« Autoritaire », « brutalisation du Parlement » : Alexis Corbière dénonce la stratégie du gouvernement sur les retraites
Invité de notre matinale, Alexis Corbière a alerté sur « le problème démocratique » que posait la réforme des retraites, et notamment le fait de la faire passer par un budget rectificatif de la Sécurité sociale. Le député LFI dénonce une « brutalisation » du Parlement, et un dévoiement de la Constitution qui en fait ressortir les « traits autoritaires. »

« Autoritaire », « brutalisation du Parlement » : Alexis Corbière dénonce la stratégie du gouvernement sur les retraites

Invité de notre matinale, Alexis Corbière a alerté sur « le problème démocratique » que posait la réforme des retraites, et notamment le fait de la faire passer par un budget rectificatif de la Sécurité sociale. Le député LFI dénonce une « brutalisation » du Parlement, et un dévoiement de la Constitution qui en fait ressortir les « traits autoritaires. »
Louis Mollier-Sabet

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Alors que la bataille des retraites bat son plein, Alexis Corbière entend bien attirer l’attention sur « le problème démocratique » que pose la réforme du gouvernement. Le député LFI rappelle en effet que les enquêtes d’opinion établissent que 9 salariés sur 10 sont opposés à cette réforme, tout comme 70 % de la population. Face à l’argument de la majorité présidentielle sur l’annonce de cette réforme par le candidat Macron lors de la campagne présidentielle, Alexis Corbière répond : « Il a été élu au second tour dans un rejet de Marine Le Pen, et avait dit que ce vote l’obligeait. Ses amis députés n’ont pas obtenu de majorité à cause de ça à l’Assemblée. Le Président de la République doit faire attention à une chose : si une fois que le tour de passe-passe est fini, on dit qu’en fait on a été élu sur son programme, les gens n’iront plus voter pour faire barrage à l’extrême droite. »

« Le 47-1 n’est pas fait pour faire passer un rallongement de la durée de retraite »

Le député LFI estime ainsi que le Président « brutalise » le peuple, et ses représentants au Parlement, notamment en présentant cette réforme par l’intermédiaire d’un projet de loi de financement rectificatif de la Sécurité sociale. En passant par un budget rectificatif de la Sécurité sociale, non seulement l’exécutif pourrait utiliser le 49-3 sans entamer son quota d’une utilisation par session parlementaire, mais il pourrait aussi compter sur les délais d’examen contraints par l’article 47-1 de la Constitution, puisqu’au bout de 20 jours de débats à l’Assemblée, le texte pourrait être transmis au Sénat sans vote. Au bout de 50 jours de débats parlementaires, l’exécutif pourrait même légiférer par ordonnances.

>> Pour en savoir plus : « Retraites : après le 49-3, découvrez le 47-1, l’autre arme du gouvernement pour faire passer la réforme à l’Assemblée »

En utilisant ainsi des dispositions spécifiques aux textes budgétaires, Alexis Corbière dénonce l’attitude d’un exécutif qui « tord la Constitution » : « Ces articles servent à ce que sur un texte budgétaire, il n’y ait pas de ‘shut down’ financier, mais ce n’est pas le cas de la réforme des retraites. Le 47-1 n’est pas fait pour faire passer un rallongement de la durée de retraite, ce n’est pas une question budgétaire mais une question politique. Pourquoi brusquer le débat politique, et dire qu’en 15 jours on doit avoir réglé l’affaire ? »

47-1 : « Si je vous décrivais ça, vous me diriez que je décris une société autoritaire »

« Laurent Fabius a déjà alerté sur la question », poursuit Alexis Corbière, faisant référence à des propos relayés par le Canard Enchaîné sur le risque d’atteinte à la sincérité des débats parlementaires pointé par le président du Conseil constitutionnel. « Je prends le pari que le Conseil constitutionnel pourrait invalider cela, parce que rien ne justifie [ces délais contraints] », explique le député LFI.

Ainsi « ceux qui font de l’obstruction parlementaire, ce sont M. Véran et Mme Borne », estime Alexis Corbière, qui y voit même une forme d’autoritarisme : « Acceptez-vous un régime politique, dans lequel une réforme aussi fondamentale que faire travailler deux ans de plus s’applique sans être adoptée par l’Assemblée nationale ? Si je vous décrivais ça, vous me diriez que je décris une société autoritaire. Oui, c’est un des traits autoritaires de la Vème République, où le Président peut brutaliser la représentation parlementaire. »

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