Avec le Conseil de défense écologique, le gouvernement se met-il au vert?

Avec le Conseil de défense écologique, le gouvernement se met-il au vert?

Peu d’annonces ont germé de la première réunion du Conseil de défense écologique à l’Élysée. Le rendez-vous a davantage servi à communiquer sur le bilan environnemental du gouvernement. Les écologistes y voient une manœuvre, à trois jours des élections européennes.
Public Sénat

Par Guillaume Jacquot (Sujet vidéo : Jonathan Dupriez)

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Le Conseil de défense écologique s’est réuni pour la première fois ce jeudi à l’Élysée. Cette structure, promise par Emmanuel Macron lors de sa conférence de presse du 25 avril, a rassemblé 13 ministres. Une semaine après les conclusions du grand débat national, le gouvernement sonne donc la mobilisation générale pour l’environnement et le climat. « Nous sommes déterminés à obtenir des résultats concrets, rapides, avec une nouvelle méthode, sans se contenter de déclarations qui ne seraient pas suivies d’effets ».

En réalité, la présentation officielle à l’issue de la matinée de travail contenait peu d’annonces. L’essentiel s’est résumé à une énumération des mesures appliquées depuis deux ans ou des projets de loi en cours de discussion au Parlement ou sur le point d’être présenté en Conseil des ministres (comme le texte sur l’économie circulaire). Interdiction de l’exploitation des gaz de schiste ou de l’utilisation des néonicotinoïdes (pesticides qui déciment les populations d’abeilles), primes à la conversion ou encore chèque énergie, François de Rugy a d’abord dressé le bilan du gouvernement en matière de transition écologique « Très peu de pays ont fait autant que la France en matière de transition écologique ces dernières années », assure le Premier ministre. Tout en reconnaissant que des marges d’amélioration étaient envisageables. « Nous avons fait beaucoup. Nous pouvons considérer que nous n’allons pas assez vite, peut-être pas assez loin sur ce sujet. »

Le discours met l’accent sur la rénovation énergétique des bâtiments. Le gouvernement souhaite « renforcer sa mobilisation » sur le sujet. Les prochains conseils des ministres doivent passer en revue les différents dispositifs pour les faire évoluer. C’est l’occasion pour Édouard Philippe d’annoncer un milliard d’euros de prêts supplémentaires pour la rénovation des logements sociaux. Le Premier ministre donne aussi naissance à une nouvelle structure : « France Transition écologique », pour faciliter les projets d’investissements. La Banque des territoires alimentera les projets de transports et de rénovation, à hauteur de trois milliards d’euros, sous forme de prêts là aussi.

Les électeurs écologistes courtisés

L’opposition, notamment du côté des écologistes, n’a pas manqué de dénoncer « l’opportunisme électoral » de la majorité présidentielle, à seulement trois jours des élections européennes, un scrutin où les listes qui mettent en avant l’écologie réalisent généralement de bons scores. « La ficelle est un peu dure à avaler », s’est plaint Yannick Jadot, la tête de liste d’Europe Écologie-Les Verts sur BFMTV. Citant un « stratège de la macronie », Le Parisien relate que « l’initiative n’est pas entièrement dénuée d’intérêts » et qu’il s’agit bien de « multiplier les signes » dans la phase finale de la campagne. Difficile de déconnecter la défense du bilan, telle qu’elle a été abordée à la mi-journée de la campagne européenne. D’autant que deux idées formulées par Édouard Philippe se retrouvent dans la profession de foi de la liste Renaissance : le projet de taxation du kérosène et celui d’une « Banque du climat » à l’échelle européenne.

Interrogé lors d’un point presse express, le chef du gouvernement a assuré qu’il s’agissait bien de « faire de la politique avec un grand P », brandissant l’un des arguments classiques contre l’opposition. « Je n’ai aucun doute sur le fait que nos adversaires nous critiquent. Si nous ne parlions pas de ces sujets, probablement nous critiqueraient-ils sur le fondement du fait que nous n’en parlerions pas. »

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« La Montagne d’or ne se fera pas » affirme François de Rugy

Sur le plan de la protection de la biodiversité, le discours ne compte rien d’inédit par rapport à ce qu’Emmanuel Macron avançait le 7 mai dernier, aux côtés des experts de l’ONU qui sonnaient l’alerte sur la disparition à grande d’échelle des espèces. 60 % d’emballage plastique recyclé d’ici 2022, lutte contre la bétonisation des sols, ou encore création de 20 réserves protégées sur le quinquennat : les mesures sont confirmées, mais ne vont pas au-delà. L’exécutif en profite, comme le président de la République il y a un mois, pour tirer une nouvelle fois à boulets rouges sur le projet décrié de la « Montagne d’or » en Guyane. Un projet « qui ne nous apparaît pas compatible avec les exigences de préservation de la biodiversité », répète Édouard Philippe. Lors d’un aparté avec les journalistes, François de Rugy s’est montré plus catégorique : « la Montagne d’or ne se fera pas ». Une refonte du Code minier, qualifié « d’obsolète » par le ministre, doit être présentée en décembre.

La prochaine réunion du Conseil de défense écologique est annoncée « pour la mi-juillet ». L’échéance aura donc lieu après l’installation – en juin – de la convention citoyenne pour le climat, conférence qui doit rassembler pendant six mois 150 citoyens tirés au sort. Le calendrier devrait aussi enjamber aussi le Congrès de Versailles.

En attendant, des écologistes comme le sénateur Guillaume Gontard ou l’eurodéputé Guillaume Balas (Génération.s) se désolent de cette multiplication de comités, au nombre qui dépasse la soixantaine. « Des actes vite ! » réclame le sénateur de l’Isère.

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