Invité de la matinale de Public Sénat, Mathieu Darnaud, président du groupe Les Républicains au Sénat, a répété ce jeudi que son parti ne participerait pas à « un gouvernement dont le Premier ministre serait de gauche et porterait le programme du Nouveau Front populaire ». Le responsable pointe « l’irresponsabilité » des forces politiques qui ont voté la censure.
Nouveau bouclier tarifaire : les sénateurs dénoncent la stratégie du gouvernement
Par François Vignal
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Ça se confirme. Les Français vont devoir payer plus cher les prix du gaz et de l’électricité l’année prochaine. La première ministre Elisabeth Borne va organiser ce mercredi une conférence de presse pour présenter notamment le nouveau bouclier tarifaire.
L’exécutif va conserver le principe du bouclier, mais devrait en atténuer la portée pour faire des économies. Actuellement, il permet de limiter la hausse du prix réglementé de l’électricité à 4 % et le tarif réglementé du gaz, qui ne doit pas dépasser le tarif d’octobre 2021. La première ministre parlera également du plan de sobriété que le gouvernement prépare. Alors que le gaz russe manque et qu’une partie du parc nucléaire français est à l’arrêt, l’objectif est de réduire la consommation. « Il y aura une campagne de communication du gouvernement sur les écogestes », confie une source ministérielle.
« Il faut que nos compatriotes absorbent une petite part de cette hausse » selon Bruno Le Maire
L’exécutif prépare les esprits à ces hausses à venir depuis la rentrée. Invitée de l’émission Quotidien, sur TMC, fin août, Elisabeth Borne avait déjà prévenu : « On ne va pas geler éternellement, il y aura certainement des hausses des prix de l’électricité et du gaz au début de l’année 2023 mais on s’assurera que c’est soutenable. Ça veut dire aussi avoir des mesures particulières pour les personnes les plus modestes ».
Lundi, sur LCI, le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, a confirmé le « maintien du bouclier tarifaire qui protège tous les Français ». Il soulignait que sans ce dispositif, « au 1er janvier 2023, vous auriez une augmentation du prix de l’électricité de 120 euros par mois et par ménage et de 180 euros pour les prix du gaz ». Mais il y aura bien « au 1er janvier 2023, une hausse contenue du gaz et de l’électricité ». « Il faut bien passer, quand même, par un certain nombre de hausses, même si elles sont contenues », avance le ministre, qui justifie ce choix : « Quand vous avez un prix de l’électricité ou du gaz qui prend 100, 110 ou 150 % en quelques mois, il serait complètement irresponsable de faire peser ces hausses uniquement sur le budget de l’État ». En conséquence, « il faut que nos compatriotes absorbent une petite part de cette hausse ». A combien s’élèvera cette hausse ? Elle pourrait être de 10 à 20 %.
« Chacun se dit, qui va payer la facture ? »
Si le bouclier a pu contenir ces hausses un temps, on comprend que la pression est trop forte pour les finances de l’Etat. Un ministre résume la complexe équation pour le gouvernement : « Ce qui inquiète le plus, c’est la hausse des prix. Il faut une action pour absorber le choc. Il y a l’Etat, les entreprises et les ménages. Et chacun se dit, qui va payer la facture ? » L’Etat devrait garder pour l’heure une bonne part, mais les Français vont devoir débourser à leur tour.
Pour le gouvernement, comment faire accepter ces futures hausses, qui pourraient mal passer chez une partie de l’opinion ? « Il faut dire qu’il n’y a pas d’autres pays en Europe qui a mieux protégé ses ressortissants par rapport à la hausse des prix de l’énergie. Que ce que nous avons fait, c’est pour éviter que les Français soient asphyxiés par ces hausses », conseille un autre ministre.
Prix de l’énergie et enjeu climatique étant aussi étroitement liés, Elisabeth Borne va insister aussi sur la sobriété. Du côté de l’exécutif, on mise avant tout sur « la confiance », « on pense qu’en mobilisant la conscience des entreprises et des citoyens, on peut franchir une première marche significative ». Mais dans un second temps, l’idée d’« aller plus loin », en demandant « peut-être des efforts » n’est pas exclue. Avec peut-être à la clef des mesures « pas forcément super agréables ». Mais avant d’en arriver là, ce n’est pas l’esprit défendu par le gouvernement, où on insiste sur « la différence de méthode » avec les écologistes, qui seraient plus prompts à interdire.
