Avec la vaccination obligatoire, Bernard Jomier propose « d’être plus clair, plus franc et plus direct » que le passe sanitaire
Invité de Parlement Hebdo, Bernard Jomier a défendu sa proposition de loi sur l’obligation vaccinale, pourtant rejetée mercredi au Sénat. Le sénateur socialiste y voit une alternative moins contraignante et plus claire au pass sanitaire.

Avec la vaccination obligatoire, Bernard Jomier propose « d’être plus clair, plus franc et plus direct » que le passe sanitaire

Invité de Parlement Hebdo, Bernard Jomier a défendu sa proposition de loi sur l’obligation vaccinale, pourtant rejetée mercredi au Sénat. Le sénateur socialiste y voit une alternative moins contraignante et plus claire au pass sanitaire.
Louis Mollier-Sabet

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

« La question c’est comment faire dans notre pays pour transformer cette épidémie définitivement dans un bruit de fond et rien d’autre. » Là-dessus, tout le monde est d’accord. La solution proposée par Bernard Jomier et le groupe socialiste, en revanche, a provoqué plus de réticences. Des parlementaires socialistes ont en effet été menacés et des plaintes ont été déposées. L’action de minorités agissantes pour le rapporteur de la proposition de loi socialiste, puisque d’après lui les Français « souscrivent à l’obligation vaccinale » [voir notre article et un sondage Elabe]. Ainsi Bernard Jomier reste droit dans ses bottes et défend le dispositif d’obligation vaccinale imaginé : « Le pass sanitaire a incité à la vaccination mais ça ne marche plus : 30 000 personnes vont se faire vacciner tous les jours, à ce rythme-là il faudra 8 mois pour arriver à vacciner tout le monde. »

Or, d’après le sénateur de Paris, « il faudra vacciner 90 % de la population pour arriver à une protection collective. » À cet égard, le pass sanitaire a produit des effets, mais bute actuellement sur un plafond de verre. « Nous proposons d’être plus clair, plus franc, plus direct en passant par une obligation collective. En démocratie ce n’est pas la même chose d’avancer masqué. » D’après Bernard Jomier, une telle annonce suffirait à débloquer la situation : « Quand le Président de la République annonce sa décision en juillet [sur le passe sanitaire], immédiatement les gens se sont inscrits, c’est comme ça que l’obligation vaccinale marche. »

Pour revivre les débats autour de l’obligation vaccinale au Sénat, voir notre article sur la séance de mercredi soir.

Prolongation du passe sanitaire : « Un calcul politique lié à la présidentielle »

D’autant plus que même au niveau des restrictions de libertés que ces mesures sanitaires impliquent, « les contraintes avec le passe sanitaire sont beaucoup plus importantes que la contrainte de devoir faire un vaccin. Actuellement on prive des gens de leur travail et le gouvernement entend inscrire une infraction passible de 5 ans de prison et 75 000 euros d’amende dans la loi. Nous proposons une contravention de 135 euros. » Par cohérence, le sénateur socialiste annonce qu’il ne votera pas la prolongation du passe sanitaire – pour le moment en vigueur jusqu’au 15 novembre – jusqu’en juillet, comme le propose le gouvernement : « Nous ne voterons pas le passe sanitaire parce que ce n’est pas un outil efficace pour freiner la circulation du virus et ce n’est plus un outil efficace pour inciter à la vaccination. »

La méthode de l’exécutif sur le sujet a irrité bien au-delà du groupe socialiste et des partisans de l’obligation vaccinale [voir notre article]. Les sénateurs y voient un énième déni du Parlement : « Ce serait la prolongation la plus longue depuis le début de la crise alors que la situation est nettement meilleure. La longueur de cette prolongation n’a rien à voir avec l’épidémie, c’est un calcul politique lié à la présidentielle. S’il y avait un minimum de respect du Parlement, le gouvernement reviendrait devant les parlementaires » accuse Bernard Jomier. D’après le sénateur de Paris, le gouvernement « demande de lui donner les pleins pouvoirs pour faire ce qu’il veut avec le passe sanitaire, ce n’est pas acceptable. » Le texte sera débattu la semaine du 25 octobre au Sénat, nul doute que la version des parlementaires reverra grandement la copie du gouvernement.

Partager cet article

Dans la même thématique

Avec la vaccination obligatoire, Bernard Jomier propose « d’être plus clair, plus franc et plus direct » que le passe sanitaire
9min

Politique

Budget : l’unité entre le PS et Les Ecologistes mise à mal par les discussions avec Sébastien Lecornu ?

Au moment où vont s’engager les discussions avec le premier ministre, Marine Tondelier, patronne des Ecologistes, marque sa différence avec le PS, se prononçant déjà pour le départ de Sébastien Lecornu. « On a notre stratégie et le PS a la sienne », assume le sénateur écolo Thomas Dossus. Elle veut « être au centre de la gauche », entre LFI et le PS, mais « il ne faut pas faire de grand écart qui fasse mal aux adducteurs », met-on en garde au PS…

Le

SIPA_01212671_000009
7min

Politique

Supprimer les avantages des anciens Premiers ministres : la mesure déjà adoptée au Sénat contre l’avis du gouvernement

Pour illustrer « la rupture » promise lors de son entrée en fonction, Sébastien Lecornu a indiqué vouloir supprimer les derniers avantages « à vie » qui sont encore accordés aux anciens membres du gouvernement. Un amendement en ce sens avait été adopté en janvier dernier lors de l’examen du budget 2025. Il allait plus loin et visait aussi les avantages des anciens présidents de la République. François Bayrou n’y était pas favorable et la mesure n’avait pas survécu à la navette parlementaire.

Le

Paris : Preparations for the handover ceremony of the new Prime minister
3min

Politique

Quels sont les avantages dont bénéficient les anciens Premiers ministres et ministres ?

Sébastien Lecornu a annoncé sa volonté de mettre un terme aux derniers privilèges accordés à vie aux anciens Premiers ministres, dans le cadre d’un effort global de réduction de la dépense publique. Une mesure qui concernerait actuellement 17 anciens locataires de Matignon, alors que ces avantages restent relativement limités.

Le