Jusqu’où aller pour casser la propagation de l’épidémie de coronavirus, pour aplatir la courbe et éviter l’engorgement des services d’urgence et de réanimation ? « Nous sommes dans une période où on ne peut pas oublier, derrière les questions sanitaires, les questions essentielles des libertés fondamentales », a tenu à rappeler le député LR Aurélien Pradié. Invité de l’émission Audition publique ce 9 novembre sur les chaînes parlementaires Public Sénat et LCP-Assemblée nationale, en partenariat avec Le Figaro Live, le député du Lot a livré ses inquiétudes sur la gestion de l’épidémie.
« Je crains que nous nous réveillions avec une sacrée gueule de bois sur le front des libertés individuelles », déclare le député. Et à ce rythme, certaines initiatives de collègues venus de la majorité présidentielle l’inquiètent. C’est notamment le cas d’Olivier Becht, président du groupe Agir ensemble, qui suggère de soumettre les personnes testées positives au Covid-19, ainsi que les cas contacts, à une quarantaine renforcée, dont le non-respect serait passible d’une amende de 10 000 euros. « Ces députés sont fous », lâche Aurélien Pradié. Et d’ajouter : « On fait de nos concitoyens des gosses. »
Après l’adoption définitive au Parlement de la prorogation de l’état d’urgence sanitaire jusqu’au 16 février, et de dispositions de sortie courant jusqu’au 1er avril, le député LR s’inquiète également pour les prérogatives du Parlement. Les oppositions ont échoué à obtenir un retour plus rapide du gouvernement devant les assemblées. L’ancien président de la commission des Lois au Sénat, le sénateur LR Philippe Bas, a même reproché au gouvernement de vouloir des « pouvoirs spéciaux pendant six mois ».
« Les recours au Conseil constitutionnel, une fois que les parlementaires ont pu s’exprimer, n’ont pas lieu d’être »
Aurélien Pradié n’a pas non plus mâché ses mots. « Je crois que nous sommes en train de congeler notre vie démocratique parlementaire. C’est effrayant. Je pèse mes mots », s’écrit-il. Pour autant, le député n’entend pas se joindre aux groupes de gauche qui veulent saisir le Conseil constitutionnel sur les dispositions de ce projet de loi. « J’ai posé mon vote. Je considère que les recours au Conseil constitutionnel, une fois que les parlementaires ont pu s’exprimer, n’ont pas lieu d’être. »
Quant à l’hypothèse de plus en plus présente d’un report des élections départementales et régionales, qui doivent avoir normalement lieu en mars, Aurélien Pradié ne se prononce pas contre, étant donné la difficulté de mener une campagne. Mais il prévient : « On ne pourra pas éternellement revoir des échéances électorales qui sont le cœur de notre démocratie. » Un report jusqu’en juin resterait une « piste d’atterrissage acceptable », selon lui. « Au-delà, je dis attention que tout cela ne sente pas aussi le tripatouillage électoral. »