L’écologiste Guillaume Gontard veut « limiter la vitesse à 110 km/h sur autoroute » pour faire « des économies » et réduire « les rejets de carbone »
Pour Guillaume Gontard, président du groupe écologiste du Sénat, il faut en effet prendre des mesures fortes, tout de suite, si elles font sens. Exemple : « Limiter la vitesse à 110 km/h sur autoroute. Ça ne me fait pas forcément plaisir. Je suis comme tout le monde, j’ai envie d’aller vite. Mais les gens devront faire des économies, car le prix de l’essence augmente. A 110 km/h, on en fait et ça a un impact pour le climat et sur les rejets de carbone », défend le sénateur de l’Isère.
Selon l’écologiste, l’exécutif est complètement à la traîne. « Ce qui me catastrophe, c’est que la situation était prévisible. Le premier rapport du Giec date de 1990 et on a un gouvernement totalement perdu. Le Président n’a rien vu. Ça me fait peur. Du coup, on est sur des plans de crise, d’urgence. Je ne dis pas qu’ils ne sont pas nécessaires, mais on a besoin d’avoir une vision plus large, une vision planétaire », défend le président du groupe écologiste.
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« Le Président utilise depuis quelques mois le mot sobriété. C’est une victoire des écologistes déjà, avant c’était un gros mot », se réjouit Guillaume Gontard, « mais il aurait fallu réagir un peu avant… » Il rappelle que « les éléments qui devraient être annoncés, comme l’extinction des lumières, les transports, etc, ce sont toutes les choses qu’on avait proposé dans « la vraie loi climat », que nous avions fait. Et on a encore un paquet de propositions. Elisabeth Borne devrait mieux écouter les écologistes ».
« Malheureusement, les efforts doivent être partagés et l’Etat, comme les collectivités, ne peuvent pas tout », selon Jean-François Husson
De son côté, le rapporteur général de la commission des finances du Sénat, le sénateur LR Jean-François Husson, pose la question de la soutenabilité financière de ces mesures. « Quand l’Etat prend en charge avec de l’argent qu’il n’a pas, il met un double handicap aux Français : il leur fait croire à l’argent magique, l’argent qui n’existe pas. C’est un mauvais signal. Et vous faites payer aux générations actives actuelles le prix fort de cette imprévoyance », dénonce le rapporteur du budget, qui ajoute
Avec le bouclier tarifaire, on remet une pièce dans le juke-box des mauvais choix. Car qui paie ? C’est l’Etat, donc les contribuables, donc les Français, les actifs d’aujourd’hui et de demain.
Pour le sénateur LR de Meurthe-et-Moselle, « malheureusement, les efforts doivent être partagés et l’Etat, comme les collectivités, ne peuvent pas tout ». Si Jean-François Husson « n’est pas choqué que celui qui a les moyens, un gros véhicule, soit moins ou ne soit plus aidé », il faut néanmoins « éviter que ceux les plus en difficulté se retrouvent en situation impossible », tout en « accompagnant et en aidant les Français à entrer dans l’intelligence énergétique », pour moins consommer.
Pour résumer, « ce qui m’intéresse, c’est comment on prend le virage, le changement de logiciel écologique, avec une économie qui continue d’aller de l’avant – car pour ceux qui innovent, il faut des capitaux – que ce soit supportable pour la dette publique et équitablement réparti », soutient Jean-François Husson. Equation insoluble ? Le rapporteur général va peut-être vite en savoir plus. Il était attendu, ce mardi après-midi, pour les « dialogues de Bercy » avec le ministre de l’Economie. Les membres des commissions des finances de l’Assemblée et du Sénat sont conviés pour échanger avec le gouvernement sur le budget 2023, pour mettre en pratique la nouvelle méthode. Les questions énergétiques et de la transition énergétique auront toute leur place dans les discussions.