Un millier de signataires dont les députées LFI Clémentine Autain et Elsa Faucillon (PCF) appellent dans une tribune publiée mardi par Le Monde à un "big bang" de la gauche et à la construction d'un nouveau "cadre de rassemblement politique et citoyen".
Au lendemain des élections européennes, où la gauche est apparue "en miettes, désertée par une très grande partie des classes populaires", les auteurs - élus, militants politiques, associatifs et syndicaux, artistes et intellectuels - estiment nécessaire "un big bang" pour "construire une espérance capable de rassembler et de mobiliser".
Un big bang qui doit "toucher aux formes de l'engagement", à l'heure où la "défiance est massive à l'égard des représentants et des partis politiques".
Si le score remarqué des écologistes d'EELV aux européennes (13,47%) a permis à la gauche de totaliser 31,7% des voix, contre à peine 26% à la présidentielle de 2017, le scrutin européen a aussi été marqué par la déroute de LFI (6,31%) ainsi que les scores modestes de PS/Place publique (6,19%), de Générations (3,27%) et du PCF (2,49%).
"Il est temps de se parler et de s'écouter, de se respecter pour pouvoir avancer en combinant le combat pour les exigences sociales et écologiques", dit le texte, dans ce qui peut se lire comme une critique implicite du fonctionnement de la France insoumise.
"+Insoumis+, communistes, anticapitalistes, socialistes et écologistes décidés à rompre avec le néolibéralisme" doivent engager le dialogue mais aussi plus largement les citoyens, le monde syndical, poursuivent les auteurs.
"Loin du ressentiment et de la haine pour moteur, nous devons faire vivre un horizon commun de progrès pour l'humanité", jugent-ils. Une phrase qui fait écho à des critiques déjà formulées la semaine dernière par Clémentine Autain sur "l'état d'esprit polémique et clivant" qui prime selon elle dans le mouvement de Jean-Luc Mélenchon.
Les signataires appellent à un rassemblement le dimanche 30 juin au cirque Romanès à Paris.
Parmi les premiers signataires, aucun Insoumis de premier plan, mais de nombreux membres de Générations (Yves Contassot, Guillaume Balas, Régis Juanico), des écologistes comme le conseiller de Paris Jérôme Gleizes, des communistes comme le maire de La Courneuve Gilles Poux ou le député Stéphane Peu.
"Clémentine se trompe, on n'a pas besoin de dire que tout est à refaire", a réagi auprès de l'AFP Eric Coquerel. "En 2016, il y avait un appel à faire front commun, avec à peu près les mêmes signataires, et entre temps il y a eu la présidentielle avec nos 19,58% des voix", a-t-il taclé.
Interrogé sur l'éventuelle fragilisation du leader insoumis, il a avancé que Jean-Luc Mélenchon n'opèrera "aucun recul ni retraite" lorsqu'il prendra la parole, prochainement. Même si, imagine Eric Coquerel, la possibilité d'un "positionnement différent" est possible.
"Après le 6 juin, je m’exprimerai plus largement, aussi clairement que j’en suis capable", avait écrit M. Mélenchon samedi. "Je dirai mon appréciation du moment politique. Je proposerai une suite pour notre chemin et je dirai ce qu'il en sera pour moi".