Aurélien Pradié, le “loup solitaire” devenu un berger des Républicains

Aurélien Pradié, le “loup solitaire” devenu un berger des Républicains

Être à contre-courant a jusqu'ici réussi à Aurélien Pradié: "loup solitaire" bombardé à 33 ans numéro trois des Républicains, il...
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Par Camille ROMANO

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Être à contre-courant a jusqu'ici réussi à Aurélien Pradié: "loup solitaire" bombardé à 33 ans numéro trois des Républicains, il s’est fait le héraut de la lutte contre les violences conjugales, en court-circuitant le gouvernement avec sa proposition de loi qui doit être adoptée mercredi.

Son texte mettant en place le bracelet anti-rapprochement, musclé in extremis d'une mesure sur la suspension de l'autorité parentale, doit être voté définitivement par le Parlement mercredi, ce qui représente un tour de force pour une proposition de l'opposition.

Aurélien Pradié est "jeté face à cette réalité" des violences en mars 2008, lors de son premier rendez-vous en tant que conseiller général. Dans son bureau, Hélène, une jeune femme de Cahors, lui dévoile ses bleus dans le cou, et sa peur d'être tuée par son compagnon.

Ce combat qu’il revendique depuis plus de dix ans vient de là, balayant les critiques d’opportunisme d’une secrétaire d’Etat, Marlène Schiappa.

- Élu "en transpirant" -

"Je m'encombre assez peu d'attitudes de faux-culs, parce que ce n'est pas comme ça que j'ai été fabriqué", revendique ce jeune homme brun au regard clair, que ses détracteurs qualifient de "brutal".

Sa construction personnelle et politique, "solitaire plutôt qu'individualiste" selon ses mots, l'a forgé ainsi. Solitaire dans la vie, quand un accident laisse son père handicapé. Solitaire en politique, comme seul conseiller général de droite, élu en 2008 "en transpirant, dans un Lot ancré à gauche.

Deuxième plus jeune conseiller général de France cette année-là après Jean Sarkozy, il échouera aux législatives et aux européennes.

Aurélien Pradié n'a pas de mentor mais des figures tutélaires comme Jacques Chirac et Georges Pompidou.

Tout en étant cadre dans le privé, il devient maire de Labastide-Murat en 2014, et député du Lot en 2017, contre toute attente. "Je m'étais plutôt préparé à ne pas être élu qu'à être élu", avait-il confié à l'époque à l'AFP.

Au Palais Bourbon, "on s'est pas mal foutu de moi quand j'ai parlé de +révélation+ pour ma rencontre avec Christian Jacob", alors patron du groupe LR et chiraquien de toujours.

Après la déroute aux élections européennes de mars, le jeune élu pousse pour un "comité du renouvellement" au sein de sa formation, afin de "sortir la droite de ses zones de confort habituelles".

Son activisme paie: jugeant que la jeune garde "a du jus", Christian Jacob devenu président du parti le choisit en octobre comme secrétaire général.

Damien Abad, désormais à la tête des députés Les Républicains, vante le "talent" du trentenaire et leur "convergence idéologique": "LR doit marcher sur ses deux jambes, le champ économique et social est important", à côté du régalien.

"Il fait partie des espoirs", salue encore un collègue, notant qu'il "joue parfois" de son "côté loup solitaire" et n'est pas encore "un meneur de troupe". Même s'"il a mis un peu de rondeur depuis quelques mois".

- "Un peu à l'ancienne" -

Aurélien Pradié entretient encore sa réputation de "sale gosse", forgée à coup de claquements de pupitres et d'interpellations franches.

"Plus jeune, il était moins dans le conflit", remarque la "marcheuse" et ex-LR Marie Guévenoux qui l'a connu à ses débuts: "il a pris cette marque de fabrique de contestataire, un peu flibustier". Un centriste y voit une manière "virile, un peu à l'ancienne" de pratiquer la politique.

Son flair, loué dans son parti, est reconnu un peu à contrecœur chez les macronistes, qui ont en travers de la gorge son "holp-up" sur les violences conjugales. L'un d'eux épingle chez lui l'alliance d'"un cynisme lucide et d'une force de conviction qui le rend très efficace".

Aurélien Pradié admet que s'il avait "été de bout en bout sage, consensuel et transparent, on n'aurait jamais pu voter cette loi". "Perso" peut-être, mais "réglo", assure-t-il cependant.

Même l’Insoumis Ugo Bernalicis concède avoir été "agréablement surpris" par sa conduite, loin du "fanfaron un peu tête à claques" connu jusque-là.

Toujours conseiller municipal de Labastide-Murat, il s'accroche à ses racines lotoises. Sinon, il y a la course à pied, et le surf, en solitaire, toujours.

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