crédits supplémentaires s’inscrivent toujours dans une logique de réparation, ça ne permet pas encore d’être craint comme le souhaite Emmanuel Macron », estime le sénateur socialiste du Lot, Jean-Marc Vayssouze-Faure. « On reste dans une phase de rattrapage budgétaire notamment du point de vue des équipements », abonde Hélène Conway-Mouret.

En plus de ce rattrapage, cette hausse des moyens doit permettre au ministère des armées de dégager une nouvelle marge de manœuvre en matière de commande d’équipements militaires. En effet, les reports de charges du ministère des armées, c’est-à-dire les dépenses prévues mais pas encore honorées, ont atteint un niveau inédit de 8 milliards d’euros en 2025.

Le défi de l’acceptabilité 

Pour ces raisons, l’augmentation des crédits alloués à la défense est saluée par les sénateurs. Néanmoins, si le budget de la défense augmente, l’ensemble des autres ministères voit ses moyens diminuer afin de réaliser les 43,8 milliards d’économies souhaitées par le chef du gouvernement. « La difficulté c’est de savoir comment dégager ces nouveaux crédits », résume Cédric Perrin. Néanmoins, le président de la commission de la défense assume de faire de la sécurité la priorité. « Il n’y aura pas d’évolution sociale si la sécurité n’est pas assurée, l’objectif n’est pas de faire la guerre, mais d’être dissuasif. Ça nécessite de faire des efforts », assure le sénateur du Territoire de Belfort.

En creux, l’augmentation du budget de la défense pose la question de l’acceptabilité du budget qui sera défendu par le gouvernement à l’automne. « Entre l’augmentation de dépenses militaires et des efforts sur les dépenses du modèle social ça va être difficile à faire accepter. Il va falloir que le projet de loi de finances soit beaucoup plus équilibré », prévient Jean-Marc Vayssouze-Faure. Le gouvernement a, par exemple, déjà annoncé une baisse de 5,5 milliards des dépenses de santé. Des arbitrages qui pourraient fragiliser davantage le gouvernement au moment des discussions budgétaires, notamment à l’Assemblée nationale. Par ailleurs, si le gouvernement était censuré à l’automne, le budget des Armées pourrait être menacé. « Aujourd’hui, le ressenti c’est qu’on demande toujours aux mêmes », juge Jean-Marc Vayssouze-Faure qui souhaite une meilleure répartition des efforts afin de faire accepter l’augmentation des crédits alloués aux armées.

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